Pas une plate-forme de convergence

Après le Budget Speech de la fin de journée de vendredi du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, les parlementaires reprennent dès aujourd’hui le chemin de l’hémicycle pour entamer des débats en deuxième lecture. Et ce, pendant les dix prochains jours. Ce marathon budgétaire ne prendra fin qu’avec l’examen en comité des dotations des différents ministères et départements.

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La coïncidence veut que pour le quatrième budget de L’Alliance Morisien, le coup d’envoi de ces débats soit donné à l’occasion de la Journée de l’Environnement. S’il y a un jour où non seulement à Maurice, mais dans le monde entier, l’on n’a d’autre choix que de parler un même et unique langage, c’est bien aujourd’hui.

Les effets dramatiques du changement climatique ne connaissent pas de bornes et ne choisissent pas des régions où sévir. Sévère sécheresse par là. Violentes tempêtes là-bas. Houles sourdes engloutissant des navires. Au cours de ces dernières semaines, l’Océan Indien a témoigné de deux naufrages catastrophiques, avec des pertes de vies humaines, lors de passages de cyclones-monstres.

Si à ce jour, des îles du Sud-Ouest des Mascareignes ont été épargnées, par contre Madagascar et des pays de la côte d’Afrique de l’Est pansent encore les graves dégâts laissés sur le passage de ces cyclones. En Égypte, une récente tempête de sable en plein centre du Caire a constitué un cauchemar incroyable.

Les effets néfastes du changement climatique dans le monde s’apparentent au traumatisme suscité par la pandémie de Covid-19. Rien n’y échappe. Le tout sans prévenir et sans crier gare. Sa ki apel pa get figir. Non ces enquêtes de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), qui n’arrivent même plus à passer le stade des inculpations provisoires.

Néanmoins, les débats sur les propositions budgétaires sont loin de représenter cette plate-forme de convergence, dont le pays a tant besoin pour dégager une stratégie à toute épreuve assurant cette transition climatique. Le ton sera à l’antagonisme non seulement entre ceux occupant les travées en face à face.

Mais encore au sein même de cette majorité gouvernementale ; le Grand Argentier n’est pas né de la dernière pluie pour comprendre que son collègue du Commerce, Soodesh Callichurn, a passé un quart d’heure des plus inconfortables politiquement avec l’annonce de la baisse de Rs 5.10 sur le litre d’essence à la pompe. Alors qu’il y a à peine quelques jours, malgré la pression grandissante en faveur d’une révision à la baisse, cette dernière éventualité était du domaine de l’impossible.

Certes, lors des débats sur le budget, probablement au nom du principe de responsabilité collective, il fera contre mauvaise fortune bon cœur pour soutenir le ministre des Finances. Mais au fond de lui, il portera encore ce ressentiment d’avoir toujours à annoncer des hausses de prix. Pour les baisses, il devra accepter d’assumer le rôle de l’abonné absent.

Il n’est pas le seul. Qu’en est-il des autres membres du Cabinet, dont les projets et dossiers soumis pour l’étape très médiatisée du Budget Policy Dialogue n’ont pas trouvé faveur aux yeux de Renganaden Padayachy et des membres de sa Budget Cell.

Dans leur entourage propre, ces membres du gouvernement font part de leurs griefs. Mais tout au long des débats, surtout en présence de My Honourable Prime Minister, selon la formule consacrée à la Steven Obeegadoo, et comme il a été le cas lors de ces 134 minutes de lecture du budget, vendredi, zot tou pou tap latap ansam.

Dans la conjoncture marquée par des signes, aussi insignifiants soient-ils, allant dans le sens d’un début de campagne menant aux prochaines élections législatives, ils feront bloc face à l’adversaire politique du jour, croyant pouvoir préserver leurs chances individuelles et collectives lors de la prochaine échéance électorale.

La fougue des intervenants des deux côtés de la Chambre sous le signe de la Journée de l’Environnement ne doit nullement occulter l’urgence d’une convergence à tous les niveaux car les effets du changement climatique sont intraitables, pour ne pas dire impitoyables.

Indépendamment du quatrième budget de Renganaden Padayachy, la question, qui demande à être posée demeure: faisons-nous assez à chaque instant pour oser protéger l’environnement, qui ne peut faire l’objet d’aucun troc, mais surtout d’aucun compromis.

L’on apprendra à ses dépens que l’on ne triche pas avec des éléments, qu’ils soient la terre, l’eau, l’air et le feu et surtout que la convergence de ce qui semble, a priori, des contraires, fait le bonheur des hommes.

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