PAUL BÉRENGER: « Un budget décevant face au retour de la crise économique »

Le leader de l’opposition a donné hier le coup d’envoi des débats sur le budget 2012 qu’il a qualifié de décevant face à la crise économique qui est déjà là. Paul Bérenger estime que le budget est décousu et pèche par manque d’imagination, de vision et d’ambition.
L’intervention de Paul Bérenger, qui traditionnellement lance les débats budgétaires, s’est déroulée en présence de la majorité des parlementaires, dont le Premier ministre. D’une durée de quelque 90 minutes, elle s’est effectuée dans un silence religieux avec quelques interruptions et applaudissements, notamment lorsque le leader de l’opposition a exprimé son appréciation pour l’augmentation des allocations allouées aux personnes inopérables à Maurice.
Paul Bérenger a demandé l’annulation de la taxe de 10 sous sur le SMS et le MMS et l’octroi d’une compensation de Rs 330 aux retraités. Le leader de l’opposition a aussi demandé au ministre des Finances de donner les noms des banques qui ont accepté d’accorder un soutien financier aux PME à un taux d’intérêt de 8,5 %. Il a aussi souhaité également que le nom de la compagnie, qui procédera à la pose du câble optique entre Maurice et Rodrigues, soit rendu public.
D’entrée en matière après la pause thé, Paul Bérenger a demandé au gouvernement de mettre fin à l’enfantillage consistant à comparer la situation économique prévalant à Maurice à celle en vigueur dans des pays les plus en difficultés comme la Grèce. « Le Premier ministre a coutume de comparer Maurice à Singapour alors pourquoi ne pas continuer à le faire ? Pourquoi ne pas comparer le pays à l’Inde qui connaît une croissance économique de 8 %, ou avec la Chine qui connaît 9 % de croissance économique. Le Singapour affiche une croissance de plus de 5 %, un déficit budgétaire de 0,3 %, un taux de chômage de 2 % et un taux d’inflation de 4 %. »
Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé de son côté que l’Afrique subsaharienne connaîtrait une croissance de 5 % cette année et plus de 6 % en 2012. « Arrêtons ce badinage qui consiste à nous comparer à la Grèce. La croissance économique à Maurice a été revue à la baisse et sera de 4 % au lieu de 4,2 % comme initialement prévue, alors qu’un pays comme la Tanzanie connaîtra une croissance de 6 % », a fait ressortir Paul Bérenger.
Le leader de l’opposition a aussi critiqué ce qu’il estime être l’absence de cohérence économique du gouvernement de Navin Ramgoolam. « En deux ans, le pays a connu trois ministres des Finances. Le budget ultralibéral de la Banque mondiale présenté par Rama Sithanen avait été accueilli par des applaudissements. L’exercice budgétaire présenté par Pravind Jugnauth, qui a défait ce qu’avait fait Rama Sithanen, a également été applaudi et celui de Xavier-Luc Duval, qui a revu ce qu’avait fait Pravind Jugnauth, a également été accueilli par des applaudissements », a observé Paul Bérenger, estimant que le gouvernement mérite le prix Nobel du « zig-zag ». Le budget 2012 est décousu et désordonné, considère-t-il.
Paul Bérenger a déploré l’absence de chiffres concernant l’investissement direct étranger dans le budget.
De plus, a-t-il dit, aucune mention n’est faite de la roupie forte ou du repo rate, alors que le ministre de l’Industrie a récemment estimé que la roupie forte est une pratique par la Banque de Maurice. « Le ministre des Finances a donné au secteur privé tout ce qu’il a demandé et plus, je doute que la confiance a été rétablie. Il n’y a pas eu le déclic attendu. Je doute que l’investissement privé redémarre », a-t-il dit. Pour lui, le Resilience Fund d’un montant de Rs 7,3 milliards n’est qu’un bluff. Le ministre n’a fait que regrouper les fonds déjà existants. « Le ministre affirme que son budget comprend des mesures pour remettre l’économie sur les rails, boostant la croissance, alors que les prévisions de croissance pour l’année prochaine ont été revues à la baisse à 4 %. Malheureusement la croissance sera moins de 4 % », a-t-il estimé. Avec un tel taux de croissance, le chômage continuera à augmenter en particulier chez les jeunes, a-t-il affirmé, en espérant avoir tort. « L’année 2012 sera dure, il y  aura des entreprises en faillite, des licenciements surtout parmi les petites entreprises. Des mesures courageuses étaient attendues mais ne sont pas venues. Plusieurs éléments contenus dans le projet pour l’emploi des jeunes existent déjà au niveau de la HRDC », a poursuivi Paul Bérenger.
