ENQUÊTE JUDICIAIRE | Décès de Soopramanien Kistnen – Le mystère de La-Louise du vendredi 16 octobre s’épaissit

La victime localisée pour la dernière fois dans les parages d’Intermart de Quatre-Bornes

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Un dernier SMS provenant de Koomada Sawmynaden reçu à 17h50, alors qu’il était toujours à Quatre-Bornes

Le neveu de la victime : « Mo tonton ti pe atann enn som Rs 14 M vandredi-la »

Les avocats dans cette affaire sollicitent et obtiennent la protection policière

L’enquête judiciaire pour faire la lumière sur le meurtre présumé de Soopramanien Kistnen s’est poursuivie hier au tribunal de Moka avec l’audition des représentants de Mauritius Telecom ainsi que du neveu de la victime. Raj Gobin, ingénieur chez Mauritius Telecom, a ainsi donné plus de détails sur les appels et textos reçus sur les deux téléphones portables de Soopramanien Kistnen le jour de sa disparition, le 16 octobre. Il ressort ainsi que le dernier SMS avait été localisé par l’antenne relais se situant à l’Intermart de Quatre-Bornes à 17h50. Par ailleurs, selon le témoin, la victime avait débuté sa journée à 9h15 aux alentours de l’Université de Maurice.  Avec les détails versés dans le dossier du tribunal de Moka, le mystère de La-Louise du vendredi 16 octobre ne fait que s’épaissir.

Grâce aux relevés des appels et messages sur les deux Sim Cards”- de Soopramanien Kistnen, l’itinéraire de la victime a pu être établi pour le jour de sa disparition, soit le vendredi 16 octobre dernier. Deux documents, d’une centaine de pages, ont été produits. Ainsi, l’ingénieur de Mauritius Telecom appelé à la barre des témoins a fait ressortir que, selon les appels et messages que la victime avait reçus ce jour-là, sa journée avait débuté à 9h15 aux alentours de l’Université de Maurice, et ce, jusqu’à 11h05. Par la suite, il a été localisé à l‘Hennessy Park, à Ébène, avant de poursuivre son trajet en passant par Ébène et Rose-Hill, pour finalement atterrir à Quatre-Bornes.

Le témoin a concédé que pour qu’un appel puisse être relayé par l’antenne relais, il est impératif que le téléphone soit allumé et connecté au réseau. Ainsi, dit-il, l’antenne relais peut capter jusqu’à un kilomètre dans les régions urbaines, et entre deux et trois km dans les régions rurales. L’ingénieur explique qu’entre 13h26 et 17h50 le jour de la disparition de la victime, tous les appels et messages que celle-ci avait reçus sur ses deux Sim Cards avaient été relayés par les antennes relais se situant dans la région de St Jean Road et Quatre-Bornes. Appelé à donner plus de précisions par l’avocat du bureau du DPP, Me Azam Neerooa, Raj Gobin a soutenu qu’à 17h50, la victime se trouvait aux alentours de l’Intermart de Quatre-Bornes, son téléphone ayant en effet été localisé par l’antenne relais se trouvant à Kelvin Court, à l’arrière même du bâtiment du supermarché.

Dernier SMS à 17h50

Ainsi, selon les relevés, son téléphone portable avait été localisé pour la dernière fois à 17h50. Il avait reçu un dernier SMS provenant du numéro de Koomadha Sawmynaden. Par ailleurs, le jour de sa disparition, la victime avait aussi été en contact avec son amie Neha Motee, qui a déjà déposé en Cour. À 14h54 ce jour-là, Soopramanien Kistnen avait reçu un dernier appel sur son autre Sim Card de son amie Neha Motee, appel qui avait duré 31 secondes et avait été localisé dans la région de Quatre-Bornes. À noter que les deux cartes téléphoniques étaient enregistrées au nom de Soopramanien Kistnen.

Lors de ces deux prises de contact, le téléphone de Soopramanien Kistnen était localisé dans la région de Quatre-Bornes. Il a ainsi reçu un appel de cette dernière aux alentours de 14h45. L’ingénieur de Mauritius Telecom a confirmé que les deux cartes de la victime n’avaient pas été utilisées dans d’autres téléphones. Toutefois, si Mauritius Telecom a pu retracer tous les appels et messages de Soopramanien Kistnen du 1er juin au 16 octobre, il lui reste encore à fournir des détails sur l’identité et l’adresse des personnes ayant effectué ces appels et messages. Le représentant de Mauritius Telecom devait expliquer que cet exercice « prendra du temps ». Me Roshi Bhadain, lors de son contre-interrogatoire, a ainsi voulu savoir si les relevés démontrent aussi tous les “successful” et “unsuccessful calls”. Et de demander au témoin de revenir avec ces détails.

