La leçon britannique

Il ne faut pas être royaliste pour reconnaître que la cérémonie de couronnement du roi Charles III et de la reine Camilla, le 6 mai dernier, a éclairé le début de cette semaine. Elle a été suivie non seulement en Grande-Bretagne, mais dans de nombreux pays du monde, en particulier dans les pays du Commonwealth, à un moment où plusieurs régions du monde sont déchirées par la guerre. Beaucoup de Mauriciens ont passé toute une partie de l’après-midi de samedi devant leur télévision pour suivre la cérémonie de couronnement, célébrée à l’abbaye de Westminster, et pour voir l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, poser la couronne de Saint Edouard, utilisée depuis 1661, sur la tête de Charles III.

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Cette couronne n’est utilisée qu’une seule fois durant le règne d’un roi ou d’une reine. Elle l’a été pour la dernière fois il y a 70 ans, en 1953, pour le couronnement de feu la reine Elizabeth II. La prestation de serment du roi Charles III et le couronnement de la reine Camilla, et surtout le baisser donné par le prince héritier, William, ont été des moments émouvants de cette journée.

La République de Maurice y était représentée par le président Pradeep Roopun et son épouse. La présence de Maurice a été marquée de manière spectaculaire lors du Coronation Concert organisé au Château de Windsor, avec la prestation de Mauritius’s island Voices. La cérémonie de samedi dernier, quoi qu’en disent des critiques, démontre que pour la Grande-Bretagne, la royauté reste encore un symbole d’unité et de fierté nationale. Comme le confiait la haute-commissaire britannique en poste à Maurice, Charlotte Pierre, la royauté représente dans l’imaginaire britannique tout ce qu’il y a de bien. Elle démontre également la riche diversité des régimes politiques qui existent dans le monde.

Maurice, comme beaucoup d’autres pays, a fait le choix de la République, mais continue de garder un lien étroit avec le Royaume-Uni. Le Privy Council fait partie intégrante du judiciaire mauricien et contribue à la bonne réputation de notre système judiciaire. On voit mal un parti politique, quel qu’il soit, tenter de s’en séparer.

Le système Westminstérien reste une source d’inspiration pour la bonne marche de notre démocratie parlementaire et de notre démocratie tout court. Il est intéressant de noter que parmi le million de personnes qui s’étaient rendues à Londres samedi dernier, il y avait aussi des manifestants protestant contre la royauté. Ils ont brandi leurs pancartes “Not my king” au passage du roi et de la reine dans leur carrosse doré. Le plus intéressant est que les officiers de police qui, dans un excès de zèle, ont procédé à l’arrestation de quelques manifestants, ont dû présenter leurs excuses et ont même fait l’objet d’une enquête policière. Une bonne leçon pour Maurice, où les critiques contre le gouvernement peuvent parfois coûter très cher.

Un autre exemple du Westminster System est la remarque faite par le leader de l’opposition britannique, Keir Starmer, qui, lors d’un face-à-face avec le Premier ministre, Rishi Sunak, a affirmé que « I may not agree with what you are saying but I’ll fight for you to say it ». Cette simple déclaration peut nous permettre de mesurer la distance qui nous sépare de la démocratie britannique. Nous avons encore beaucoup à apprendre.

Maurice entretient des relations économiques étroites avec la Grande-Bretagne, qui est un de nos principaux marchés d’exportation et un des principaux marchés touristiques. Ce pays se tient prêt à aider Maurice dans sa transition vers des énergies plus propres et renouvelables. Évidemment, cette bonne relation « is being put to test » avec les négociations bilatérales en cours en vue de permettre à Maurice d’exercer sa pleine souveraineté sur les Chagos.

Au dire du Premier ministre, Pravind Jugnauth, le jugement de l’ITLOS concernant la délimitation du territoire mauricien – qui comprend les Chagos et celui des Maldives –, est venue consolider la position mauricienne. Il démontre de manière incontestable que les Chagos font partie intégrante de la souveraineté mauricienne.
Seul point qui reste à être réglé : le statut de Diego Garcia, où se trouve la base militaire américaine. Olivier Bancoult est venu ajouter son grain de sel en demandant au roi Charles III de présenter ses excuses au nom du gouvernement britannique aux Chagossiens. Espérons que le dénouement dans cette affaire est pour très bientôt.

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