N’était-ce l’initiative d’Immedia avec le soutien de la mairie de PortLouis, la disparition d’Edouard Maunick, notre poète national, aurait été ponctuée de seulement quelques hommages rendus çà et là dans les médias. Cela aurait été un manque d’égard et de reconnaissance à l’immense talent de cet homme de lettres.
Fort heureusement, Immedia, à qui l’on doit le Prix de Poésie Edouard Maunick, s’est fait un devoir de rendre hommage au défunt poète à la mairie le 27 octobre dernier.
Peut-on s’attendre à un hommage national de la part de l’État à Edouard Maunick ? Comme le font d’ailleurs pour leurs défunts artistes les plus renommés, les pays qui considèrent l’art et la culture comme des éléments incontournables de tout projet de société. On pense ici notamment à l’hommage rendu récemment par le Président Macron à Jean Paul Belmondo, qui était un talentueux acteur, et populaire de surcroît.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire – dans les strictes conditions sanitaires, bien entendu – compte tenu de l’envergure d’Edouard Maunick dans l’espace franco phone, entre autres.
Cet hommage pluriel rendu à Edouard Maunick à Port-Louis a tenu toutes ses promesses. Dans son mot d’accueil, le Lord Maire Cadersaib a précisé que Edouard Maunick fut aussi bibliothécaire à la mairie avant de partir vers l’aventure à Paris. Il remercia Françoise Guinchard, compagne du poète, pour le don de la collection personnelle de recueils d’Edouard Maunick, et Rama Poonoosamy pour l’effigie en verre du poète à la bibliothèque.
Présidant cette fonction, le directeur d’Immedia devait faire sourire l’auditoire en rappelant d’abord que le jeune Edouard, à la demande de Yousouf Damoo, avait animé des radio-crochets au Jardin de la Compagnie. Et ensuite en comptant l’épisode cocasse de la ‘découverte’ du nom du poète dans le Petit Larousse en sa présence en 2004. La sœur du poète Marie Maunick fit un témoignage émouvant de Perth, alors que Françoise Guinchard devait dire qu’Edouard Maunick était quelqu’un qui respectait toute personne par-delà toute position sociale ou hiérarchique. Elle ajouta qu’il avait beaucoup d’humour et était d’une grande culture. Ceux et celles présents ont pu apprécier la dimension internationale de notre poète national. Les interventions de Cassam Uteem et de Jean Claude de l’Estrac ont également marqué les esprits. Chacun, selon un style qui lui est propre, a rendu un touchant hommage au poète en puisant de son œuvre, de ses amis écrivains, des personnalités publiques qu’il a côtoyées à travers les continents. On peine à croire que ces deux-là étaient des politiciens locaux tant ils sont pétris de culture et ont le verbe juste ! On nous a habitués à autre chose ces dernières années.
On se doit de célébrer les personnalités ayant marqué l’histoire du pays dans tous les domaines, y compris culturels et artistiques ! On le doit aux enfants mauriciens, à l’avenir même de notre pays. Cette reconnaissance, plus que tout autre, contribue à forger une véritable identité mauricienne. Sur le plan des interventions de l’assistance d’une soixantaine de personnes en raison du protocole sanitaire, on pourrait retenir celle de Kavinien Karupudayyan, qui a évoqué le tendre hommage de Pierre Renaud à Edouard Maunick, et les propos d’Yvan Martial, qui a souligné toute la détermination du poète à réussir, sans complexe. « Lavi bann poem Edouard Maunick pli for ki so lamor. »