Hippisme – La GRA au MTC/MTCSL : « Pile je gagne, face tu perds»

La sortie de crise que nous avions prévue dimanche dernier, nous a réservé un scénario que nous n’avions pas prévu du tout. Tout est parti très vite comme dans un sprint de 990 mètres. Deux des partants ont été mis hors course et pour que l’épreuve ne soit pas annulée faute de partants, selon les directives de la GRA, le Mauritius Turf Club a dû faire appel à un ‘Emergency Acceptor’.

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C’est exactement ce qui s’est passé. Jean Michel Giraud a été forcé à démissionner selon le vœu du Prime Minister’s Office alors que son remplaçant Anil Kumar Ramnarain qui semblait avoir la situation bien en main s’est vu abandonner par son entourage après des tractations, venant toujours du PMO, ne le laissant aucun choix que de rentrer à l’écurie sans même avoir eu le temps de rentrer dans les stalles.

Impossible de faire une course à deux entre Paul France Tennant et Nicolas Carosin, selon les règles. Il fallait bien avoir un troisième partant pour être dans la légalité. Et c’est là que nous avons assisté au retour surprenant de Frantz Merven qui avait déjà pris sa retraite après ses différends avec Kamal Taposeea. Résultat : Paul France Tennant dont la présence sur le Board des directeurs de la MTC Sports and Leisure Limited avait été questionnée par la Gambling Regulatory Authority s’est finalement installé dans le fauteuil de la présidence, une présidence qui selon ses propres dires, s’est imposé à lui plus qu’il n’en voulait.

Tous de la même écurie

Voilà, le genre d’épreuve que les Mauriciens devront supporter et vivre dans le futur en tout cas dans le monde hippique. Tous vont et doivent courir pour la même écurie. Si vous n’êtes pas de l’écurie, eh bien ne vous montrez pas et si vous avez l’audace de vous montrer, on fera tout pour que vous disparaissiez de la scène. Le scénario fait peur, le scénario est en fait, il faut le dire, digne d’une dictature où les désirs de ces messieurs doivent être considérés comme des ordres.

Ce qui est aussi grave c’est le travail malsain, des émissaires ces messagers pour ne pas dire ces ma…, qui viennent transmettre les diktats étatiques comme des vérités absolues.

Jean Michel Giraud a tenu un peu plus d’un an comme président du MTC, un président que ses pairs ont choisi et que les membres du MTC ont plébiscité lors des dernières élections. Contrairement à beaucoup d’autres dans ce giron où l’on compte de nombreux canassons, Jean Michel Giraud est considéré comme un étalon et comme dirait l’Anglais ‘he has guts’. Il n’a jamais lâché prise malgré toutes les méchancetés des autorités qui se sont servies de l’appareil de l’Etat pour l’intimider, le dissuader, le décourager et le pousser vers la porte de sortie. Il a montré sa bonne foi en multipliant les appels à la discussion, mais visiblement personne ne voulait l’entendre pour la simple et bonne raison que les autorités ne voulaient rien d’autre que sa tête. Il a fait l’objet d’une véritable chasse à l’homme. Il a été pourchassé par la police et la Mauritius Revenue Authority. Pas seulement lui, mais son épouse et ses enfants également. N’aurait-il pas été un homme public, il aurait pu avoir connu un sort semblable au malheureux Kistnen.

Il n’a jamais courbé l’échine jusqu’à que cette bataille touche les employés, ces pères et ces mères de familles que le MTC ne pouvait plus payer. Il fallait que les courses commencent pour que la banque puisse venir en aide au MTC et à la MTCSL. Il n’y avait plus aucune issue. Son départ avait été commandité et imposé par le PMO et nous tenons pour témoins plusieurs membres de l’Association des Entraîneurs qui ont été obligés de signer la pétition, demandant à Jean Michel Giraud de se mettre à l’écart. Se mettre à l’écart ne fait pas partie du vocabulaire de Jean Michel Giraud qui a préféré soumettre sa démission mercredi matin. Le MTC venait de perdre un homme de principe et un homme de conviction. Il est loin d’être parfait, il a eu grande gueule mais c’est un homme de conviction et d’intégrité qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

