Haute tension pour la PQ sur le CEB !

Assirvaden, protestant contre le refus du Speaker de lui accorder des interpellations supplémentaires, se fait expulser pour la seconde séance consécutive Les registres d’électeurs de la Commission électorale au cœur d’un mano a mano entre le Leader de l’opposition et le Leader of the House Comme pour ne pas changer, une seule interpellation répondue par Pravind Jugnauth lors de la tranche du PMQT

La dernière partie du Question Time a donné lieu à un scénario inépuisable au sein de l’hémicycle. Pour la deuxième séance consécutive, après celle de vendredi soir, Patrick Assirvaden, député et président du parti Travailliste, a été Ordered Out de l’hémicycle par le Speaker, Sooroojdev Phokeer. Ce dernier n’aurait pas apprécié que le député de l’opposition lui aurait tenu tête suite à un refus pour une interpellation supplémentaire sur le dossier de la capacité de génération électrique du Central Electricity Board (CEB) relevant de l’arrêt de la centrale thermique à charbon, Terragen, dans le Nord.  Le  Road Traffic (Amendment) Act 2019 (Amendment) Bill avec des amendes allant de Rs 5 000 à Rs 75 000 pour conduite sous l’influence de la drogue a également été voté lors de la séance d’hier.

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De son côté, répondant à la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, et à l’unique PQ du Prime Minister’s Question Time, le Leader of the House, Pravind Jugnauth, n’a pu reléguer au second plan ses pointes de nervosité, en particulier sur le volet du Removal du Slovaque, Peter Uricek. Par contre, le ministre des Arts et de la Culture, Avinash Teeluck, a eu pour son compte sur la question du Hadj à Rs 300 000, notamment suite à des supplémentaires des députés de l’opposition, Osman Mahomed, Reza Uteem, Aadil Ameer Meea ou encore Eshan Juman.

Vers la fin de la tranche du Question Time, Patrick Assirvaden voulait conclure avec une série de piques et de pointes sur les projections de génération d’électrique par le CEB avec la marge de sécurité suite à la fermeture de la centrale à charbon de Terragen. Mais Sooroojdev Phokeer avait déjà pris la décision de mettre un terme aux échanges même si cette fois, il n’a pas dit que  « the question has been sufficiently canvassed ».

Le Speaker s’est montré intraitable devant les protestations du député Assirvaden affirmant que cette affaire du CEB relève d’une importance d’intérêt national et qu’il n’était pas question de politique politicaille. Il a souligné que le député doit maîtriser le contenu des Standing Orders et il ne peut pas continuellement se bagarrer avec la Chair.

« It does not matter. If you don’t know the standing order, it’s not my problem. Vous ne pouvez vous disputer avec la présidence. I’ll order you out. You can’t go on fighting with the Speaker. Je vous demande d’évacuer l’hémicycle. C’est ma décision », lâche Sooroojdev Phokeer malgré les protestations d’Arvin Boolell, de Rajesh Bhagwan et d’Arianne Navarre-Marie.

Devant le temps que prenait Patrick Assirvaden pour ramasser ses effets personnels, le Speaker devait difficilement cacher son énervement. « This is what he wanted. Sit down and take the whole time of Parliament until the honourable minister (sic) withdraws from the chamber », dit-il en ajoutant  « take your time, sir, and then you will go and say you don’t know why you were asked to withdraw ». Le Speaker a aussi indiqué qu’il  a eu l’occasion d’attirer  l’attention du parlementaire sur son comportement depuis le matin mais en vain.

Auparavant, le ministre des Utilités publiques, Joe Lesjongard, a donné la garantie à la Chambre et au pays qu’il n’y avait rien à craindre pour la fourniture d’énergie électrique jusqu’à la fin de l’année avec la réduction des 65 MW de Terragen. Il a fait comprendre que le CEB réaménage le calendrier de maintenance des centrales thermiques en hiver pour parer à toute éventualité.

