Feu d’artifice

La saison régulière 2018 a pris fin samedi dernier et il a consacré les meilleurs de l’annéd : l’efficace entrainement Rousset avec le duo irrésistible Gilbert Rousset/Sudesh Seessurun ; le jockey Robbie Fradd, un modèle de cordialité et de combativité, et Hard Day’s Night de l’établissement Rameshwar Gujadhur, qui n’était, sans doute, pas le plus fort mais a été le plus régulier cette saison. Un petit mot d’encouragement pour le jeune Allyhossen, le meilleur jockey mauricien de l’année, à qui nous conseillons de garder la tête sur les épaules et de continuer à travailler dur. Sa sélection pour monter avec les meilleurs étrangers qui nous visitent ce week-end est une aubaine tombée du ciel. Qu’il en tire les meilleurs enseignements possibles !

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Le rideau est tombé, place maintenant à la double journée internationale qui est toujours la bienvenue car il permet aux turfistes, passionnés, satisfaits ou déçus de se réconcilier le temps d’un week-end avec les courses hippiques, les vraies.

Cette année, elle revêt un cachet spécial et plus émotionnel que d’habitude car celui qui en est la cheville ouvrière, depuis de longues années, va tirer sa révérence, dimanche, après la dernière course 2018. Après 29 ans de bons et loyaux services à divers postes au sein de l’organisation des courses allant du Clerk of the course, au secrétariat, en passant par handicapeur et d’autres fonctions moins médiatisées, Khalid Rawat, est un fidèle et précieux lieutenant de Benoit Halbwachs. Discrétion, gentillesse et efficacité sont les qualificatifs les plus couramment utilisés par ses pairs pour décrire cet homme de courses cultivé, toujours disponible et à l’écoute, avec lequel on a eu des différences de vues mais le respect mutuel a toujours prévalu. Personnellement nous lui reconnaissons un défaut majeur, sa modestie, et une qualité des grands, le ‘fairness’. Bon vent Khalid et merci !

Sans diminuer les mérites et la qualité de nos visiteurs, nous aurions souhaité que pour sa dernière aux commandes, Khalid Rawat, nous propose la crème de la crème, vu ses contacts internationaux. Mais il faut réaliste. Il est un fait que l’attractivité des courses mauriciennes et son image globale se sont étiolées ces derniers temps avec les scandales à répétition, les conclusions de la commission d’enquête Parry et le manque de courage politique pour mettre à exécution ses recommandations et plus récemment, les tentatives de la Gambling Regulatory Authority (GRA) d’abuser de ses prérogatives de régulateur pour se substituer au MTC, l’opérateur et l’organisateur des courses. Il est vrai aussi que face à la concurrence de l’excellence prônée à Hong Kong et la probité et l’intensité reconnues des courses au Japon, l’île Maurice « batte batté » ne fait pas le poids dans le choix des plus fines cravaches mondiales, malgré ses plages et la farniente.

Mais il y a toujours possibilité de faire autrement dans l’adversité. Mais voilà, au MTC on a bien du mal à sortir de sa zone de confort. Rien n’oblige le MTC à attendre la fin de la saison pour ce feu d’artifice. La preuve est qu’à Hong Kong la journée internationale se déroule dans la première partie de la saison. Il aurait peut-être fallu, comme suggéré par Turf Magazine depuis quelques années, avancer d’une semaine ou deux, ce week-end international pour être en mesure de bénéficier de la monte de quelques uns des meilleurs cavaliers du monde.

Ne faisons donc pas la fine bouche et accueillons, comme il se doit avec les encouragements et les bravos, ceux qui ont traversé les océans pour venir enchanter de leurs talents notre hippodrome deux jours durant. Même s’ils ne sont pas toujours au summum de leur forme, les jockeys étrangers invités par le MTC, hommes et femmes, nous offrent toujours le meilleur d’eux-mêmes, du beau spectacle, de la compétition saine dans un état d’esprit de gagneur. Il est vrai que cette foule mauricienne enthousiaste et passionnée donne envie de se surpasser. Bien évidemment les Maxime Guyon, Robbie Fradd, Dwayne Dunn, James Seamie Heffernan sont un cran au dessus du lot mais les Nunes et Juglall défendront chèrement leurs réputations si le tirage au sort leur a été favorable. Mais l’attraction cette année c’est la présence du jockey féminin français, Mikaelle Michel, qui devrait surprendre plus d’un sur la piste du Champ de Mars, si elle arrive à en maitriser sa configuration particulière avec ses virages serrés. Comme chaque année, l’un des atours de la journée de dimanche sera la course réservée aux cavalières de la Fegentri qui connaît un grand succès chez nous, chaque année.

Mais un tel week-end ne saurait être réussi sans la contribution et la participation des entraineurs et des propriétaires locaux qui cette année encore ont joué le jeu, et même plus, puisqu’ils ont permis au MTC d’élaborer un programme étoffé de 13 courses à 10 partants, de 2 à 9 partants et d’une à 8 partants, totalisant 156 chevaux, ce qui est une grande première pour des journées internationales. Il ne reste plus maintenant qu’au public de donner de sa présence et de sa voix pour procurer à cet exceptionnel événement, la dimension qu’il mérite.

La dernière journée hippique est aussi celle du clap de la prochaine étape, celle des élections pour le remplacement de Paul France Tennant et Mukesh Balgobin au sein du conseil des administrateurs. Le moins que l’on puisse dire cette année c’est que l’administration a préconisé la discrétion surtout lorsque le cyclone frappait très fort sur l’institution dont ils ont la destinée. Difficile de faire un bilan de l’administration Tapsooea, sinon de dire qu’elle est caractérisée par la stratégie de l’esquive, c’est à dire éviter le conflit à tout prix, faire le dos rond dans l’adversité et sortir de sa tanière lorsqu’il y a des bonnes nouvelles à annoncer.

Il est un fait que les objectifs majeurs fixés par cette administration n’ont pas été atteints. D’abord, les relations entre la GRA et le MTC, qui se regardent toujours en chien de faïence, demeurent conflictuelles. Celles avec les professionnels des courses se sont également détériorées au cours de la saison au point où certains d’entre eux sont allés chercher recours à la GRA. Les politiques de long terme, comme changer la perception des courses, établir une vision commune de tous les stakeholders n’ont connu aucun momentum jusqu’ici. Ajoutons à cela le silence coupable et le manque d’initiative pour changer la politique concernant les proxy vote, pourtant l’élément le plus décrié du rapport Parry concernant l’administration du MTC. Enfin l’absence de proposition concrète pour les critères de nomination des nouveaux commissaires de courses à l’avenir est le reflet d’un manque de volonté ou le blocage existant pour régler les problèmes récurrents.
Mais il y a aussi une promesse majeure tenue et il faut le souligner. Celle d’avoir recruté un nouveau CEO pour le Mauritius Turf Club. Son succès dépendra de sa capacité à montrer son indépendance et surtout de porter le club vers plus de modernité tout en retrouvant une profitabilité durable. Cela passe nécessairement à travers la mise sur pied par le MTC de son Natonale Tote qui a déjà l’approbation de principe de la GRA. Une décision dans ce sens sera la pierre angulaire de la projection du MTC dans une nouvelle ère et l’occasion pour le nouveau CEO de faire l’unanimité. En tout cas, nous lui souhaitons bonne chance.
En attendant, Turf Magazine remercie tous ses lecteurs et partenaires pour leur soutien pendant cette saison 2018 et leur souhaite une bonne et heureuse année 2019. Le feu d’artifice de ce week-end sera déjà un bon début pour les festivités du mois… Profitez-en !

Bernard Delaître

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