Prix des carburants : déception et colère

La décision du Petroleum Pricing Committee (PPC) de la State Trading Corporation (STC) de maintenir le niveau des prix des produits pétroliers, à savoir l’essence et le diesel, au prix courant vendredi a donné lieu à une déception générale et à de la colère dans le pays. A la lumière de la tendance à la baisse du prix de l’essence sur le marché international, beaucoup s’attendaient à une baisse, même symbolique, des prix pour démontrer que ce gouvernement, comme le veut la propagande politique, est un caring government.
Malheureusement, personne n’est dupe et n’est convaincu que la hausse de 10%, comme réclamée, semble-t-il, par le PPC, était justifiée. En fin de compte, cette instance a réussi à projeter l’image d’un gouvernement insensible à l’appel unanime, voire la supplication, des consommateurs, notamment à travers la grève de la faim de Nishal Joyram en faveur d’une baisse des prix. Comme le souligne le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, « le prix imposé aux consommateurs est la conséquence de l’appétit gargantuesque du gouvernement, consistant à surtaxer la population, et l’essence n’est qu’un élément de cette configuration fiscale ». Voilà qui résume le sentiment général de la population, qui refuse d’être les dindons de la farce. Elle sait en effet très bien que le prix du baril qui, l’année dernière, avait atteint quelque USD 140, est tombé au niveau de USD 80 dollars.
De plus, comme l’indique la STC, le prix de l’essence est calculé sur le taux de change de Rs 45,10 le dollar. Ce qui indique que les consommateurs ne sont pas seulement victimes de la politique gouvernementale, qui refuse d’enlever le moindre prélèvement imposé sur le prix de l’essence. Tenant en considération l’excise duty et la TVA, ces prélèvements représentent autour de 50% du prix de l’essence à la pompe. De plus, le prix de l’essence tient en compte la dépréciation conséquente de la roupie par rapport au dollar.
Par ailleurs, le taux d’inflation pour décembre est estimé à 12,2%, une hausse conséquente par rapport à l’année précédente. On se demande comment la BoM – qui compte assurer la stabilité des prix avec l’introduction d’un nouveau cadre de politique monétaire à partir de lundi – s’y prendra pour ramener le taux d’inflation entre 2% et 5% durant l’année en cours.
Dans tous les cas, une des personnes déçues devrait être le ministre des Finance, Renganaden Padayachy, qui se trouvait ces derniers temps en Inde pour PBD en compagnie de cinq autres collègues. Dans une déclaration faite en août dernier à l’occasion de la 38e assemblée de la Trade Development Bank, il affirmait que si les cours mondiaux du pétrole poursuivaient une tendance à la baisse, les Mauriciens pouvaient s’attendre à une réduction des prix des carburants dans les mois à venir. Les prix sur le marché mondial ont baissé, mais les prix du carburant à la pompe à Maurice sont restés inchangés.
À la lumière des différentes déclarations et réactions enregistrées hier, on peut s’attendre à un forcing de l’opposition et des forces vives afin de ramener les autorités à la raison. D’autant qu’avec la hausse des prix de l’électricité, les supermarchés, qui sont des gros consommateurs d’énergie électrique, et qui verront un gonflement de leur facture d’électricité, pourraient revoir les prix de leurs produits à la hausse.
Il faut par ailleurs rendre hommage aux autorités météorologiques pour avoir revu le système d’alerte avec l’introduction d’un bulletin de sécurité après la levée de l’alerte de classe 4. On se souvient qu’au moins une personne avait trouvé la mort après avoir pris la route immédiatement après la levée de l’alerte de classe 4 l’an dernier. Ce qui avait soulevé une vague de protestations dans le pays.
La proposition d’introduire une alerte de sécurité, comme c’est la pratique à La Réunion, était revenue avec insistance. À l’époque, les autorités donnaient l’impression que ces appels étaient emportés par le vent. Il semble qu’ils ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Par conséquent, l’introduction du bulletin de sécurité, après le passage d’un cyclone éventuel, permettra d’éviter d’autres drames humains. Espérons que l’exemple des services météorologiques sera suivi par la STC, qui finira par entendre les demandes de la population de baisser le prix de l’essence.

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