L’amateurisme à son comble !

Il se passe toujours quelque chose au Champ de Mars. Et cette semaine, nous avons été particulièrement gâtés par deux événements qui caractérisent parfaitement la médiocrité de ceux qui ont mis la main sur les rênes de l’hippisme mauricien. Ceux-là mêmes qui ont fait main-basse, avec la complicité des pouvoirs publics, sur les courses mauriciennes, après avoir dépossédé le Mauritius Turf Club de ses prérogatives ancestrales par des subterfuges honteux et autoritaires dignes des coups d’État de chefs militaires africains et de leurs soldats, pour ne pas dire leurs tontons macoutes.

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Ceux qui regardaient la télévision samedi dernier, à Maurice et à l’étranger, ont été stupéfaits par le spectacle inédit qui leur a été offert lors du déroulement de la sixième course. Alors que les chevaux qui se disputaient cette épreuve abordaient le poteau des 600 mètres sur la piste en herbe, étrangement, sur la piste en sable à l’intérieur, un cheval courait aussi dans la même direction. Si cette situation burlesque a pu faire sourire certains, qui ont cru à une comédie digne d’un navet, en vérité, cette incursion de ce cheval sur la petite piste en plein déroulement d’une course est à faire pleurer de désespoir du niveau catastrophique, pour ne pas dire de caniveaux dans lequel patauge l’organisation des courses dans notre pays ces jours-ci. Et ces gens-là, qui diffament impunément ceux qui osent leur faire ravaler leur vomi, gloussent, semaine après semaine, d’être les héros des temps modernes qui vont révolutionner l’hippisme mauricien, alors qu’ils ne sont que des imposteurs déguisés en de pâles Arsène Lupin.

Cet incident qui aurait pu avoir des conséquences très graves sur les vies humaines — une palefrenière qui a été heurtée par le cheval a dû être conduite à l’hôpital après avoir perdu connaissance — est venu montrer au grand public que People’s Turf Plc est loin d’être à la hauteur des responsabilités qui lui ont été confiées. À l’origine de tout le problème : une banale et simple prise d’urine sur le cheval Alpine Challenge qui venait de remporter l’épreuve principale réservée aux 3-ans quelques minutes plus tôt. Muni d’œillères comme l’exige parfois cette manoeuvre, le cheval, qui n’était pas dans un environnement normalisé et sécurisé pour ce genre d’exercice, a forcé la porte de son box et a pu sans aucun obstacle se retrouver sur la petite piste, d’où il a suivi les autres chevaux qui, eux, concourraient. Comme un malheur ne vient jamais seul, le cheval s’est aussi blessé à l’épaule lors de son escapade et boitait bien bas en regagnant son box et pourrait ne pas être revu en compétition cette saison.

Sous le couvert de l’anonymat, pour ne pas subir les foudres du roquet de service, un certain François, puisque le bouledogue se fait très discret depuis les révélations de Vincent Allet concernant ses prédictions sur la journée du samedi 1er octobre 2022, c’est un apparatchik de PTP qui confie, dans un article plus loin dans cette édition à Turf Magazine, que « le service de sécurité pour les chevaux et le health and safety à PTP laisse beaucoup à désirer… Les boxes et les infrastructures… ne sont pas aux normes et l’incident de samedi a mis en lumière leurs limites. Mais ce qui est insupportable, voire inacceptable, c’est comment le cheval s’est retrouvé avec les blinkers sans aucune bride ? Comment s’y prendre si le cheval commence à faire du désordre ? A-t-on pensé à ça ? » Notre interlocuteur fait aussi référence à l’absence de formation adéquate des palefreniers et des préposés à la sécurité, et l’obligation pour le personnel de faire des tâches multiples sans expertise, et d’asséner avec un éloquent : « L’incident de samedi en est la preuve. »

Ce constat est édifiant pour PTP, trop orgueilleux pour accepter ses travers et limites, et surtout comprendre qu’on ne peut bat-bate avec une activité aussi pointue, du fait aussi que la pratique, jusque-là, était quand même d’un autre niveau, même si tout n’était pas toujours parfait. Le blâme est autant, avec gravité, adressé à la Horse Racing Division (HRD) et la Gambling Regulatory Authority (GRA), qui ont donné carte blanche au blue-eyed boy du GM et de Dev Beekharry, et par conséquent laissé faire PTP sans aucun audit approprié pour le savoir-faire en termes de sécurité et de santé des chevaux et des racingoers. Ils ont fait preuve de légèreté en la matière, mais espérons que la HRD, qui a ouvert une enquête sur cette affaire, aille au bout « without fear and favour », pour le bien-être des courses et se rattrape de son manque de rigueur initial d’avoir assuré que tous les protocoles étaient aux normes. L’occasion pour dire que cet organisme semble avoir pris la bonne direction et que son enquête annoncée sur tous les partants de la sixième course de la 19e journée est tout à fait légitime dans ce qui est le plus gros betting coup de ces derniers temps, avec des jockeys au summum de la médiocrité, pour ne pas dire de la tricherie. La HRD doit être impitoyable et instruire la Police des Jeux d’aller chercher dans la direction des parrains de ce vol à main armée qui ne peut rester impuni.

