- Olivier Bancoult accuse les Britanniques d’utiliser les Maldives pour se plaindre
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a exprimé hier sa détermination de ne pas reculer dans la lutte en vue de permettre à la République de Maurice d’exercer sa souveraineté sur l’archipel des Chagos. C’était lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier de travail consultatif sur la sauvegarde, la transmission et la promotion du Sega Tambour Chagos, au centre Lisette Talatte, à Pointe-aux-Sables. « Mon objectif est qu’un jour nous soyons aux Chagos, et nous jouerons du Sega Tambour là-bas ! » a-t-il dit. Pour sa part, Olivier Bancoult a affirmé qu’il ne se laissera pas tenter par les Rs 40 millions que les autorités britanniques ont fait miroiter, avant d’accuser les Britanniques d’utiliser les Maldives « pour se plaindre ».
Dans son intervention, le Premier ministre est revenu sur les moments sombres de l’histoire de la République, en particulier le déracinement du peuple des Chagos, qui ont été « enlevés de force » de leurs îles natales pour être ensuite « abandonnés sur les quais de Port-Louis ». Il a ainsi rappelé la lutte menée par le gouvernement, qui a débouché sur le jugement de la Cour internationale de Justice, « qui n’est pas uniquement une Advisory Opinion, parce que les juges ont dit à l’unanimité que les Britanniques ont violé la loi internationale et qu’ils occupent les Chagos illégalement, leur disant qu’ils doivent rendre les Chagos au plus vite à la République de Maurice ». Il déplore ainsi : « Ziska zordi, bann Angle pa pe respekte sa desizion-la, en complicité avec les Américains. »
Pravind Jugnauth a dans le même souffle fait une sortie contre le « double langage » utilisé par ces deux grandes puissances. « On n’a qu’à les entendre parler sur la scène internationale. Ils donnent des leçons aux autres pays concernant le respect des institutions internationales et critiquent les autres pays par rapport aux Droits de l’Homme. Ce sont des champions qui ont un double langage. Voyez ce qu’ils ont fait avec les Chagossiens et les Chagos ! Ce sont des hypocrites. Ils devraient avoir honte de parler des droits de l’Homme et du respect des institutions internationales. C’est une honte lorsqu’ils prennent la parole aux Nations unies pour faire la leçon à tout le monde. Nous poursuivrons notre combat, qui est juste et qui bénéficie du soutien de la majorité des pays du monde. Malgré les forces occultes qui essaieront de nous déstabiliser, nous ne reculerons pas ! » a dit Pravind Jugnauth .
Le Premier ministre a aussi rappelé que l’objectif du gouvernement est « d’être un jour aux Chagos ». Il poursuit : « Nous jouerons le Sega Tambour là-bas. Vous connaissez la détermination de sir Anerood Jugnauth ! Nos efforts ont donné des résultats. Aujourd’hui, sur les cartes du monde, nous pouvons voir que les Chagos sont un territoire mauricien. Il nous faut continuer à lutter ensemble. Ne vous laissez pas influencer par ceux qui croient qu’ils vivent encore sous l’empire colonial. »
Il a également saisi l’occasion pour affirmer son appréciation des propos d’Olivier Bancoult, qui affirme qu’il n’est pas à vendre. « Nous luttons parce que les Britanniques ont volé notre territoire et qu’ils doivent nous le rendre », poursuit-il, tout en réitérant que « ceux qui se laissent influencer ne savent pas le tort qu’ils font à la République ».
Pour sa part, le leader du Groupe Réfugiés Chagos, Olivier Bancoult, a observé que les Chagossiens et le gouvernement ont travaillé ensemble, « non seulement au niveau de la Cour internationale de justice, mais ont aussi accompli un parcours important pour donner à la culture chagossienne une dimension internationale à travers la reconnaissance de l’Unesco, qui a considéré le Sega Tambour Chagos comme un patrimoine devant être préservé ». Il rappelle ensuite qu’il s’est lancé dans la lutte chagossienne sous l’encouragement de ma mère, qui n’est aujourd’hui plus là. « Cela fait plus que 37 ans que je suis dans cette lutte et Rs 40 M ne me ferons pas peur. Mo pale 40 miyon. Seki pli inportan, se mo dignite an tan ketr imin. Mo pa pou vande ! »
Olivier Bancoult a ensuite à son tour critiqué le gouvernement britannique, qui veut « embêter les Chagossiens en les invitant à faire une petite visite » dans l’archipel. « Belongers are not visitors », a-t-il lancé, estimant que les Chagossiens « ne peuvent être des visiteurs dans leurs propres maisons ». Et de déplorer que malgré le jugement de la Cour internationale de Justice et la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, les Britanniques « utilisent d’autres pays, comme les Maldives, pour se plaindre ». Il poursuit : « Nous connaissons le rôle joué par les Maldives. Nous savons qui sont les six pays ayant voté contre nous, dont les Maldives. Or, ensemble, avec Maurice, il y a la souffrance d’une population qui a été déracinée depuis ses terres. Nou pa pou kile. Pa les nou tranp dan bann fos promes ! »
Le ministre de la Culture, Avinash Teeluck, a pour sa part rappelé qu’il a commencé sa carrière comme ministre avec la victoire remportée à l’Unesco concernant l’inscription du Sega Tambour Chagos dans la liste de patrimoines intangibles.
De son côté, Anand Ramchurn a estimé qu’il « revient à tout le pays de protéger le patrimoine culturel intangible, dont le Sega Tambour Chagos, Geet-Gawai et le sega typique ». Selon ce dernier, la réunion consultative sur la sauvegarde, la transmission et la promotion du Sega Tambour Chagos a pour but de protéger ce patrimoine. « À ce titre, l’atelier de travail doit permettre de relever les obstacles et les barrières qui existent et de voir comment les surmonter pour protéger et transmettre le Sega Tambour Chagos qui, comme l’a souligné le Premier ministre, est né avec l’esclavage, et qui fait partie de l’identité culturelle de notre pays, ensemble avec le sega typique mauricien et Geet-Gawai, qui sont inscrits sur la liste intangible du patrimoine culturel en danger de l’Unesco. »
La cérémonie, à laquelle participaient également sir Anerood Jugnauth et Lady Jugnauth, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha, a également permis au Premier ministre de remettre un trophée à Mimose Furcy, une des pionnières du Sega Tambour Chagos. Le Tambour Chagos Group et Zen Zeneration Chagossian Group ont donné un aperçu très apprécié de cette musique typique chagossienne.