Esha Luchoomun, un mannequin en rouge-passion

Depuis ses 14 ans, Esha Luchoomun fait son chemin en tant que mannequin. Ses cheveux afro elle en a fait tout un symbole. Après avoir décroché le Backstage Award Best Model 2020, elle a été élue première dauphine du concours Miss Mauritius 2021. Habitante de Solitude et ancienne bénéficiaire de Caritas, elle inspire d'autres jeunes à s'affirmer. De : A.R-M.

Le regard est fier. La taille fine est affolante. Du haut de ses 19 ans, la chevelure d’Esha Luchoomun « décoiffe » les stéréotypes et attire les regards. Lors des photos shoot ou sur le catwalk, la douce sait se montrer très convaincante et conquérante. Qu’elle inspire ou qu’elle soit un sujet de médisance, peu importe, l’objectif de cette habitante de Solitude est de s’aimer et de se valoriser, et surtout de maintenir le cap sur la route qu’elle a choisi de prendre : “Je sais d’où je viens et je sais où je veux aller. Ce n’est pas aux autres de me diriger.”

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Être mannequin free-lance était une manière de grandir et s’épanouir. Se prendre en mains et se gérer, pour cette étudiante de l’Université de Technologie de Maurice en gestion et marketing, est primordiale car elle rêve d’ avoir son propre business : “Quoi de mieux que de commencer par soi-même.” Dotée d’une franchise « à déconcerter plus d’uns », elle ne mâche pas ses mots à dire que l’univers de la mode et du mannequinat est très cruel : “Faut pas se laisser leurrer part les paillettes et le bling bling. Je ne dis pas cela pour décourager, mais plutôt pour donner les armes nécessaires à ceux et celles, qui comme moi, veulent tenter cette aventure.”

Si Esha Luchoomun s’en sort haut la main, c’est que dès le départ, elle a compris qu’il fallait avoir la tête sur les épaules pour s’imposer. “Et heureusement que j’ai cette grosse touffes” rajoute-t-elle (rires). Elle s’est beaucoup investie, elle a passé énormément de temps pour s’informer afin de connaitre ses droits et ainsi être en mesure de défendre ses valeurs : “Je suis très calme et douce, mais il ne faut pas me chercher. Je sais me faire respecter. Surtout qu’ici à Maurice, il y a énormément d’exploitations.”

Pour celle qui a décroché le Backstage Award 2020 dans la category Best Model,  le résultat derrière chaque photo ou vidéo demande beaucoup sacrifices et travail : “Faut pas croire que les mannequins sont que des porte-manteau et que nous ne faisons que poser.” Travailler, Esha Luchoomun n’en a jamais eu peur. Même si a fait ses premiers pas dans la mode à l’âge de 14 ans, elle n’a pas hésité à faire d’autres petits boulots (hôtesse, fast-food) pour subvenir à ses dépenses, pour vivre sa passion de la mode et pour aider sa famille.

“Je viens d’une famille modeste et j’ai roulé ma bosse. J’aime le côté glamour mais je suis une femme qui n’hésite pas à suer pour obtenir des choses.” Derrière sa voix douce se cache une femme déterminée. Elle transforme toute négativité en positivité, toute faiblesse en qualité. Les expériences, bonnes ou mauvaises, sont toutes vécues avec beaucoup de maturité.

Esha Luchoomun est très débrouillarde et indépendante depuis très jeune : “Mes parents m’ont toujours donnée la liberté et avec une confiance j’ai tout fait pour qu’ils ne soient pas déçus mais fiers de moi.” Puis, il y a Caristas Lakaz Espawar de Solitude qui a grandement contribué à la personnalité d’Esha Luchoomun. Elle y allait pour les petits déjeuners, pour les programmes scolaires et les leçons. Puis elle est devenue aujourd’hui bénévole et confie avoir bénéficié bien plus que de l’aide financière : “J’ai appris énormément en termes de principe, de valeurs car Caritas nous a guidés, nous a appris à valoriser les choses que nous recevions ou que nous avions. Ils nous ont toujours encouragés à viser toujours plus loin et plus haut, de ne pas se limiter à ce qu’on a.”

Esha Luchoomun a alors mijoté son propre secret de réussite : celui de toujours rester fidèle à elle-même. Pour se faire, elle explique faire la différence en le virtuel et la vie réelle : “ Etre sous les feux de projecteurs me plait, mais cela ne veut pas dire que je ne sais rien faire d’autre à côté. Je ne m’habille pas, je ne me mets pas sur mon 31 pour le regard des autres. Il faut s’aimer soi-même avant d’être aimé.”

Or elle poursuit que ça n’a pas toujours été le cas. Avant l’adolescence, Esha Luchoomun était très garçon manqué, toujours à suivre les pas de son père. Au collège, elle était mise de côté et elle-même avait du mal à assumer ses cheveux et son apparence. Les autres filles lui passaient souvent des remarques sur son corps, étant très mince. On lui disait qu’elle avait encore un corps de petite fille. C’est un heureux hasard qui lui a permis de changer complètement d’avis sur elle. Repérée par une agence, elle reçut la proposition de faire la couverture d’un magazine.

De là, ce fut le déclic : “Être devant la caméra, et dans cet univers de la mode m’a totalement changée. Je pouvais m’exprimer et que mon potentiel pouvait être valorisé. J’avais une sorte de reconnaissance.” En peu de temps, le charisme inné d’Esha Luchoomun lui a ouvert plusieurs portes et elle est parvenue à se faire une place et un nom dans le monde de la mode. Les nombreux contrats, couvertures de magazines, et campagnes publicitaires se sont enchaînée pour Mauritius Telecom, Huawei, Lascana de Viktoria Swaroski, Lux Hotel,… Avec son métissage et ses origines hindoue/rodriguaise, Esha Luchoomun espère que son parcours continuera à sur la bonne voie et qu’elle se hissera davantage comme une figure de proue pour inspirer d’autres jeunes.

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