Le pays en gros danger

Certains ont trouvé que son départ était nécessaire pour décanter la situation alors que d’autres ne cachaient pas leur déception car disaient-ils, « si un club ne peut plus choisir librement son président alors notre pays est réellement en grand danger ». Mais la vérité est tout autre. C’est faux de dire que les autorités ne voulaient pas de Jean Michel Giraud, ce qu’il ne voulait pas c’est de la résistance dont il faisait preuve mais surtout d’avoir touché là où ça fait mal, c’est à dire son combat contre la mafia des courses et les bookmakers clandestins. S’il avait un homme accommodant et s’il avait facilité leur sale besogne, il aurait été le bienvenu.

Là où les autorités ont eu un choc, c’est que le successeur annoncé de Jean Michel Giraud, en l’occurrence Anil Kumar Ramnarain avait la même vision que son président. Ainsi, il  a été éjecté de la présidence avant même de prendre place dans le fauteuil. Soutenu par ses ‘pairs’ et après avoir donné son accord de continuer le travail commencé par Jean Michel Giraud, Anil Kumar Ramnarain a été la cible de toute une série d’attaques sur les réseaux sociaux, menée par des experts en la matière. Dans la même foulée, des politiciens controversés se sont mis de la partie et non des moindres et ont exercé une énorme pression sur l’Association des Entraîneurs.

Du coup, ce qui « était vert jeudi après-midi était devenu rouge » — voilà une autre couleur que déteste le gouvernement —vendredi matin. Après le ‘mauve’ de Jean Michel Giraud, voilà que le ‘rouge’ d’Anil Kumar Ramnarain cause problème. Toute une stratégie est alors mise en place et au moins deux hommes de loi dont l’un est pourtant d’un ‘rouge’ vif sont sollicités pour évincer Anil Kumar Ramnarain avec bien sûr la complicité de certains au niveau du MTC.

« Lâches et poltrons »

Ayant été mis au courant du désir du PMO, Anil Kumar Ramnarain n’a pas perdu une seconde pour claquer la porte non sans avoir dit à ses ‘collègues’ Paul France Tennant et Nicolas Carosin leur quatre vérités : « Lâches et poltrons ». Frantz Merven qui était dans les parages que par pure coïncidence, fut appelé d’urgence par le secrétaire Benoit Halbwachs pour être coopté afin de remplacer Jean Michel Giraud. Ensemble, ils décidèrent de propulser Paul France Tennant à la présidence. Lui devrait faire l’affaire car il ne faut rien faire, juste obéir et subir…

Mais la partie est-elle gagnée pour autant ? NON ! Le problème reste entier. La piste du Champ de Mars n’a toujours pas été restituée au MTC /MTCSL. Si le MTC/MTCSL n’a pas de piste, il n’aura pas son permis d’opération. S’il n’a pas son permis d’opération, il n’y aura pas de courses. S’il n’y a pas de courses, la banque ne lui prêtera pas de l’argent. Et s’il n’a pas d’argent, il ne pourra pas payer ses employés. Finalement, s’ils n’honorent pas ses engagements, le MTC/MTCSL sera mis tout bonnement en liquidation. « Destroy the MTC », c’était l’objectif de ce gouvernement et de la GRA, comme l’avait déjà déclaré depuis un an déjà dans nos colonnes, Paul Beeby, l’ex-Integrity and Compliance Officer de la…GRA qui vous l’avouerez en sait beaucoup plus que vous et nous !

Que nous reste-t-il à faire ? Pas grand-chose sinon priez pour Paul France Tennant et son équipe car même si les autorités décident de lui donner le coup de main, celui-ci aura un prix : signer sans broncher toutes les conditions attachées au permis d’opération, ce qui signifie en clair : la fin du MTC et de ses 210 ans d’histoire, ce qui ramène toujours à ce que Paul Beeby avait dit dans son interview, accordée à Week-End le 1er juin 2021. Pile je gagne, face tu perds !

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