Si l’on veut parler et exécuter des réformes

Les 329 907 électeurs inscrits et votants potentiels des cinq villes, si le taux de participation avoisine les 100%, resteront sur leur faim. Et ce, jusqu’au moins le 14 juin 2025. Ils n’auront pas leur mot à dire dans le choix des membres des conseils municipaux.

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L’Alliance Morisien a abattu sa carte. Pas question de rappeler les citadins aux urnes avec l’échéance du 14 juin prochain. Pourtant, lors des précédents débats sur une démarche similaire de report des élections municipales, la garantie était donnée que le report était pour une période maximale de deux ans, laissant la porte à des spéculations autour d’un scrutin urbain à n’importe quel moment.

Mais il n’en fut rien. Sauf qu’avec la mise en service du Metro Express le long du corridor urbain entre Curepipe et Port-Louis à la fin de l’année dernière et une invitation au Premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, d’aucuns avaient cru déceler des signes d’un départ de la campagne pour les municipales.

Entre-temps, le Metro a connecté Ebène, est en passe de rallier le nouveau Place-To-Be on the Island, Côte d’Or. Mais pour les municipales, aucun élément avant-coureur concret, sauf des spéculations de bas étage.

Finalement, le conseil des ministres de vendredi est venu mettre les parties d’accord en confirmant un amendement à la Local Government Act visant à accorder des pouvoirs au président de la République pour étendre le mandat des conseillers de deux ans. Et sans explication aucune.

Le nouvel amendement Husnoo, ne souffrant d’aucune contestation quantitative, devra être automatiquement adopté. L’un des Top Chefs attitrés de Lakwizinn, à la place du ministre de tutelle, est venu dire que ces deux ans serviront à une réflexion en profondeur sur la manière d’opérer des collectivités. En d’autres mots, des réformes envisagées.

Let’s take it at face value. Les tenants du pouvoir sont friands de réformes. C’est leur droit le plus légitime. Mais si en compensation à la privation d’un droit fondamental, qu’est l’exercice du droit de vote, l’électeur lambda soumettait une proposition au Speaker allant dans le sens de la manière d’opérer au sein de l’hémicycle.

Tout simplement qu’avec les débats sur l’amendement Husnoo, mardi, le paragraphe 21.4 d’Erskine May soit appliqué dans toute sa rigueur, à savoir  « in principle, a Member is not permitted to read a speech or a supplementary question but may make reference to notes ».

Ou encore « Members may use a hand-held electronic device (such as a tablet) discreetly as an aide-mémoire whilst addressing the House, but should not make a speech by continuous reading from the device. » Bientôt, cela fera quatre ans que ceux qui avaient fait leurs Maiden Speeches au lendemain des élections du 7 novembre 2019 siègent, et auraient dû être initiés à cette règle des plus élémentaires régissant les débats.

Les parlementaires, même les plus chevronnés, se laissent des fois aller à la tentation de s’engager dans une lecture rébarbative de leurs textes. Cela passe très mal lors du Live on Parliament TV. Alors comme aime à le répéter le Speaker: « The population is watching you ».

Mais que fait la Chair pour imposer cette règle basique aux débats. Dans le temps, le charme au Parlement se résumait à la rhétorique et à la grandiloquence, dont faisaient preuve ces ténors. Toujours sans recours à des discours écrits.

Plus près, soit dans les années 80, feu sir Anerood Jugnauth donnait l’exemple. Que ce soit lors des débats sur le budget ou autres projets de loi majeurs, dès qu’il se mettait debout au sein de l’hémicycle et plaçait ses mains dans son dos, les observateurs présents savaient qu’ils allaient être servis d’une intervention de haute facture. Même si l’on ne partageait pas son argumentation.

Demain, lors de ces débats ambitionnant des réformes en profondeur dans les administrations régionales, si pour la tranche variant entre 15 et 20 minutes allouées aux backbenchers ou ministres invariablement, le Speaker se fait un devoir de rappeler que « debate is more than a series of set speeches prepared beforehand without reference to each other », la démocratie en sortira grandie.

D’aucuns ne commettront l’injure à l’égard de ces Honourable Members d’avancer que ce sera une tâche herculéenne d’intervenir dans un débat pendant un quart d’heure sans lire le texte préparé sauf probablement quand il faudra donner lecture de la liste des stimulants sexuels de son adversaire politique non-représenté au Parlement et sans droit à des Points of Order…

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