BUDGET ET LOGEMENT : La grande déception à Agalega

Des Agaléens amers : « Devenir propriétaire de notre maison est encore un rêve »

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Mise en quarantaine d’une soixantaine d’Agaléens avant leur départ le 15 juin vers leur terre natale

Alors que la question du logement fait à nouveau débat à la suite de la démolition des maisonnettes des squatters dans plusieurs endroits du pays, les Agaléens s’attendaient à obtenir une réponse concrète dans le discours du budget à leurs revendications pour devenir enfin propriétaires des maisonnettes où ils habitent et du terrain.

« Nou finn fatige demann a tou minis ki finn responsab dosie Agalega donn nou enn kontra lakaz. Nou ti krwar ki nou ti pou gagn enn soulazman me nou pa finn tan nanye dan sa bidze-la », réagissent sur un ton d’amertume des habitants de l’archipel. Et pour cause ! Les maisonnettes à Agalega ont été construites par l’Outer Islands Development Corporation (OIDC), l’administrateur de l’archipel. Les résidents paient une location annuelle pour le terrain, mais ils ont toujours souhaité devenir propriétaires de leur logement. La régularisation de leur situation par rapport au logement est le principal souci des familles dans l’île. « Nou lespri pa trankil tan ki nou pa gagn bann papie legal ki montre ki lakaz kot nou pe reste li pou nou e ki li pou vinn pou nou zanfan kan bondie apel nou enn zour », confie un père de famille.

Rien qu’une ligne concernant l’archipel d’Agalega dans le discours du budget porte sur L’Outer Islands. Ainsi, il est dit que l’OIDC sera restructurée et que cette nouvelle institution préparera un plan de développement économique pour Agalega. 
« Enn ti lalign selman pou Agalega ! Comment ne pas être déçus et en colère ? L’an dernier, on avait annoncé un projet de construction de 50 maisonnettes, mais ce projet n’a jamais été enclenché. Et cette fois, c’est le silence total concernant le logement », constatent des habitants. « Est-ce que ces 50 maisonnettes promises l’an dernier vont être construites ? » se demandent, pour leur part, de jeunes couples qui vivent pour l’heure chez leurs parents et qui avaient l’espoir d’avoir enfin un toit à eux. « Nous avons des enfants et la maison de nos parents est trop petite pour deux familles », témoignent ces jeunes parents.

Les habitants se disent prêts à contribuer pour l’obtention d’un logement à leur nom et dans lequel ils ont vécu pendant plus de 20 ans. Ils ne veulent pas croire que leur revendication de devenir propriétaires n’aboutirait jamais parce qu’ils attendent depuis longtemps. « Eski li enn rev kan nou pe dir donn nou enn kontra lakaz ? » s’interroge une autre habitante. « Nou kouma dir bann squater dan nou prop zil », ajoutent d’autres.
Tous les ministres et autres personnalités politiques qui ont visité l’archipel ces quinze dernières années ont été informés de cette principale préoccupation des habitants et ont promis à ces derniers qu’ils discuteront avec les autorités concernées à Maurice pour « régler au plus vite leur problème ».

L’Association Les Amis d’Agalega qui milite en faveur des droits des Agaléens dans leur île natale et pour ceux qui ont choisi de vivre à Maurice est, elle, aussi très déçue en prenant connaissance du discours du budget. « Cette mention d’Agalega dans le discours du budget n’apporte rien de nouveau. Ce n’est pas un scoop lorsque le ministre des Finances dit l’intention du gouvernement de restructurer l’OIDC et de préparer un plan de développement économique pour Agalega, mais il n’y a aucune indication sur la mise en œuvre de ces projets », réagit Laval Soopramanien, président de cette association. « Depi lontan nou pe lite pou ki bann Agaleen gagn enn kontra lakaz epena nanye lor sa kestion la dan bidze », déplore-t-il.

Par ailleurs, les habitants d’Agalega sont heureux, disent-ils, de retrouver prochainement leurs proches bloqués à Maurice durant la période de confinement. En effet, une soixantaine de résidents seront à bord du MV Trochetia qui quittera Port Louis le 15 juin. Toutefois, dans un souci de protéger la population contre la Covid-19, les habitants ont insisté auprès des autorités pour placer ces personnes en quarantaine pendant 14 jours avant qu’ils ne débarquent sur l’île. Les habitants ont fait alors une requête en ce sens au ministère de la Santé et à l’OIDC durant la semaine écoulée. « L’archipel d’Agalega a été bien protégé jusqu’ici du coronavirus parce que la population a respecté les mesures très strictes prises par l’administration pour éviter tout cas de contamination chez nous », déclarent au Mauricien avec une note de satisfaction plusieurs habitants. Mais ces derniers font ressortir que le virus n’a pas disparu et que la pandémie continue à faire des ravages dans certains pays. D’où cette proposition de mise en quarantaine des personnes qui débarqueront sur l’île bientôt. Soit avant d’embarquer sur le bateau, soit à l’arrivée dans l’île et à bord du bateau. À souligner que l’OIDC n’a pas de lieu spécifique pour placer des personnes en quarantaine. D’où la proposition des habitants de garder les passagers sur le bateau au cas où ils n’auraient pas été isolés à Maurice.

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