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En voulant trop faire, on fi nit souvent par se prendre les pieds dans le tapis. C’est ce qui s’est passé pour le ministre des Sports, Stephan Toussaint, à l’heure où il commentait le budget 2023/24. Ainsi, avait-il pris le soin de bien défendre sa paroisse, un droit somme toute légitime et surtout sacré en vue de l’échéance des élections générales. Lui qui, précisons-le, devra bosser très dur après avoir été battu lors des dernières législatives de 2019, ne devant son salut politique qu’au système de best loser, basé sur la représentation ethnique ! Sans se rendre compte, Stephan Toussaint s’est tiré une balle dans le pied et par ricochet, dans celui du ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Même qu’en voulant trop répondre aux écrits de Week-End, le ministre des Sports a fait de la publicité gratuite pour l’hebdomadaire et non l’inverse, comme il l’aurait souhaité !

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Ainsi, Stephan Toussaint a voulu voler au secours du Grand Argentier. Cela, après que Week-End a attiré l’attention — avec raison du reste — sur la contradiction provoquée par les chiffres avancés par Renganaden Padayachy et ceux des Sports concernant les primes aux médaillés olympiques et paralympiques de 2024 à Paris. Désormais, c’est officiel. Le « prix spécial » de Rs 1M sera adjoint aux Rs 2 160 000 existants pour récompenser le médaillé d’or à ces Jeux comme nous l’avions questionné le 4 juin. Tant mieux, même si cette somme demeure, pour l’heure, hypothétique et ne sera déboursée qu’en cas de podium ! C’est justement là que Stephan Toussaint intervient pour justifier l’injustifiable. Cela, en interprétant les définitions à sa manière ! Après tout n’est-il pas un politicien, expert pour haranguer les foules sur les caisses de savon et en lui promettant monts et merveilles ? Ce qui est certain, c’est que la communication n’est pas passée entre les deux collègues ministres avant le grand oral. Sinon, comment en bon politicien, Renganaden Padayachy, a-t-il pu passer à côté d’une telle aubaine d’annoncer un « prix spécial » de Rs 3.16M ? Franchement monsieur Toussaint ! “Latab pa ti pou kraze” au cas échéant ? Le gouvernement n’aurait-il pas tiré un très gros capital politique ?

Aussi, pour le ministre, on ne peut pas dire que « le sport est le parent pauvre de ce budget ». Peut-être pour un groupe d’athlètes privilégiés et pour ces organismes grassement considérés comme le Mauritius Sports Council et le Mauritius Multisports Infrastructure Ltd. Dans ce contexte de revalorisation toujours, Stephan Toussaint cite Noemi Alphonse qui bénéficiera, comme neuf autres athlètes, de Rs 30 000 supplémentaires mensuellement jusqu’aux Jeux. Même que le ministre se dit « très très fi er » de ce que la handisportive est en train d’accomplir. Ce qu’il ne dit pas, en revanche, c’est que Noemi Alphonse avait été injustement suspendue par sa fédération, en 2016, suite à une discussion avec l’ancien ministre MSM, Yogida Sawmynaden, pour que ses droits soient respectés en vue des Jeux de Rio ! Conséquence: Elle avait raté les qualifications et sa suspension levée tout juste après !

Ce petit rappel était nécessaire, afin de calmer les ardeurs de M. Toussaint. D’autant que les hypothétiques Rs 3M de prime et les Rs 30 000 annoncés diffèrent du quotidien des autres athlètes. Le ministre sait-il au moins combien touche un sportif au bas de l’échelle dans la grille pourtant dite de haut niveau avant la hausse annoncée de 15% ? Rs 4 875 monsieur ! Très loin du salaire minimum. Certains trouveront à dire que ce n’est pas un salaire, mais une allocation. Soit. Mais comment fait-on alors pour concilier travail et entraînements lorsqu’on a un minimum de 20 heures à respecter sur les sites de préparation ? Cette catégorie de sportifs n’est-elle pas alors le « parent pauvre » du sport local ? Comment ne pas déplorer la démarche indigne de dénigrer l’ancien sprinteur international, Stephan Buckland. Tout cela, parce qu’il a osé critiquer le budget ! Même si ce dernier est désormais un adversaire politique du MSM, le fait demeure que ce grand champion, qui a tant fait vibrer toute l’île Maurice multiculturelle, méritait un minimum de respect ! Ce qui prouve que Stephan Toussaint est loin de connaître et de respecter les principes du fair-play !

Sachez aussi que nous, nous faisons de la politique autrement et jusqu’à preuve du contraire, nous essayons de faire de notre mieux pour apporter notre infime contribution et aider le sport mauricien à avancer dans la bonne direction. La politique politicaille n’est pas notre tasse de thé et on laisse cela aux bons soins de ceux qui s’y connaissent. Notre devise à nous n’est pas de “kol lafis”, de “bros soulie misie-la” ou encore d’exceller dans l’art du “chatwa”. Nous, nous gravissons les échelons à la sueur de notre front, tout comme le font ces nombreux sportifs toujours très mal considérés. Et nous en sommes très fi ers. Nous qui n’avons ni les mains, ni les pieds liés, un des principes sacro-saints nécessaires pour faire notre travail correctement et en toute indépendance. C’est donc au ministre Stephan Toussaint de se remettre en question sur un certain nombre de dossiers. Lui qui, en passant, a accordé moins de deux minutes au volet jeunesse — faute de temps disait-il —, mais qui prend quand même sept minutes pour critiquer l’opposition ! Les jeunes apprécieront certainement.

 

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