Judges Order No 18242020

Auparavant, les avocats des deux parties avaient été pris de court par le représentant de Mauritius Telecom, qui a déclaré que les relevés des deux Sim Cards avaient été remis aux enquêteurs la veille de son audition. Ce qui n’a pas manqué de froisser les hommes de loi. Kiran Omigokhool, le témoin, devait expliquer que le Judges’ Order avait été sollicité par le commissaire de police, d’où la démarche de remettre ces documents aux enquêteurs. Les relevés téléphoniques ont ainsi été remis au caporal Benoit Manoovalloo de la Major Crime Investigation Team (MCIT).

Ce dernier a été appelé à se présenter en Cour avec ces documents. Une fois arrivé, il les a alors produits et a expliqué qu’il s’en servait pour les besoins de l’enquête. « You are here to produce information following Judges’ Order No 18242020. An order had a delay of two weeks. The date of the order is 2nd December, today we are 15th Instead of the Court you gave it to the police. Is your legal department superior to the Supreme court », devait lancer Me Neerooa, qui cherchait des explications sur la décision de remettre les relevés téléphoniques à la police à la veille de l’audience.

LE NEVEU DE LA VICTIME : « Mo tonton ti pe atann enn som Rs 14 M pou vandredi-la »

Le neveu de la victime, Vishal Boodooa, qui habite dans la même cour, et qui dit avoir été toujours « très proche » de son oncle, a aussi été appelé à la barre des témoins. Il a ainsi expliqué qu’il était au courant des affaires de son oncle, et que c’est lui qui avait identifié son corps à l’hôpital. Le témoin a également soutenu être au courant qu’il était en contact avec le ministre Yogida Sawminaden et qu’il préparait des “tenders” pour sa compagnie.

Un autre neveu, qui travaille à Ébène, devait l’aider à préparer les documents, et Vishal Boodooa allait lui remettre ces documents à Ébène. C’est aussi ce même neveu qui avait accompagné les proches sur les lieux où le cadavre de son oncle avait été retrouvé. Répondant aux questions de Me Rama Valayden lors de son contre-interrogatoire, il avait concédé que plusieurs informations qui se trouvaient sur l’ordinateur de son oncle ont été « effacées ».

Me Valayden : Sur son ordinateur, la famille a remarqué que des informations avaient été effacées en externe ?

Le neveu : Enn zour nou ouver, landemin, kan reouver, li nepli la. Seki inn reste nounn met lor pen drive nounn donn lapolis.

Me Valayden : Les deux téléphones que vous aviez retrouvés à Telfair lors de la visite du 6 décembre, vous les avez identifiés comme étant ceux de votre oncle ?

Le neveu : Oui. Ces téléphones lui appartenaient.

(Me Valayden interroge alors le neveu sur une somme d’argent que la victime devait recevoir)

Me Valayden : Étiez-vous au courant que votre oncle attendait une grosse somme d’argent ce vendredi 16 octobre ?

Le neveu : Oui. Il m’avait dit qu’il allait recevoir Rs 14 M en trois tranches.

Me Valayden : Qui lui aurait remis cet argent ?

Le neveu : Il ne me l’a pas dit.

Me Valayden : Avec qui avait-il des négociations ? ki minis ti pe koz ar li ?

Le neveu : Yogida Sawminaden.

Le neveu de Soopramanien Kistnen a aussi indiqué qu’il était au courant que son oncle avait eu une altercation avec le garde du corps du ministre Yogida Sawminaden. Le témoin a aussi soutenu qu’il n’accompagne jamais son oncle à ses rendez-vous, à l’exception d’une fois, où ils s’étaient rendus ensemble à la MauBank, où il avait fait un retrait de Rs 800 000. Ce jour-là, le neveu avait ramené la victime chez lui en voiture, et une trentaine de minutes après, une autre voiture était venue le récupérer.

Il a aussi déclaré en Cour que Soopramanien Kistnen « se disputaient souvent » avec le ministre Yogida Sawmynaden autour de contrats qu’il ne décrochait pas. « Plizier fwa li dir mwa inn perdi kontra par enn de roupi. »

MOTION DE ME VALAYDEN

Les avocats obtiennent la protection policière

Au début de l’audience hier, Me Valayden a attiré l’attention de la magistrate sur le fait que la veille il avait été victime d’un canular sur un site où il était dit que son corps avait été retrouvé dans un champ de canne. Il a ainsi demandé une protection policière, non seulement pour lui, mais aussi pour les autres avocats engagés dans cette affaire. La magistrate a accédé à cette motion.

La Cour a également agréé sa motion pour que le nom de Vinay Appanah soit ajouté à la liste des témoins, car ce dernier a fait publier un communiqué dans lequel il nie certaines choses. L’avocat a fait ressortir que son témoignage « sera utile pour l’enquête judiciaire ».

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