Nouvel an chinois : restrictions sanitaires côtoyant le cachet traditionnel

Sandra Koon Sun Pat (Hua Lien Club) : « Peu de pétards uniquement pour le symbolisme et un magazine souvenir »

Accueillir l’année du Tigre ne s’annonce pas du tout selon les termes usuels ; c’est-à-dire, empreint de ces grands dîners réunissant la cellule familiale au sens le plus large, passer des jours de farniente en famille à l’hôtel, organiser et participer aux soirées dansantes, spectacles et défilés en marge du Nouvel An, sonner des kilomètres de pétards sans oublier les très colorées Danses du Lion et du Dragon ! La Fête du Printemps 2022, célébrée ce mardi 1er février, est lourdement plombée par les restrictions sanitaires en vigueur dans l’île, depuis novembre dernier, avec les présences des variants Delta et Omicron. De ce fait, la plupart des familles sino-mauriciennes ont été contraintes de revoir l’organisation. Rencontres.

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Maxime Koon Sun Pat, entrepreneur très connu, citoyen engagé dans le social et membre de la Chambre de Commerce Chinois (CCC), et Philip Li Ching Hum, légiste et ancien enseignant d’anglais au Collège Royal de Port-Louis (RCPL), sont catégoriques, d’entrée de jeu : « Inconcevable que l’on maintienne l’organisation de la Fête du Printemps selon les mêmes termes qu’avant le Covid-19 ! Il est question de la santé de tout un chacun, et après l’épisode de novembre dernier, avec le grand nombre de décès dans le pays, nul ne peut et ne doit se permettre de prendre des risques. Ce serait totalement irresponsable de notre part, d’autant que nous sommes des aînés : nous devons donner l’exemple.»

Sandra Koon Sun Pat, actuelle présidente du Hua Lien Club, abonde dans le même sens : « nous connaissons tous, de près ou de loin, une famille qui a été touchée, souvent même fatalement. C’est ainsi : nous sommes à Maurice, un petit pays, où chacun connaît tout le monde, et on est tous très proches, les uns des autres. Que ce soit dans le voisinage où on habite, sur notre lieu de travail, nous sommes tous très liés. Et nul ne peut rester insensible aux drames vécus en fin d’année dernière. Donc, c’est totalement hors de question de faire fi des précautions d’usage ! »

La fête oui, mais en petit comité

Chacune de ces personnes explique avoir déjà pris les devants, cette année, pour célébrer la veillée du Nouvel An en très petit comité : rien que la cellule familiale classique. Donc, maman, papa et les enfants, et les grands-parents, dans certains cas. Pas d’oncles ni de tantes, ni de cousins. L’idée, c’est de respecter les traditions, surtout celles des ancêtres. Même si tous les rites et coutumes ne peuvent être observés comme avant le Covid-19.

Une chose que regrette beaucoup S. Koon Sun Pat : « le partage des gâteaux ! Que ce soit en famille, avec les voisins, les collègues, les amis… C’est un grand moment de partage que l’on ne pourra avoir cette année.» Philip Li Ching Hum note que « c’est un moment qu’attendent beaucoup les enfants pour recevoir le ‘fung pao’ ! Là, beaucoup d’enfants n’en auront peut-être pas…»

Ces Sino-Mauriciens font aussi remarquer que « la période du Nouvel An chinois est celle où les Chinois du monde entier voyagent le plus : ceux qui sont à l’étranger rentrent au bercail pour être auprès des aînés et de la famille. La tradition veut que ce moment soit célébré avec faste — nourriture, pétards, entre autres. Le partage et le plaisir sont au centre des festivités ». Si en 2021, pour le Nouvel An, Maurice était Covid-Safe et on avait pu marquer la fête dans toute sa splendeur, ce ne sera évidemment pas le cas, cette année. « Hélas !, en effet, c’est un mal nécessaire : on n’a pas le choix, si on veut protéger les autres et se protéger », estime Maxime Koon Sun Pat.

« Ce virus a tout chamboulé ! », reconnaît Philip Li Ching Hum, qui ajoute que « le Nouvel An Chinois est la fête la plus importante de notre calendrier. C’est un événement imprégné fortement de rites, de coutumes et de traditions ancestrales, qui ont toute leur importance et leur symbolisme. Et c’est autour de la nourriture, entre autres, que cela se fait. Mais là, c’est foutu ! »

Sandra Koon Sun Pat retient, pour sa part, « l’immense tristesse qui nous habite du fait que l’on ne pourra voir des parents et proches venus de loin, ni voyager et aller à leur rencontre. Parce que des frontières sont toujours fermées, dans certaines régions du monde, et parce que les contraintes sanitaires ne sont pas qu’à Maurice, mais à travers le monde. Bref, la vie a continué mais nous n’avons pas eu les mêmes possibilités qu’avant la pandémie de se retrouver, se prendre dans les bras et sentir ce soutien durant des temps difficiles. De ce fait, célébrer ce nouvel an, cette année, avec tous ces éléments, ça a un autre goût…»

« Le Tigre est pugnace ! »

L’Année du Tigre, explique Philip Li Ching Hum, « est porteuse d’espoir et de positivité. Le Tigre est pugnace : il ne lâche pas sa proie facilement. Peut-être, et on l’espère bien, le Tigre nous aidera à sortir de cette pandémie, enfin. »

Si la nourriture « sera certainement abondante sur les tables, où nous allons nous réunir en petit comité », soulignent-ils « en revanche, à l’heure des pétarades, on n’en fera sonner que très peu. Rien que pour le symbolisme», explique Sandra Koon Sun Pat. Allumer et faire craquer les pétards, c’est pour chasser la négativité et inviter tout ce qui est positif à entrer dans les demeures, les commerces, entre autres. Mais alors qu’on a l’habitude d’acheter de longs pétards, là, cette fois, on n’en fera sonner qu’un paquet et cela dans un souci de solidarité avec toutes ces familles mauriciennes qui pleurent ceux qui ont disparu, emportés par le Covid-19.

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