Incendie au Craft Market du Caudan : la piste d’un acte criminel privilégiée!

Erol Labonne, pyrographe au Craft Market : « Nous sommes abasourdis et k.-o. après ce sinistre »

Les enquêteurs de la Fire Investigation Unit (FIU) ont effectué un premier constat au Barkly Wharf, où un incendie a ravagé une partie de l’immeuble dans la nuit de jeudi à vendredi. En collaboration avec des éléments du Scene of Crime Office (SOCO), ils ont effectué des prélèvements dans différents coins.

- Publicité -

Au vu des circonstances du sinistre, les officiers n’écartent pas la piste d’un acte criminel. Ils soupçonnent que le foyer initial du sinistre serait magasin de vêtements. Mais la FIU n’a pas encore confirmé lequel pour le moment.

La rapidité avec laquelle l’incendie s’est propagé laisse également perplexes les pompiers. Les flammes ont en effet gagné le rez-de-chaussée, la mezzanine et les étages en quelques minutes seulement. Sans compter qu’aucun commerce du Craft Market ne laisse de produits à base de feu s’allumer et qu’après le départ des propriétaires, en fin d’après-midi, les agents du Caudan Security effectuent leur ronde pour confirmer si tout est en ordre. Le rez-de-chaussée étant un espace ouvert, les enquêteurs estiment que n’importe qui pouvait y avoir accès.

La police compte avoir recours aux caméras de surveillance du Caudan Waterfront pour essayer d’obtenir des éléments pouvant aider dans le cadre de l’enquête. De plus, les agents de sécurité ayant travaillé en fin d’après-midi jeudi seront bientôt entendus à titre de témoin. Les enquêteurs cherchent à connaître les différentes manœuvres et décisions qui ont été prises lorsque les flammes ont été aperçues. De son côté, le Central Electricity Board (CEB) a également inspecté l’immeuble. Leur premier constat : la possibilité d’un court-circuit est minime.

Par ailleurs, les pompiers étaient toujours à pied d’œuvre au Barkly Wharf à midi hier pour venir à bout de deux dernières poches d’incendie au rez-de-chaussée et au premier étage. Le Mauritius Fire & Rescue Service (MFRS) rassure que la situation est sous contrôle. La FIU devrait soumettre un Interim Report dans une à deux semaines pour expliquer son constat sur le terrain et, surtout, situer des lacunes, tant à leur niveau que par rapport au bâtiment.

Le fait que le système d’alarme anti-incendie n’ait pas été déclenché est en effet un des facteurs mis en avant pour expliquer comment deux employés de Nedcor se sont retrouvés piégés dans leur bureau, au 5e étage. Ces derniers n’ont entendu aucun avertisseur, et ce n’est qu’en apercevant de la fumée dans leur bureau qu’ils ont compris qu’un incendie avait éclaté. L’absence d’escalier de secours à l’extérieur sera aussi prise en compte par la FIU. D’autant qu’il aurait pu y avoir mort d’homme, les victimes étant piégées du fait que le rez-de-chaussée était en feu et qu’il n’y avait aucune issue pour s’enfuir, ne leur laissant que l’espoir d’une aide extérieure. Autant de facteurs que la FIU compte aborder dans son rapport.

De leur côté, les opérateurs ont tout perdu. En témoigne Erol Labonne, pyrographe, anéanti depuis le sinistre. Il est un des premiers à avoir travaillé au Craft Market depuis sa création. « Je suis abasourdi et k.-o. après cet incendie. Je ne peux même pas estimer le montant des pertes pour le moment. C’est le trou noir ! Je vais faire les comptes la tête reposée. Les pertes sont à coup sûr de plus de Rs 100 000. » Comme lui, bon nombre d’entrepreneurs se retrouvent sans travail depuis.

Ce pyrographe dit avoir repris ses activités il y a quelques jours seulement, et que les ventes étaient satisfaisantes. « Nous n’avons pas travaillé pendant plus de 18 mois. Ces derniers temps, des touristes fréquentaient le Craft Market et le business redémarrait lentement. Nou ti ena enn lespwar sa dernye letan-la akoz nou mem ti pe amenn pli boukou touris dan Caudan. » Un espoir qui part maintenant en fumée. Il s’est résigné à laisser travailler la police et les pompiers. « Je ne peux pas rentrer dans mon magasin pour constater les dégâts. Les autorités nous en ont interdit l’accès pour le moment. Alors on attend ! »

Malgré cette situation, Erol Labonne est reconnaissant envers la direction du Caudan Waterfront. « C’est un des rares lieux qui accepte de donner un espace aux artistes pour travailler. »

Kurty Oclou, un autre entrepreneur, propriétaire du magasin Lakaz Ravanne, au Craft Market, est sous le choc. « Les dégâts sont irréparables. J’ai perdu tous mes investissements, estimé entre Rs 250 000 et Rs 275 000. » Il dit avoir appris la nouvelle de l’incendie à travers sa fille jeudi soir. « Toutswit monn vinn Caudan. Pa kapav fer narien. Mo trouv mo magazin pe eklate divan mwa », raconte-il, la gorge nouée par l’émotion.

« Kan monn vini, dife pa ti ankor pran dan mo magazin. Mais apre 30 minit, mo trouv bann vit koumans eklate e dife pe pran dan mo magazin. » Il dit ne pas comprendre pour quelle raison les pompiers n’ont pas tenté de protéger les commerces qui n’avaient pas encore été atteints par les flammes. D’autant, selon lui, qu’à côté de son commerce se trouve un magasin vendant de l’alcool. « Ils auraient dû essayer de protéger cet espace pour empêcher le feu de se propager. »

Dans l’immédiat, cet entrepreneur avance qu’il n’a d’autre choix que d’attendre les conclusions de la FIU. Lui aussi nourrissait l’espoir d’une reprise, même si ce n’est que lundi qu’il a repris ses activités, avec l’arrivée d’un bon nombre de touristes au Caudan Waterfront. Avant l’ouverture des frontières, dit-il, il avait « beaucoup de peine à joindre les deux bouts ». Il ajoute : « Sa lepok-la ti pe travay gramatin pou manz tanto. O kontrer mo fer defet e mo bizin repran loan. Mo dir kitfwa sa lane-la touris pou koumans vini, ti ena enn for tendans. Domaz ! La, down net la ! »

Au Caudan Waterfront hier, l’atmosphère était pesante, notamment du fait de l’interdiction pour le public d’accéder au Barkly Wharf et au Food-Court, qui sont restés fermés. Les Mauriciens et les touristes se sont dès lors rabattus sur les autres commerces, qui fonctionnaient normalement, malgré la présence de la police et des pompiers.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -