Saison 2023 : People’s Turf réduit drastiquement les « stakes money » de 50% à 60%

Avec la nouvelle formule, PTP lorgne des économies de Rs 14 M sur la saison dernière et se situe à moins de Rs 68 M des propositions annuelles du MTC avant le Covid

Les récompenses financières pour la 4e place et les Unplaced Stakes éliminées

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Les entraîneurs Samraj Mahadia et Preetam Daby, choqués, crient au scandale et s’inquiètent de ne pouvoir couvrir leurs frais de base

La Horse Racing Division de la Gambling Regulatory Authority a publié hier les dotations financières (stakesmoney) offertes par People’s Turf PLC pour les chevaux gagnants et placés (2e et 3e places) pour la saison 2023. Les professionnels des courses sont tombés des nues lorsqu’ils ont pris connaissance de ces dotations, enregistrant une baisse de 50% pour les gagnants, et jusqu’à 60% et plus pour les placés. Les 4es ne recevront plus de stakes money et les unplaced stakes ne sont plus d’actualité. Cette dernière formule était une astuce pour étoffer les programmes de PTP et appauvrir ceux du Mauritius Turf Club (MTC). Des professionnels des courses dénoncent cette donne inattendue et qui, semble-t-il, est passée comme une lettre à la poste au niveau des autorités hippiques.
Maintenant que People’s Turf PLC de Jean-Michel Lee Shim et son Chief Executive Officer (CEO), Khulwant Kumar Ubheeram, jouit du monopole de l’organisation des courses, cette entité se montre nettement moins généreuse que lors de sa première année, quand l’objectif était d’étrangler financièrement le coorganisateur, la Mauritius Turf Club Sports and Leisure Limited (MTCSL). À cette époque, PTP affichait royalement des stakes money pour les trois premiers supérieurs à ceux de la MTCSL et offrait au premier non-placé (4e) une dotation. Par ailleurs, pour encourager les entraîneurs à courir chez eux plutôt que chez l’adversaire, des unplaced stakes étaient également de mise.

L’âme charitable perdue de PTP

Pour le début de l’année 2023, PTP a perdu son âme charitable et sa générosité. Il est même devenu économe, pour ne pas dire radin. Ainsi, à la grande stupéfaction et déception des professionnels des courses, surtout ceux qui ne sont pas sous son autorité directe, PTP a opéré une baisse drastique de ses dotations, uniquement réservées aux trois premiers d’une course, de 50% pour les gagnants et jusqu’à plus de 60% pour les placés.
Qu’est-ce qui vaut ce recul accepté comme une lettre à la poste par les autorités hippiques que sont la HRD et la GRA ? Une révision sur ses ambitions financières, punir ceux qui ne sont pas sous son autorité. Mais il y a aussi l’urgence de faire des économies à la suite des dépenses d’investissements dans les chevaux et les travaux d’infrastructures pas prévus dans le business model initial. L’ambition de départ de s’approprier des infrastructures du MTC au Champ-de-Mars n’ayant pas abouti, car le vieux club de 200 ans, certes en ICU financière, a préservé ses acquis, alors que PTP se trouve engagé dans un chantier permanent et coûteux.
Avant la pandémie de Covid-19, la moyenne des dotations par journée offertes par le MTC était d’environ Rs 2,5 millions, alors que sur la base de ses propositions pour la première journée cette saison, PTP distribuera un peu plus de Rs 600 000 par journée. Ce montant est inférieur de Rs 1,9 million par journée avant Covid et presque de Rs 68 millions pour une saison.
De ce fait, par rapport à l’année dernière, PTP réalisera des économies de l’ordre Rs 14 millions, au détriment des propriétaires et entraîneurs. Avec les subventions accordées par le MTC aux écuries, les propriétaires et entraîneurs se trouvent « lésés » de plus de Rs 120 millions par rapport à la période pré-Covid.
En tout cas, cette situation n’augure rien de bon pour les autres acteurs du monde hippique, car cette réduction du montant pourrait entraîner une plus grande perte de confiance que prévu, une baisse des enjeux et une crise financière dans le milieu hippique. Au premier chef, les entraîneurs et les propriétaires vont le plus souffrir, surtout les indépendants et ceux supportant le consortium MTC-MTCSL. Les autres affiliés à PTP n’ont pas le poids de la finance sur les épaules, mais celui de la performance pour satisfaire leur bailleur de fonds et propriétaire.

Déception et inquiétude

Cependant, la déception et l’inquiétude sont à leur apogée au sein de la communauté des entraîneurs et des propriétaires, qui croyaient sincèrement que People’s Turf PLC allait au moins garder les mêmes dotations que l’année dernière. Dans ce contexte, avec les nouvelles conditions de dotations à la baisse, l’entraîneur Samraj Mahadia a déclaré au Mauricien : « It’s shocking, it’s just ridiculous. » Il ajoute qu’aucun entraîneur ne pourra couvrir ses dépenses. De son côté, Preetam Daby soutient : « Il est plus rentable de garder un cheval à l’écurie que de le faire courir. »

Par ailleurs, Samraj Mahadia, qui avait déclaré la semaine dernière qu’il lui faut au moins Rs 200 000 par journée pour couvrir ses frais, n’en revenait pas après avoir pris connaissance du tableau des dotations. « Au fait, il n’y a pas de mot pour qualifier ce que je ressens. Personnellement, je m‘attendais que PTP garde les mêmes dotations que l’année dernière, ce qui nous aurait permis de sauver les meubles. Mais avec la réduction drastique, il nous sera impossible de sortir la tête hors de l’eau. Peu importe la somme qu’on aura à la fin de la saison, la perte sera conséquente », dit-il.

Pas de révision à la hausse, pas de partants

Les propriétaires, notamment ceux qui ont beaucoup investi cette saison, ne sont pas en reste. Rien que le fret pour faire venir un coursier à Maurice coûte aujourd’hui au bas mot Rs 500 000. « Comment un propriétaire va-t-il retrouver son argent avec des stakes money aussi dérisoires ? » fait-il comprendre. Il se demande comment faire pour couvrir ses frais de jockey, d’alimentation, de vétérinaire… sans oublier le ferrage. Il y a aussi le pourcentage à donner aux propriétaires, aux jockeys pour les riding fees et aux palefreniers.
Preetam Daby songe sérieusement à ne pas faire courir ses chevaux tant qu’il n’y aura pas une révision à la hausse des stakes money. « Je ne savais pas s’il fallait en rire ou en pleurer. Finalement, j’ai ri un bon coup en pensant à mes collègues, surtout à ceux qui pensaient que l’herbe était plus verte ailleurs… Il est plus profitable de ne pas faire courir ses chevaux que de les faire courir, car préparer un cheval pour une course coûte beaucoup plus que la somme allouée par PTP. Je suis sidéré ! » lâche-t-il.

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