Ligue des champions : une nouvelle formule plus lucrative, mais plus complexe

La réforme drastique, entérinée mardi par l’UEFA, de la Ligue des champions, dont le nouveau modèle à partir de 2024 s’inspire des tournois d’échecs, suscite des espoirs de recettes accrues mais aussi des critiques, notamment liées au calendrier surchargé.

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– À quoi ressemblera la nouvelle formule ? –

À partir de la saison 2024-2025, le tournoi va passer de 32 à 36 équipes, une bonne nouvelle notamment pour la France qui devrait hériter du ticket promis à la cinquième nation à l’indice UEFA, la place qu’occupe actuellement le pays des champions du monde.

Deux autres places seront attribuées aux deux nations ayant réussi la meilleure performance en cumulé la saison précédente dans les compétitions européennes (cette saison, il s’agirait de l’Angleterre et des Pays-Bas). Dans le classement de leur championnat, la première équipe non-qualifiée pour la C1 décrochera ce billet bonus.

Enfin, un dernier billet reviendra à un champion national, grâce à l’extension de quatre à cinq du nombre de qualifiés via la voie des champions.

Intangible depuis la saison 2003-2004, la phase de groupes doit être radicalement remaniée, avec la disparition des huit groupes de quatre équipes qui s’affrontaient en match aller-retour sur six journées.

À la place, les 36 équipes se disputeront un championnat qui les réunit toutes, selon le « système suisse »: chacune affrontera huit adversaires différents dans une confrontation unique, avec quatre matches à domicile et quatre à l’extérieur.

Les huit premiers au classement final seront qualifiés pour les huitièmes de finale et les clubs classés de la 9e à la 24e place se disputeront les huit autres places, via des barrages en deux tours.

La phase à élimination directe demeurera inchangée: les clubs s’affrontent en rencontres aller-retour à partir des 8e de finale, jusqu’à la finale disputée sur un seul match.

La Ligue Europa et la Ligue Europa Conférence suivront le même modèle, avec 36 participants également.

– D’où vient le système suisse ? –

Inédite dans le football, cette formule conçue par un instituteur suisse, Julius Müller, a été utilisée pour la première fois lors du Championnat de Suisse d’échecs à Zurich, en 1889.

L’idée était d’organiser un tournoi regroupant un nombre élevé d’adversaires – il y avait 74 joueurs à Zurich – mais en limitant le nombre de confrontations.

Il s’agit donc d’un compromis entre la formule « chacun rencontre tout le monde », garante du résultat le plus juste, et un tableau à élimination directe, rapide mais jugé trop aléatoire.

Ce système, décliné depuis en une multitude de variantes, est aussi utilisé dans les compétitions de go, de scrabble, du jeu de tir en ligne Counter Strike et lors des Championnats d’Europe de pétanque.

– Quels sont ses avantages ? –

La phase de poules devrait comporter 63 rencontres de plus par rapport à aujourd’hui, ce qui ferait passer l’ensemble de la compétition à 189 matches au lieu de 125.

L’UEFA en a déjà récolté les fruits du côté des droits TV, attribués début 2022, qui ont bondi de 50% par rapport à 2018-2019, pour atteindre cinq milliards d’euros annuels pour la période 2024-2027 pour l’ensemble des compétitions européennes.

Les qualifiés, qui bénéficieront chacun de huit rencontres garanties au lieu de six aujourd’hui, pourront de surcroît tabler sur des revenus de billetterie plus élevés, même s’ils ne gagnent pas un seul match.

En matière d’intérêt sportif, la multiplication des confrontations lors de la première phase permet plus d’affiches entre grands clubs avant la phase à élimination directe.

Enfin, le système suisse offre de la souplesse: le nombre de participants comme le nombre de confrontations peuvent être ajustés à l’avenir, sans changer la formule globale.

– Fait-il l’unanimité ? –

La puissante Association européenne des clubs (ECA) a salué « le bond de 96 à 108 des clubs engagés » dans les trois compétitions de clubs – C1, C3 et C4 -, avec « au minimum 37 champions nationaux » représentés sur les 55 fédérations que compte la confédération européenne.

Mais se pose la question de la surcharge du calendrier car un nombre accru de matches entraîne plus de blessures ou de fatigue mentale chez les joueurs.

« Du point de vue du calendrier, la ligne rouge a probablement été franchie il y a plusieurs années », a relevé Jonas Baer-Hoffman, secrétaire général du syndicat des joueurs Fifpro.

Certains détracteurs redoutent aussi que les huit matches de poule ne favorisent un peu plus les grands clubs, en réduisant l’aléa sportif, alors qu’ils concentrent déjà recettes et trophées.

 

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