À une interpellation supplémentaire de Rajesh Bhagwan, le ministre a révélé que le coût de production d’une unité à la centrale thermique à gaz de Nicolay est de Rs 15. « Since the 29th of April, not a single day, not a single hour, not a single minute, not a single second, did the CEB has recourse to the gas turbine at Nicolay station », s’enorgueillit le ministre.

Par ailleurs, la réponse liminaire du Premier ministre à la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a représenté un marathon oral, prenant fin juste avant midi. De ce fait, le Speaker a dû allouer sept minutes additionnelles pour les supplémentaires. Pravind Jugnauth est revenu dans les moindres détails sur les dispositions de la loi en ce qui concerne les procédures d’enregistrement des électeurs ou encore le droit de vote des citoyens du Commonwealth résidant à Maurice pendant au moins deux ans au préalable. À ce propos, il précisera que 838 citoyens du Commonwealth ont été enregistrés, contre 716 en 2014.

Pravind Jugnauth concède que la meilleure manière de contourner le problème de l’enregistrement des électeurs serait d’ouvrir cet exercice jusqu’à la publication du Writ des élections. « Toutefois, nous considérons qu’on ne peut traiter ce problème de manière fragmentaire et isolée. We would prefer a more holistic approach that will encompass other fundamental changes needed to our electoral system and to which the government stands committed », ajoute-t-il.

Par ailleurs, le Premier ministre a expliqué que la State Informatics Ltd est un IT Solution Provider au bureau du commissaire électoral depuis 1993.Toutefois, poursuit-il, à compter de 2014, lorsque des ordinateurs utilisant Windows 7 ont été installés, « on a constaté que l’application ne fonctionnait pas convenablement ». Aussi, dans ces circonstances, le commissaire électoral avait demandé à SIL d’y remédier.

Ainsi, le Central Informatics Bureau a souligné la nécessité d’investir dans les dernières technologies afin d’améliorer le système et « to take advantage of new features and services ». Un Due Diligence Report, engageant plusieurs institutions, avait ainsi recommandé que les propositions de SIL soient retenues et que le système soit revu. « The software is installed in a secured area network. The system can only be accessed through a dedicated login and password », s’est-il évertué à indiquer.

Pour le Premier ministre, les dispositions constitutionnelles ont « stood the test of time » et « bien servi le pays en procurant une stabilité politique et sociale ». Depuis l’indépendance, de son avis, ce système a permis d’avoir « des résultats crédibles et des élections libres et équitables reconnues sur le plan international » et a contribué que Maurice soit reconnue comme étant pleinement démocratique. « Toutefois, n’importe quelle proposition doit être vue dans le cadre plus large d’une réforme électorale », avance-t-il.

En ouverture au volet des supplémentaires, Xavier-Luc Duval a estimé qu’à la suite de « vives inquiétudes » exprimées par la population et face aux « anomalies » relevées, il n’y a « aucune volonté politique d’apporter des améliorations ». Il rappelle que Maurice compte quelque 30 000 travailleurs du Commonwealth. « Or, des pays comme l’Inde, les Seychelles, l’Afrique du Sud et les Maldives ne permettent pas aux étrangers de voter lors de leurs élections générales », dit-il. Il s’est ainsi demandé pourquoi Maurice, où les élus obtiennent une majorité restreinte dans chaque circonscription, ne suit pas l’exemple de ces pays.

Le Premier ministre a tout d’abord trouvé que « les inquiétudes ne viennent pas de la population, mais des membres de l’opposition. Les partis de l’opposition ont entré des pétitions en Cour suprême pour contester et faire toutes sortes d’allégations, et même fait des allégations contre le commissaire électoral et l’Electoral Supervisory Commission, qui ont contribué à faire que le processus électoral adopté à Maurice soit reconnu largement dans le monde. De plus, pas mal de pays veulent s’inspirer de notre système. »

Pravind Jugnauth a ensuite cité les pétitions ayant été rejetées par la cour « parce que trop frivoles ». En Grande-Bretagne, laisse-t-il entendre par ailleurs, les citoyens du Commonwealth peuvent voter « sans aucune limite concernant la période de résidence ». Il affirme d’ailleurs avoir personnellement eu l’occasion de voter, que ce soit pour les élections générales ou les régionales, alors qu’il était étudiant en Angleterre.

