Open d’Australie: sur son terrain fétiche, Djokovic déboulonné par Sinner

Secousse tellurique à Melbourne: le N.1 mondial Novak Djokovic, décuple vainqueur de l’Open d’Australie, qui n’y avait plus perdu un match depuis 2018, a été déboulonné en demi-finale par le N.4 mondial Jannik Sinner vendredi, dont l’adversaire en finale sera le Russe Daniil Medvedev.

Djokovic, battu 6-1, 6-2, 6-7 (6/8), 6-3 en un peu moins de trois heures et demie, y briguait un 25e sacre inédit en Grand Chelem, à 36 ans.

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A 22 ans, Sinner va lui jouer dimanche sa toute première finale majeure. Face à lui, le N.3 mondial Daniil Medvedev, sixième finale en Grand Chelem, la troisième en Australie (après 2021 et 2022), mais un seul titre jusque-là, à l’US Open 2021.

A minuit passé, le Russe a renversé l’Allemand Alexander Zverev (N.6) après avoir été mené deux sets à zéro, 5-7, 3-6, 7-6 (7/4), 7-6 (7/5), 6-3, en 4h18 min.

Fin de règne pour Djokovic ? Il est trop tôt pour le dire.

« C’est un des pires matches que j’ai joués en Grand Chelem, estime le Serbe de 36 ans. J’ai été choqué par mon niveau, dans le mauvais sens. »

« Ca ne veut pas nécessairement dire que c’est le début de la fin, souligne-t-il néanmoins. J’ai toujours des ambitions élevées pour les autres Grand Chelem, pour les JO, et les autres tournois que je jouerai. Ce n’est que le début de la saison. »

N’empêche, Sinner a frappé fort, au propre comme au figuré, en réussissant quelque chose que personne n’avait jamais réussi jusque-là: stopper Djokovic une fois qu’il a atteint le dernier carré de l’Open d’Australie, devenu sa chasse gardée dans des proportions pas si éloignées de Rafael Nadal à Roland-Garros (14 titres).

 

– Zéro balle de break –

 

Jusque-là, à chaque fois qu’il s’y était hissé en demi-finales – à dix reprises – , « Nole » avait conclu la quinzaine australienne le trophée entre les mains.

Djokovic restait sur 33 matches gagnés consécutivement sur les courts du Melbourne Park.

Sa dernière défaite remontait à 2018 (en huitièmes de finale, contre Chung). Depuis, il avait collectionné quatre titres de plus en cinq éditions. Seule exception: 2022, l’année de sa rocambolesque expulsion d’Australie, faute d’être vacciné contre le Covid-19.

Il y était cette année en quête d’un onzième triomphe à Melbourne, et d’un 25e sacre inédit en Grand Chelem. Au moins pour un temps encore, il partage le record absolu avec l’Australienne Margaret Court.

« Évidemment ça veut dire beaucoup pour moi de battre Novak ici mais le tournoi n’est pas terminé, tempère Sinner. Il y a une finale dimanche. J’ai hâte d’y être. »

Au-delà du résultat, c’est la manière qui interpelle.

Pour la première fois en Grand Chelem, Djokovic a traversé un match sans se procurer la moindre balle de break.

Quand après 73 minutes, Sinner, fort de sa qualité de frappe exceptionnelle, menait déjà 6-1, 6-2, et que Djokovic, méconnaissable sans explication manifeste, était comme anesthésié et multipliait les fautes directes, souvent tôt dans l’échange, il fallait se pincer pour y croire.

 

– « Pas vraiment moi-même » –

 

Certes, le N.1 mondial ne vivait pas sa quinzaine australienne la plus tranquille. Certes, il restait sur un duel éprouvant en plein cagnard en quarts de finale mardi après-midi (contre Fritz).

Mais rien ne laissait imaginer un tel scénario, encore moins sur la Rod Laver Arena, son terrain de jeu préféré, même face à Sinner, le seul joueur à avoir été capable de le battre après Wimbledon et jusqu’à la fin de l’année 2023, victorieux deux fois en dix jours (en phase de poules du Masters et en Coupe Davis).

Au bord d’une défaite en trois sets, confronté à une balle de match à 6 points à 5 dans le jeu décisif, Djokovic est parvenu presque par miracle à prolonger la partie.

Quasiment une heure après sa première occasion de conclure, Sinner finalement eu le dernier mot.

« Je ne me suis pas vraiment senti moi-même sur le court tout au long du tournoi », avoue Djokovic.

« Cette ville est très spéciale pour moi. J’espère simplement que j’aurais la chance d’y revenir, d’y jouer au moins une autre fois », souhaite-t-il.

En écoeurant Zverev, Medvedev a lui réédité son exploit du deuxième tour, lorsqu’il avait déjà comblé un retard de deux sets contre Ruusuvuori.

Le dernier à s’être hissé en finale de l’Open d’Australie dans les mêmes conditions ? Pete Sampras, en 1995, finalement battu par Andre Agassi.

Si l’histoire se répète dimanche, Sinner mettra fin à près d’un demi-siècle d’attente (1976) en Grand Chelem pour le tennis masculin italien.

es/fby

© Agence France-Presse

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