Humanitaire : Lakaz A, l’incontournable escale des laissés-pour-compte

Le bâtiment qui abrite l’actuel Day Care Centre et Halfway Home qu’est Lakaz A, sis rue Saint-Georges au coeur de la capitale, doit incessamment subir une rénovation complète. Un projet qui date certes depuis déjà plusieurs mois, face à l’état de décrépitude de la construction, mais qui nécessite un lourd investissement. D’où un certain retard dans la réalisation du projet. Structure soutenue par le diocèse, Lakaz A est une émanation du Groupe A de Cassis, dont l’un des principaux fondateurs est Cadress Rungen. Lakaz A accueille et abrite des toxicomanes, des travailleuses du sexe, des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), des marginaux du pays, entre autres.

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Un centre qui place l’humain au centre des efforts. « Et si aujourd’hui, nous demandons l’aide à tous les Mauriciens, c’est pour nous soutenir et nous aider dans nos prestations, continuer à venir en aide à tous ces Mauriciens abîmés par la vie et les circonstances qui leur ont fait commettre des erreurs et des mauvais choix. À leurs parents, leurs enfants qui souffrent de pair avec eux, dans ces drames humains », déckare Cadress Rungen.

Une partie du capital est déjà là. Les responsables, Ragini et Cadress Rungen, de même que les membres du personnel, les bénévoles, autant que les bénéficiaires sont déjà à l’œuvre et ne s’épargnent aucun effort. Objectif : collecter des fonds, de même que des aides, sous forme de matériaux de construction, de la peinture, « tout ce dont nous en avons besoin pour rénover un bâtiment, de même que des meubles, que ce soit pour les bureaux, mais aussi des armoires et d’autres éléments pour le rangement », expliquent Cadress Rungen et Livio Bienaimé, responsable de l’exercice de levée de fonds de l’ONG.

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Avant que le diocèse de Port-Louis ne mette le bâtiment qui abrite Lakaz A à sa disposition en 2006, l’Apostolat de la Mer y avait ses quartiers. « Nous sommes arrivés plusieurs années après que l’Apostolat de la Mer avait déménagé. À l’époque, quand nous avons débarqué avec quelques bénévoles, rats, cafards, et une multitude d’insectes, de fourmis, avaient déjà investi les lieux. Il a fallu beaucoup de nettoyage et de remise à niveau pour pourvoir les services et prestations que nous souhaitions y avoir » se souvient Cadress Rungen. À l’époque, nul n’avait idée que Lakaz A allait devenir l’escale incontournable pour les centaines de marginaux de la société mauricienne qui sont devenus les principaux bénéficiaires de l’ONG.

Souffrances insoutenables

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Et d’ailleurs, Lakaz A n’était pas enregistrée comme une entité à part entière, à cette époque. En ce début des années 2000, le Groupe A de Cassis, fondé en 1985, étaut déjà engagé dans de nombreuses activités sur le terrain, évoluant essentiellement en milieu des toxicomanes.

« Durant ces années-là, le Brown Sugar, ce dérivé de l’héroïne, faisait déjà d’énormes dégâts auprès des jeunes mauriciens. Nous avions démarré une série d’activités en formule continue sur le terrain auprès des victimes de la drogue. Nos interventions ciblaient spécifiquement ces jeunes devenus esclaves des produits illicites. Ils perdaient totalement leurs repères, faisant vivre le martyr à leurs parents. Ceux-ci, totalement démunis et esseulés dans ces drames humains, n’avaient aucune porte à laquelle frapper », indique Cadress Rungen.

Il fait remarquer que « le but premier, quand le Groupe A de Cassis lançait Lakaz A, c’était de tendre la main à tous ces marginaux qui, pour la plupart, vivaient dans les rues de Port-Louis, rejetés par leurs familles et proches, tantôt parce qu’ils étaient accros aux drogues, tantôt parce qu’ils étaient atteints du VIH ».

Il y avait également une autre catégorie de victimes : les travailleuses du sexe qui, de jour, squattaient le jardin de La-Compagnie. « Il y avait beaucoup d’incompréhension, de malentendus, de confusions, d’ignorance », soutient-il.

Ce denier poursuit : « un dénominateur commun qui revenait sans cesse, c’était le fait que ces Mauriciens qui vivent en marge de la société, dormaient à la belle étoile, que ce soit sur des bancs des jardins ou des gares routières, sous les ponts de la capitale ou dans d’autres endroits où ils se sentaient un tant soit peu en sécurité. Ces hommes et ces femmes n’avaient aucun endroit où se rendre le matin pour se laver, faire un brin de toilette… Certains se rendaient, aux aurores, prendre un bain dans les toilettes du jardin de La Compagnie, qui n’a pas de salle de bains ! Ils se débrouillaient avec les lavabos et les robinets. »