Xavier-Luc Duval est revenu à la charge en expliquant que des travailleurs étrangers à Maurice « sont pauvres et sont disposés à être influencés, achetés ou menacés. Donc, vulnérables et peuvent être achetés et vendus ». Aussi demande-t-il que seuls soient autorisés à voter les Mauriciens et les étrangers ayant résidé dans l’île pendant au moins cinq ans.

En réponse, Pravind Jugnauth a accusé le leader de l’opposition de « continuer de faire des allégations », tout en rappelant que l’opposition n’avait pas été en mesure de soutenir ses accusations en Cour. « Ici, ils peuvent dire n’importe quoi, et sur une caisse de savon. Mais devant la Cour suprême, ils ne peuvent dire n’importe quoi, car il faut analyser les preuves», s’insurge-t-il.

À ce moment-là, Reza Uteem est intervenu pour rappeler qu’il y a encore deux pétitions devant la Cour suprême, et que le Premier ministre « a tort de faire des commentaires » sur des sujets étant subjudice.

Le Speaker a alors interrompu les échanges en affirmant que le Premier ministre « n’est pas subjudice car il n’évoque pas une affaire précise ».

Prenant la balle au bond, Pravind Jugnauth a accusé Reza Uteem de ne faire de commentaires que pour l’interrompre, tout en disant ne citer que les cas des pétitions rejetées par la Cour suprême, et qui ont été jugées. « Je ne parle pas de pétitions qu’ils ont retirées, la queue entre les jambes », lance-t-il.

Speaker : « Prime minister, continue your reply ! »

Après quoi Pravind Jugnauth a précisé le nombre d’étrangers qui travaillent à Maurice depuis des années, tout en faisant comprendre que seuls les travailleurs étrangers éligibles ont été enregistrés et ont voté. « Je suis ouvert à toutes sortes de propositions ou de suggestions. Mais elles doivent être vues dans le cadre du contexte général de la réforme électorale » estime-t-il.

À la suite de quoi Xavier-Luc Duval a rétorqué que le défunt Soopramanien Kistnen, l’ex-agent MSM assassiné avait « une histoire différente à raconter » concernant les Bangladeshis.

Le Premier ministre ne partage pas l’avis du leader de l’opposition sur le caractère désuet de l’enregistrement des lecteurs par la formule de porte-à-porte. Tout en affirmant que les Canvassers de la Commission électorale sont en contact avec 300 000 familles chaque année, il fera ressortir que  « le porte-à-porte est un moyen de donner plus de possibilités de capter un maximum de personnes pour la liste d’électeurs ».

L’ultime interpellation supplémentaire était axée sur les anomalies de la liste des électeurs pour le scrutin du 7 novembre 2019. « Entre 2014 et 2019, il n’y a eu que 4 700 nouveaux électeurs. Alors que les statistiques démontrent que 43 000 personnes manquent à la liste. » De plus, dit-il, la liste de 2020 comprend 20 000 noms additionnels. « Si le Premier ministre décide d’instituer un Select Committee, l’opposition y participera pour voir toutes ces questions, qui sont au-dessus de toute politicaille » propose-t-il.

De son côté, Pravind Jugnauth affirme qu’il y a eu une augmentation du nombre d’électeurs entre 2019 et 2020, de 941 719 à 761 062 citant toutefois plusieurs cas dans le passé, soit de 1997 à 1998, 2006 à 2007 ou encore de 2009 à 2010 où on a constaté une baisse d’une année à l’autre. « Le leader de l’opposition trouve anormal que ce soit le contraire qui se soit produit en 2019, avec une augmentation du nombre d’électeurs. C’est le monde à l’envers », constate-t-il. Tout en demandant alors comment, durant plusieurs années, une diminution du nombre d’électeurs a été constatée.

« Il faut voir les raisons de cette baisse », a alors lancé le leader de l’opposition, avant d’être interrompu par le Speaker, soutenant  que « time is over by 7 minutes ».

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