CJV: Alex Boraine exhorte le PM à mettre en oeuvre les recommandations

Le président de la Commission Justice et Vérité, Alex Boraine, qui a soumis ce matin son rapport final au président de la République sir Anerood Jugnauth, a exhorté le Premier ministre Navin Ramgoolam à mettre en application les recommandations qui ont été formulées. M. Boraine, qui animait une conférence de presse en compagnie des membres de la Commission, a expliqué que ces recommandations sont vitales tant pour la santé du pays que pour la justice sociale.
La soumission du rapport fait suite à deux ans de travaux qui ont permis à la commission d’entendre les témoignages de plusieurs centaines de personnes lors des auditions publiques ou privées. L’attribution principale de la Commission consistait à faire une évaluation des conséquences de l’esclavage et de l’engagisme de la période coloniale à nos jours et de faire un rapport complet sur ses activités, des découvertes sur la base des informations et des preuves objectives et factuelles. Alex Boraine observe que le rapport est le premier du genre à être réalisé sur les conséquences de l’esclavage. Il a rappelé que les États-Unis ont jusqu’ici refusé de préparer un tel rapport, alors qu’aucun pays africain, bien que le Continent Noir ait été le plus affecté par la traite des esclaves, ne s’est encore aventuré à faire une étude approfondie sur la question. M Boraine s’est dit satisfait que les travaux de la commission constituent de la manière la plus proche possible un miroir de la situation de la population et démontrent comment une partie de la population a bénéficié de l’esclavage et de l’engagisme alors qu’une autre partie a été “left behind”.
Le rapport comprend six volumes totalisant 2 800 pages ainsi que deux DVD contenant des documents audiovisuels. M. Boraine fait comprendre qu’aussi longtemps que le président de la République n’a pas déposé le document sur la table de l’Assemblée nationale, ce qui devrait être fait dans un délai d’un mois, aucune information contenue dans le rapport ne peut être rendue publique.
Au fil des questions, M. Boraine a donné une idée de la ligne suivie par les membres de la commission, reconnaissant qu’il y a un problème dans la répartition des terres. Mais tenant compte de la période d’abolition de l’esclavage à nos jours, il a fait comprendre que cela constitue une question très complexe à traiter et que deux ans ne suffisent pas pour entrer dans tous les détails.
Tous les commissaires présents ont été unanimes à dire que la publication du rapport « is the end of the journey for the commission but the beginning of a new chapter for Mauritius ». Il reviendrait maintenant au gouvernement, au secteur privé et aux ONG de prendre possession du rapport et de s’assurer qu’il soit rendu public.
La vice-présidente de la commission, Vijaya Teelock, a estimé que les recommandations du rapport aideront à améliorer la qualité de la vie en général, à commencer par les plus démunis. Pour Parmaseeven Veerapen, l’étude des conséquences de l’engagisme et de l’esclavage dans le monde moderne a une portée historique. Benjamin Moutou a souligné que c’est la première fois, dans les annales de l’histoire de Maurice, qu’un comité de haut niveau se penche sur le sort des descendants des esclaves et des travailleurs engagés, de grandes communautés du pays.
Jacques David a, pour sa part, remercié la presse pour son soutien et surtout Alex Boraine pour le travail abattu.
Tous les documents recueillis par la commission pendant ses travaux seront remis aux archives de Maurice et à d’autres institutions comme l’Université de Maurice pour être consultés par le public. Les documents les plus sensibles seront remis au bureau du Premier ministre. Vijaya Teelock a expliqué que certains documents endommagés par le temps ont été convertis en documents digitaux. Cela concerne certains documents en provenance des archives et de l’Évêché de Port-Louis.
Alex Boraine regagnera bientôt l’Afrique du Sud. Prenant en considération sa santé, il a affirmé qu’il ne compte pas entreprendre des travaux majeurs mais serait prêt à accueillir en Afrique du Sud tous ceux qui ont besoin de ses conseils et de son aide.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -