Narye pa efase !

Empruntons ce titre phare du répertoire de Cassiya, le temps de traduire la douleur immense et le traumatisme violent subis par une foule de Mauriciens ce dimanche 13 mars, avec ce nouvel épisode meurtrier de flash floods en date. Et dire que depuis 2008, Maurice connaît ce phénomène climatique. Et dire que depuis peu, nos services météo disposent d’un radar qui serait « l’un des plus sophistiqués actuels, et le plus cher de toute l’Afrique » ! Et dire qu’il y a eu des actions en Cour dans le sillage des inondations meurtrières du 30 mars 2013, qui avaient coûté la vie à 11 Mauriciens. En 2008, déjà, quatre victimes avaient été déplorées.

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Mais de 2008 à aujourd’hui, aucune leçon ne semble avoir été retenue ! Dimanche dernier, il y a tant ceux qui se trouvaient sur les routes que ceux qui étaient chez eux, comme ces habitants de Vallée-des-Prêtres, qui voyaient des voitures flotter (!), et tous ceux qui ont été pris de la même peur panique, où qu’ils se trouvaient. Ceux empruntant les axes routiers de Port-Louis, aux abords du Caudan, se sont retrouvés dans des bassins artificiels, qui avaient capturé plusieurs véhicules.

Ceux qui se trouvaient sur les routes de l’Ouest, du Sud ou au centre du pays, comme dans cet autobus de la compagnie nationale près du cimetière de Saint-Jean, qui a été rapidement englouti, avec ses passagers bloqués à l’intérieur, et qui ont certainement pensé que leur dernière heure était venue. Oui, ils ont été très, très nombreux, ces Mauriciens à craindre pour leur vie, à mesure qu’ils voyaient dévaler des torrents d’eaux devant leurs yeux ébahis. Incrédules d’assister à un tel spectacle, fascinant certes, mais ô combien effrayant !

Nous n’attendons évidemment pas du gouvernement de Pravind Jugnauth qu’il empêche la pluie de tomber, même s’il est le grand patron de la maison Soleil. Mais tout au moins que ses services météo, que les personnes qu’il y a nommées fassent leur travail comme il se doit et délivrent un service adéquat pour que le citoyen lambda se sente protégé, et non livré à lui-même. Comme cela a été le cas pour beaucoup, dimanche dernier, hélas !
Des inondations meurtrières du triste Black Saturday du 30 mars 2013, quand la capitale avait été submergée en quelques minutes par des trombes de pluies et qui avait coûté la vie à 11 de nos compatriotes, à maintenant, malgré les actions légales entreprises par les parents des victimes, dont beaucoup étaient des Bread Earners de leurs familles, peu ou presque rien de concret n’a été réalisé. Pour preuve, cette semaine ponctuée de plusieurs épisodes de grosses pluies qui ont frappé Port-Louis a permis de constater de visu qu’après seulement une dizaine de minutes, les caniveaux débordaient.

Après la mort, la tisane : au lendemain des pluies qui ont ravi la vie du jeune randonneur de Vacoas, Zahiir Ruhomaun, parti se promener avec les siens à Alexandra Falls, et dont le corps sans vie a été retrouvé à Bel-Ombre par les équipes de la GIPM, le maire de Port-Louis et ses techniciens se sont rendus à Vallée-des-Prêtres et ont décidé que des travaux de drains y seraient entrepris. De son côté, Pravind Jugnauth, encadré de nombreux ministres et députés, effectuait un tour d’horizon dans des localités de… la circonscription No. 8 ! À grand renfort d’images et de commentaires dithyrambiques, la MBC a présenté l’événement lors de son JT. Pourtant, dans la profusion d’images et de vidéos qui ont circulé depuis dimanche, on ne se souvient pas de sérieux dégâts causés par les flash floods dans cette région.

On aurait pensé que Pravind Jugnauth aurait convoqué l’actuel lord-maire Mahfooz Cader Saïb, pour lui demander des comptes et des explications quant à l’inexistence de drains dans ce quartier de Port-Louis. Ou qu’il serait parti rendre visite aux parents de Zahiir Ruhomaun… Faut pas rêver, mam.

Ceux durement affligés par ces flash floods autant que ceux qui ont assisté, impuissants et effarés, à la montée des eaux via les images qui circulaient, comprennent et répètent désormais chaque mot de « Narye pa efase ». Tel un refrain traduisant leur condition inéluctable.

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