CONCERT: Susheela Raman, ensorcelante “voodoo child”

Rarement a-t-on vu un concert se dérouler davantage dans la salle que sur scène ! Et il ne fallait point en douter de la part de Susheela Raman, artiste remarquable, forte d’un irrésistible charisme et servie par un talent inégalable ! Devant un auditorium plein à craquer samedi soir, le concert – “sold out” un mois avant la venue de la reine de la World Music – a surtout marqué au fer rouge le palmarès des 25 ans d’organisation de l’agence Immedia. Le tour de chant de Susheela Raman chez nous est de loin le meilleur concert de ces 25 dernières années !
Composée de jeunes et de moins jeunes, une foule éclectique qui s’est procuré ses billets bien à l’avance a rapidement rempli l’auditorium de Moka. Susheela Raman, Sam Mills, Nathoo Lal Solanki et Kutle Khan – ces deux derniers ayant été recrutés au Rajasthan et jouant des instruments très typiques “nagada” pour le premier cité et une “harpe” selon sa définition personnelle pour le second – n’ont point déçu. Au contraire, ils sont même parvenus à rendre négligeables les petits couacs techniques autant que l’incompréhensible censure pratiquée contre la chanson Paal du répertoire de l’artiste.
Le concert de Susheela Raman à Maurice est sans aucun doute le meilleur concert organisé par l’agence Immedia au cours de ses 25 ans de carrière. D’emblée, la jeune femme née à Londres de parents originaires du Sri Lanka et ayant grandi en Australie, a subjugué une assistance conquise d’avance.
Qu’il s’agisse de ses prières chantées en tamoul ou de ses morceaux comme The same song – extrait de la bande originale du film Namesake de la réalisatrice Mira Nair –, ses titres les plus connus, dont Bolo bolo ou Nagumomo, requête spéciale de son fan et instigateur du concert avec Immedia, Dinesh Burrenchobay, et sa reprise très demandée du Yeh mera diwanapan du célèbre Mukesh, Susheela Raman a tenu toute la salle en haleine, déchaînant l’assistance quelques minutes seulement après le coup d’envoi.
La censure pratiquée sur le titre Paal, extrait de son album Vel, et le pied de nez de l’artiste – digne dans sa blessure – expliquant qu’une interdiction de la part de « some tamil groups here » vis-à-vis de cette chanson, demandant à la salle d’observer une minute de silence, close par les dernières notes de la chanson, jouées par Sam Mills, et présentée comme « the Mauritian version of Paal… », n’est pas étrangère à la sympathie populaire. Cela a valu à la salle de se lever presque comme un seul homme et venir se défouler devant la scène. Mais ce serait réducteur de ne pas y reconnaître la contribution de l’immense talent de l’artiste.
Avec ses allures de Bob Marley de la scène World, jouant de ses boucles comme le pape du reggae avec ses dreads, et dansant, se déhanchant et jouant des reins, Miss Raman a via ses interprétations de Bolo bolo ou d’un titre extrait du répertoire du maestro Nusrat Fateh Ali Khan, enflammé les coeurs et les âmes. Bras ouverts ou en croix, d’une voix qui tantôt jouait sur sa puissance, tantôt sur sa sensualité, elle communiait avec les saints… Alternant plaintes à caractère religieux et hymnes aux allures guerrières, l’artiste a livré un set sans faute. Sa reprise très personnelle du Voodoo Child de Jimi Hendrix n’a fait que transcender l’électricité déjà quasi-palpable dans la salle.
Susheela Raman et ses musiciens à Maurice, on en redemande et à plus fortes doses !

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