LA GRA peut-elle s’inscrire dans cette même logique ? Difficile de l’imaginer eu égard aux liens incestueux qui existent entre cet organisme du GM, qui relève du PMO, et le big boss de PTP. Sinon, elle aurait déjà annoncé l’ouverture d’une enquête contre People’s Turf Plc et son CEO Kumar Khulwant Ubheeram au vu des graves incidents qui ont eu lieu, samedi dernier, dans une zone directe de sa supervision sous le contrat émis par la COIREC. Des bagarres de voyous après la dernière course dans l’enceinte immédiate du Champ de Mars impliquant des employés de PTP, dont deux membres de la force policière, et des membres du public. Ce pugilat a produit une effusion de sang et des blessés, dont l’un a passé plusieurs jours à l’hôpital. Ce pugilat a produit une effusion de sang et des blessés dont l’un a passé plusieurs jours à l’hôpital. Et lâche comme il est, PTP a voulu l’attribuer au MTC, qui lui a donné en réplique une volée de bois vert.

La police, amorphe dans un premier temps, a dû instruire une enquête pour donner suite à deux dépositions faites, mais aussi sous la pression de l’opinion publique, de plus en plus choquée de l’amateurisme dans lequel s’enfoncent les courses hippiques mauriciennes. Et cela dans un contexte de complicité active et passive des autorités supposées donner une autre dimension à l’hippisme mauricien, mais qui, en vérité, se vautre dans la complaisance du silence coupable lorsque les déviances sont injustifiables. Plus que jamais, la politique get figir et protez nou bann des autorités hippiques, surtout la GRA, éclate au grand jour, comme cela a pu être constaté dans la baisse intempestive, à deux reprises, des stakes money par PTP, dans un silence de cathédrale, alors que la seule fois où le MTC s’était aventuré dans cette voie, on a eu droit aux orgues de Notre Dame de Paris. Et puis, ce qui a trahi la collusion entre la GRA et PTP, c’est bien la suspension de la Personal Management Licence de Vincent Allet sur la base d’une conversation privée et tronquée fournie par l’une des parties, sans que l’accusé ne soit préalablement entendu, ce qui est contraire à la justice naturelle, mais aussi légale, prônée dans toutes les lois du travail à Maurice. Et c’est cette même GRA qui a, jusqu’ici, fait vœu de silence et de chasteté — pour ne pas dire joue au mort — sur une information incluse dans un affidavit de ce même Vincent Allet faisant état d’une conversation troublante, quelques jours avant le sabotage de la piste du Champ de Mars, avec le magnat des paris sur la possibilité que la journée du samedi 1er octobre ne soit pas courue et qu’il fallait dans ce contexte que l’entraîneur enlève ses chevaux du programme.

Cette journée du 1er octobre fut un des moments les plus sombres de l’hippisme mauricien. Comment a-t-on pu imaginer une telle ignominie ? Comment a-t-on pu, comme ces plus affreux terroristes, préparer un tel attentat, une piste piégée avec des clous et des traquenards avec le but indiscutable de créer le chaos et de… tuer ? Il n’y a qu’un esprit maléfique et un malade mental pour mettre à exécution une folie pareille, dont l’unique mobile ne peut être que la haine. À qui aurait profité ce crime déjoué de justesse ? Nous n’avons évidemment pas les éléments matériels pour désigner un potentiel coupable — ou des coupables — qui ait eu pour vil dessein de faire du mal à nos courses, mais surtout à la prestigieuse Maiden Cup, la course de l’union de l’année de tous les Mauriciens et symbole par excellence de l’ère du Mauritius Turf Club. Cependant, les contorsions de la police, incapable de résoudre cette simple affaire, comme toutes celles qui traînent dans le temps, parce que susceptibles de déranger les princes du jour, a contrario des arrestations spectaculaires de ceux qui s’opposent, les silences infâmes des autorités hippiques, dont la GRA et le gouvernement, sur cette affaire qui requérait pourtant une condamnation unanime et nationale, laisse planer des doutes sur une liste restreinte de personnages qui ont donné les instructions… L’étau se resserre !

 

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