Démissionnez M. Toussaint !

La décision du ministère des Sports, voire du ministre Stephan Toussaint, de permettre, lundi dernier, à la Fédération mauricienne de judo (FMJ) de maintenir ses élections pour ce mercredi 9 mars est très grave. Car quatre jours plus tard, le juge en chambre a émis un ordre d’interdiction contre la tenue de ces mêmes élections, après avoir écouté l’injonction logée en Cour par Joseph Mounawah ! La FMJ étant maintenant appelée à s’expliquer le 23 mars prochain.

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On se gardera de commenter sur cette décision de la Cour, sauf que nous sommes d’avis que Stephan Toussaint s’est mis dans une situation très inconfortable en laissant faire la FMJ. Cela, compte tenu des conditions qui entourent cette assemblée générale élective, notamment en ce qui concerne la transparence et la bonne gouvernance.
Sans compter que l’avis de presse publié le 22 février, annonçant la tenue de l’Assemblée générale élective dans les locaux du Comité olympique mauricien (COM) était erroné, remettant ainsi en question la tenue même de ces élections ! Le COM ayant, à son tour, émis un communiqué faisant comprendre qu’elle n’a pas reçu de requête officielle de la FMJ pour la tenue de ces élections dans ses locaux, à Trianon !

En somme, l’avis de presse, à l’heure où il est publié, comporte une inexactitude et induit en erreur. Forcément, dans ces conditions, le délai de publication de 14 jours nécessaire avant la tenue d’une élection, comme l’exige la loi, devient caduc.
Sauf que le ministre Stephan Toussaint, aussi bien que ses hauts cadres, ceux qui croient tout comprendre sur l’organisation du sport à Maurice, ne semblent pas avoir vraiment mesuré l’ampleur de la gravité des conditions autour de ces élections. Preuve, qu’au ministère des Sports, le sport et ses problèmes deviennent ingérables ! Allez donc savoir si ce n’est pas la faute à certains si aujourd’hui des disciplines, à l’image du judo, se retrouvent dans une telle situation !

Ce qui se passe au sein de la FMJ depuis trois ans est un cas d’école, mais qu’on peine toutefois à résoudre au ministère des Sports. Soit par manque de volonté et de détermination, soit délibérément pour des raisons qui sont propres à certains. Aussi, est-ce le retour éventuel aux affaires de l’ancien directeur de la FMJ, Joseph Mounawah, qui donne des urticaires à certains ? Celui-là même qui avait été très critiqué dans le Forensic Audit payé en partie des fonds publics par ce même ministère des Sports ?

Ainsi, au lieu de dissoudre un comité exécutif de la FMJ que nous considérons illégitime et pas crédible depuis son élection suivant le non-respect de ce même Forensic Audit de la part de certains élus, Stephan Toussaint, avec l’aide de ses hauts cadres, cautionne une fédération qui ne possède pas de compte en banque !

Le ministre Stephan Toussaint a-t-il au moins pris la peine de questionner Josian Valère, président de la FMJ, sur la plainte déposée depuis plusieurs mois à son ministère par Cassis Fraternel Judo Club ? Des allégations que nous considérons même de très graves au point de se poser la question suivante : La FMJ a-t-elle reçu de l’argent “by the 31st January 2022 from the affiliated without having a bank account to handle monies” ?

À moins, bien évidemment, que, depuis, la FMJ a complété les procédures pour obtenir un compte en banque. Alors qu’au 24 décembre 2020 pourtant, cette même FMJ reconnaissait, dans une correspondance, qu’elle n’en possédait pas, soit deux ans après l’élection du nouveau comité !

Aussi, serait-il bon de savoir si le ministre et ses hauts cadres ont au moins voulu savoir comment les frais de licences ont été réceptionnés, alors que le site de la Fédération internationale de judo fait mention de 2600 “Estimated judokas” ! N’est-il pas important de poser la question au président Valère pour savoir combien d’argent a été réceptionné et comment la fédération a ensuite procédé ?

Et si aucune rentrée d’argent ne s’est opérée, est-ce à dire que ceux qui ont participé à des compétitions au cours de ces trois dernières années n’avaient pas de licence, donc contraire à la Sports Act 2016 ? Est-ce à comprendre que le chiffre de 2600 “Estimated judokas” qui apparaît sur le site officiel de la FIJ ne serait pas fiable ? Alors même que Stephan Toussaint a, lui, déclaré, le 26 octobre 2021, au Parlement, que la FMJ comptait 231 licenciés ? Est-ce à dire que cette information donnée par Stephan Toussaint est inexacte ? Dans ces conditions, comment pouvait-il cautionner la démarche de la FMJ d’aller de l’avant avec les élections du 9 mars ?

En laissant passer une telle situation, Stephan Toussaint ne serait-il pas “accountable” de la posture de la FMJ ? Car n’oublions pas que 12 clubs attendent toujours, depuis trois ans, le renouvellement de leur affiliation, alors que la demande d’affiliation de six nouveaux clubs est aussi en souffrance.

La posture adoptée par la FMJ est injuste. Ainsi, demanderons-nous au Premier ministre, Pravind Jugnauth, s’il n’est pas temps de révoquer son ministre des Sports en tenant compte que les droits des clubs ont été bafoués tout en faisant abstraction des règles établies par des institutions du pays ? S’il n’a pas le courage de le faire, alors que Stephan Toussaint parte de son propre chef au nom de la transparence, de l’intégrité et de la bonne gouvernance surtout.

Jean-Michel Chelvan

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