Reaz Hosenbocus, ancien conseiller de village, ne passe pas par quatre chemins pour exprimer sa désapprobation concernant la distribution de méthadone à l’hôpital
« Cela se passe très bien pour le moment à l’hôpital de Rose-Belle qui se trouve dans un endroit isolé alors que l’hôpital de Souillac se situe dans un lieu résidentiel », dira Reaz Hosenbocus. Souillac se présente comme un village touristique, qui reçoit la visite d’une centaine d’étrangers par jour et celle des personnes du troisième âge, désireux de découvrir ou redécouvrir des endroits comme Gris-Gris, le jardin Telfair, Le Batelage, la Roche-qui-Pleure, Rochester Fall.
Il y a aussi des bureaux administratifs tels que le Central Electricity Board, le quartier-général du conseil de district de Savanne, la Sécu, la poste qui sont très fréquentés. Les personnes âgées viennent au bureau de la Sécurité sociale pour toucher leurs pensions. S’y trouvent également quatre écoles préprimaires, deux primaires et deux collèges pour filles, le collège d’Etat et Doha, sans oublier les grands-parents et les femmes qui accompagnent leurs enfants.
« Nous avons déjà dans le village de Souillac des toxicomanes qui tournent dans les parages. Tout ça pour vous dire que beaucoup de familles, de touristes, seront exposés aux risques d’agression en pleine journée. J’attire l’attention de ministère de l’Éducation, ceux du Tourisme, de l’Art et du Patrimoine culturel, de la Santé et le centre de jeunesse qui se trouve entre la gare routière et l’hôpital. N’oubliez pas que le bureau de la Sécurité sociale se trouve à 75 mètres de l’hôpital de Souillac. », appréhende Reaz Hosenbocus.
Vela Gounden, ancien conseiller du village de Souillac et travailleur social, s’est dit étonné d’apprendre d’un médecin qui faisait partie des officiels du ministère de la Santé venus animer une réunion avec des habitants de la localité qu’il n’y a pas de donnée qui pourrait établir si les toxicomanes engagés dans une cure de désintoxication avec la méthadone s’en sont sortis.
« Le médecin a avoué publiquement que la dose de méthadone prescrite pour les toxicomanes de 2006 à 2022 ne les a pas beaucoup aidés. Et que des erreurs auraient été commises sur la dose prescrite. Elle n’avait pas eu l’effet escompté car elle ne dure pas longtemps. Les doses appropriées auraient pu être plus efficaces s’il y avait eu un bon monitoring », explique Vela Gounden.
Selon cet ex-conseiller, la décision du ministère de la Santé d’aménager un centre de distribution à l’hôpital de Souillac n’est pas une décision mûrement réfléchie Tout comme Reaz Hosenbocus, il dit craindre que l’aménagement d’un espace à l’hôpital de Souillac puisse avoir des conséquences sur le train-train quotidien des habitants de cette localité.
Nanda Yencanoo, propriétaire d’un snack en face de l’hôpital de Souillac, n’est nullement rassuré depuis qu’il a appris la nouvelle. « Lorsque j’apprends comment se conduisent certains toxicomanes le matin à l’hôpital de Rose-Belle ou l’on distribue de la méthadone, cela donne froid dans le dos. Zot dir bann betiz, zot konportman pa fasil. » dit-il.
Jeanine une habitante de Souillac, craint pour la sécurité de sa fille de 12 qui est en Grade 8 dans un établissement de la localité. L’adolescence, dit-elle, est une période vulnérable. « Il y aura certainement des toxicomanes qui vont essayer de convaincre des adolescents ou adolescentes à la recherche de sensations nouvelles d’aller au-delà de ce qu’ils ou elles peuvent ressentir habituellement. Ki arive si de, trwa etidian less zot inflianse. Vous n’êtes pas sans savoir que le souci de reconnaissance ou d’appartenance à un groupe est très important chez les adolescents. L’acceptation passe par la prise du produit. Il faut faire comme les autres. À Maurice, la drogue se vend partout comme de petits pains. »
Il ne faut pas oublier, ajoute-t-elle, qu’à Maurice, certains qui utilisent la méthadone font le pied de grue devant les centres de distribution et que certains points de distribution ressemblent au Far West.
Et comment les toxicomanes arrivent-ils à sortir du centre avec la méthadone alors qu’ils sont censés l’ingérer sur place ? Et il y a aussi ceux qui ont recours à des ruses pour ne pas la consommer sur place en vue de commercialiser une partie de la dose.
Ackmez Hosenbocus, conseiller de village, s’oppose farouchement à la décision du gouvernement d’aménager un comptoir à l’hôpital de Souillac pour distribuer la méthadone. « Pa kapav permet sa, sa kapav kre gro problem pou bann abitan », prévient-il.
La lettre de Reaz Hosenbocus, ancien conseiller, aux autorités concernées
« All the community of the village of Souillac have joined together as one through an important meeting which result to the humble request letter we are actually sending to the ministry.
We are all aware of the government policy of providing methadone to some people and we also taking in consideration the importance of providing same to drug addicts where it is distributed at Rose-Belle, Plaine-Magnien and L’Escalier villages.
We have been informed that the Ministry of Health is projecting to use the Souillac hospital to deliver Methadone to some of the users in the vicinity. Taking into account the hospital of Souillac is surrounded with inhabitants, schools and specially tourist sites such as Telfair garden and Gris-Gris public beach, we as a community are hereby making a humble request to the ministry to cease the project of providing Methadone in Souillac village. »