Mois de mai de tous les dangers dans l’OI

Dans les années 70/80, le rêve était de faire de l’océan Indien une zone de paix. Les risques potentiels liés à la Guerre Froide avaient fait craindre le pire dans la région. Sauf qu’au fil des années, avec la transformation dans les relations entre l’Ouest et l’Est, et le Glasnost de Mikhail Gorbatchev, cette urgence s’est estompée.

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Mais ces derniers mois, avec la géopolitique en Mer de Chine, la situation marquée par la rivalité entre l’Inde et la Chine fait monter la tension dans le bassin de l’océan Indien. Ainsi, en marge des consultations engagées entre Londres et Port-Louis au sujet de l’exercice de la souveraineté sur une partie de son territoire, en l’occurrence l’archipel des Chagos, Maurice est vilipendée par des forces politiques occultes que ce soit aux États-Unis ou au Royaume-Uni comme vendue aux Chinois.

Mais la contrepartie des relations étroites entre Port-Louis et New Delhi, et surtout le cadeau du petit frère au grand, sous forme d’installations stratégiques, capables d’accueillir des unités de la marine ou de l’aviation militaire, à Agalega, sont gardés dans la marge.

Cependant, au-delà de cette campagne d’intimidation, croyant pouvoir remettre en question le processus final de décolonisation de la République de Maurice, intervenant 55 ans après, l’océan Indien s’apprête à vivre un mois de mai de tous les dangers. À différents niveaux.

D’abord, dès la fin de cette semaine, la Special Chamber du Tribunal international du Droit de la Mer rendra publics les attendus de son jugement dans le litige opposant Maurice à l’archipel des Maldives au sujet de la délimitation de la frontière maritime au Nord des Chagos, avec les rochers de Blenheim Reef en tant que pivot stratégique.

Sans préjuger de la teneur de cette décision, la position qu’adoptera le Royaume-Uni, qui se présentait comme un allié indéfectible des Maldives dans les objections contre les revendications de Maurice, s’avère être cruciale à suivre. Cela, indépendamment des yeux doux politico-économiques de Londres envers Port-Louis.

Mais l’un des enjeux déterminants, avec l’océan Indien en toile de fond, se jouera à Maurice au tout début de mai. En effet, les États riverains et membres de la Commission des Thons de l’Océan Indien (CTOI) se réuniront à Maurice pour se prononcer sur l’une des richesses communes, la préservation du stock de thons en vue d’assurer la pérennité.

Depuis des années, la sonnette d’alarme a été tirée contre la surpêche avec des licences octroyées par des États riverains à des flottes battant pavillons étrangers, notamment européens. Des appréhensions légitimes sont exprimées de manière forte dans le camp de ceux qui sont en faveur de pratiques de pêche, plus restrictives, en vue de préserver cette richesse naturelle.

De l’autre côté, le risque de pertes d’emploi et de manque à gagner sur le plan économique, avec la mise à l’arrêt des activités de l’économie bleue, est brandi pour mettre en garde contre l’adoption de mesures plus drastiques.

Après la décision de Mombassa de février, la réunion de Maurice de mai se présente comme la plateforme susceptible de réconcilier les inquiétudes en tous genres en vue de prévenir contre le danger d’un éventuel épuisement irrémédiable dans l’océan Indien de stocks de thons.

Les protagonistes, qui seront réunis pour la réunion de Maurice ne sont pas des cowboys de l’océan Indien mais des délégations appuyées par des scientifiques chevronnés et des politiques avec un vocabulaire de bon sens pour sauvegarder un patrimoine commun et universel.

Toutefois, dans la conjoncture, un danger plus grave guette cette partie de l’océan Indien. Il y aura bientôt 50 ans de cela qu’est intervenue la séparation de Mayotte de l’archipel des Comores au moment de l’indépendance. Et jusqu’ici, l’Union des Comores refuse de reconnaître la souveraineté de la France sur cette partie de son territoire.

Le Canard Enchaîné dévoilant depuis février les détails de l’opération Wuambushu du gouvernement français et depuis, avec le stationnement de quelque 1 800 policiers et gendarmes à Mayotte pour concrétiser l’expulsion des sans-papiers vers les autres îles de l’archipel des Comores, une situation des plus explosives s’y est développée.

Pourtant, la France et l’Union des Comores font partie de la Commission de l’océan Indien (COI). En plus de cela, le président Azali Assoumani des Comores assure la présidence de l’Union africaine depuis février.

Ces éléments ne constituent-ils pas des arguments suffisamment solides pour éviter que les bruits de bottes ne résonnent dans cette partie de l’océan Indien pour repousser un danger susceptible de diviser des frères dans le vrai sens du terme ?

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