À comme Amour

Le travailleur social ajoute : « nous imaginons aisément que pour les femmes, c’était encore plus compliqué ! Au sein du Groupe A de Cassis, nous avions ces échos par le biais de nos interventions sur le terrain dans les quartiers de la banlieue de Port-Louis. Avec Lakaz A, l’idée était de, justement, offrir ces services et un plus : l’Amour. »

Lakaz A, rappelle Cadress Rungen, « avec un A comme Amour, Attention, Amitié ». Toutes les déclinaisons positives de cet alphabet. « Offrir une tasse de thé, un peu de conversation au détour de laquelle nous apprenions à mieux connaître ces compatriotes. »

Petit à petit, les responsables et bénévoles de l’Ong se rendent compte que « ces hommes et femmes avaient quelques effets personnels dont leur carte d’identité, leurs médicaments pour les PVVIH par exemple, leur carte de patient d’hôpital, entre autres ». Et la moindre des choses, c’était pour nous de leur donner un espace où ils pouvaient garder ces effets personnels en toute sécurité, « sachant qu’ils pouvaient en disposer au moment où ils en avaient besoin », renchérit Ragini Rungen.

Les responsables de Lakaz A se rendent également compte que « nous avions besoin d’une ou de deux salles de bains où ces bénéficiaires pouvaient, en toute quiétude, faire leur toilette, se laver ainsi que laver leurs vêtements, entre autres ». Ces aides et prestations, soutient Cadress Rungen, en sus de l’écoute et du dialogue qui leur était offert, « sont sans jugement et en toute confidentialité, aide à valoriser ces êtres abîmés par les circonstances de la vie ». Ce qui a permis a plusieurs d’entre eux de reprendre une vie normale.

Evolution naturelle

Ce que ceux qui gèrent Lakaz A n’avaient pas vu venir, c’est l’évolution naturelle de leur organisation et son expansion inévitable. « Au fil des ans, les parents des accros aux drogues ont commencé à venir nous voir à Lakaz A. Quand ils ont découvert et compris ce que nous y faisons, nous nous sommes rendu compte de l’énorme souffrance dans laquelle vivaient ces papas et ces mamans. »

Ainsi est né le Groupe SEL (Solidarité Épanouissement Libération) qui regroupe ces centaines de parents depuis des années, participant à des week-ends SEL. « Pareillement, nous avions commencé à accueillir les enfants encore très jeunes de ces toxicomanes dans un souci de leur épargner un destin de délinquant et d’autres ennuis similaires. Et ce projet est devenu les Zanfan Beni, qui continue toujours. Ensuite, un groupe d’élèves qui réalisait un projet sur le centre a été fasciné par la réalité qu’il a découverte ici et il a souhaité poursuivre l’aventure entamée. Ainsi est née CAZADO, avec les week-ends CADO. »

Ces prestations de Lakaz A sont aujourd’hui devenues « nos forces ». Et Cadress Rungen de poursuivre ; « nous avons, bien évidemment, besoin d’argent pour financer nos travaux de développement du bâtiment abritant nos services. Et nous avons aussi cet autre capital, que sont les ressources humaines dans lesquelles nous avons énormément investi et qui, nous en avons la conviction, nous permettra de toujours continuer à répondre aux appels des plus démunis », estiment Ragini et Cadress Rungen, d’une même voix.

Pour l’heure, le couple, le personnel de Lakaz A, ainsi que ses bénévoles et ses bénéficiaires s’activent à « conscientiser le plus grand nombre de Mauriciens à nos projets, dans le but de nous soutenir et nous aider à continuer à produire ces efforts. »

Comment aider ?

Individus comme entreprises peuvent aider dans cet exercice de levée de fonds, explique Livio Bienaimé, responsable du projet. « Nous avons besoin d’argent dans un premier temps pour que les travaux de rénovation, une fois mis en route, ne soient pas interrompus. Une particularité avec Lakaz A, c’est qu’il s’agit d’un centre offrant des prestations à des hommes et des femmes en difficulté. Nous ne pouvons pas envisager d’interrompre ces services. Cela entraînerait trop de complications pour ces bénéficiaires. »

Pour le moment, un compte en banque de la MCB est mis à la disposition. Il s’agit du 000445180617 au nom du Groupe A de Cassis. « Nous encourageons tout un chacun de faire un don, quel qu’il soit. Cela peut être une somme conséquente ou modeste. Par exemple, si certaines personnes veulent faire don de Rs 200 chaque mois, pendant plusieurs années, nous accueillons une telle initiative. Car cela nous permettrait de soutenir les efforts continus du centre. Par exemple, pour les travaux de rénovation, si certains veulent donner des matériaux de construction, de la peinture, du mobilier pour aménager l’intérieur du nouveau centre, ses bureaux mais aussi ses autres pièces comme la cuisine, la salle à manger, les salles de détente, les salles de bains, les endroits où seront installés les meubles de rangement, entre autres », conclut notre interlocuteur.

 

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