Au chapitre des mesures sociales, le leader de l’opposition considère qu’elles sont décousues et désordonnées. Il a reconnu toutefois que plusieurs mesures sont positives. Il a estimé que le ministre des Finances avait une grande marge de manoeuvre d’autant que le déficit budgétaire sera de l’ordre de 3,8 %. Et Paul Bérenger de déplorer que les retraités ne bénéficient pas de la compensation minimum de Rs 330 et d’estimer que la taxe de 10 sous sur les SMS et les MMS ne rapportera que Rs 130 M, alors que les revenus budgétaires augmenteront de Rs 8 milliards et la TVA rapportera Rs 42 milliards. Il a lancé un appel au gouvernement en vue de la révision de cette taxe. Paul Bérenger s’est également étonné qu’alors que les revenus du gouvernement augmenteront de Rs 8 milliards, le ministre des Finances a annoncé la privatisation des casinos, du Domaine les Pailles, du Lake Point, du Port-Louis Waterfront et le Belle-Mare Tourism Village.
Paul Bérenger a ensuite commenté diverses mesures introduites par le ministre des Finances sur le plan social, en particulier celles concernant l’allégement de la pauvreté et la construction des logements sociaux. Il a accueilli favorablement l’introduction d’une allocation de Rs 200 par unité de logement pour le financement d’un syndic dans les appartements de la NHDC. Le leader de l’opposition a demandé au gouvernement de prendre des mesures pour encourager les syndics qui fonctionnent déjà. Il s’est longuement appesanti sur les mesures introduites pour encourager les PME. Concernant l’allocation de Rs 3 milliards à un taux d’intérêt de 8,5 %, il a observé que les banques participent à ce projet sur une base volontaire et a demandé au ministre de relever les noms des banques qui se sont engagées dans ce projet et les garanties qui seront réclamées. Il a, d’autre part, cité Khalil Elahee qui estime que l’allocation prévue pour le MID est insignifiante. Dans ce contexte,  Paul Bérenger évoque les progrès accomplis aux Maldives dans le domaine du développement durable. Il a trouvé insuffisantes les mesures prévues dans le cadre de la sécurité alimentaire et a aussi déploré le peu d’intérêt manifesté pour le projet Land-based oceanic industry ; « Un retard considérable a été pris. »
Au chapitre énergétique, il a lancé un appel au Premier ministre pour que le projet de réforme de l’industrie cannière soit complété. Alors que l’on parle de traité de non double imposition entre Maurice et l’Inde, le leader de l’opposition s’est demandé comment ce projet pourrait aller de l’avant en l’absence d’un ambassadeur mauricien dans ce pays. M. Bérenger a remercié le ministre des Finances pour avoir augmenté l’allocation prévue pour les personnes inopérables à Maurice. Il a souhaité qu’une attention spéciale soit maintenant accordée aux archives nationales.
Au chapitre de Rodrigues, il a déploré que le budget accordé à l’Assemblée régionale n’ait augmenté que de 2 % contre 11 % pour le budget mauricien. « Alors qu’il y a déjà une tension dans l’île après les mesures introduites par le ministre des Administrations régionales, cette faible augmentation budgétaire ne va pas faciliter les choses », a déclaré le leader de l’opposition. Il a salué la décision du câble sous-marin pour la communication entre Maurice et La Réunion, mais a souhaité que le nom de la compagnie qui procédera à son installation soit rendu public.
Pour conclure, Paul Bérenger a rappelé que l’année prochaine sera plus dure. « Cependant quoi qu’il arrive nous sommes dans le même bateau. C’est pourquoi, que le budget soit bon ou pas, c’est Maurice, notre pays, qui doit bénéficier de toute notre attention. C’est cela que nous allons prendre en considération avant toute chose », a-t-il dit.

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