Manif Pa Tous Nou Sim Card : Une foule compacte, enthousiasme et déterminée

Percy Yip Tong : « Nous demandons aux Mauriciens de ne pas se presser d’aller réenregistrer leurs cartes Sim »

Le collectif Pa Tous Nou Sim Card, qui conteste le réenregistrement des SIM Cards, dont la date butoir a été fixée au 30 avril, peut se targuer d’avoir attiré une bonne foule, hier, à la manifestation citoyenne organisée dans les rues de la capitale. Les réfractaires à l’Information & Communication Technologies (Registration of SIM) Regulations 2023, entrées en vigueur le 31 octobre, ont, dans une ambiance sereine et plutôt festive, scandé des slogans sans équivoques : « Bye looke nou pa le ! » ou encore « Pa tous nou liberte ! » Juché sur le caisson d’un camion, Percy Yip Tong, l’un des fers de lance du mouvement, a fait ressortir qu’ « il y a quelque chose qui cloche avec cette mesure, qui n’a pas force de loi ! Nous demandons aux Mauriciens de ne pas se presser d’aller réenregistrer leurs cartes Sim, malgré l’énorme matraquage qu’effectuent les services publics à ce sujet. »

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Le parvis de la cathédrale Saint-Louis, rue Pope Henessy, lieu de départ de la marche, a pris du temps avant de se garnir et s’animer, mais les choses se sont inversées aux alentours de 13h15. Si bien qu’on pouvait lire toute la satisfaction qui imprégnait les visages des organisateurs de ce mouvement, à l’instar de Percy Yip Tong et Lyndee Lutchmiah, qui ont donné de la voix pour haranguer la foule, hétéroclite, composée de jeunes et moins jeunes d’horizons divers, massés devant le camion servant d’estrade.

« Nous n’arrivons pas à comprendre la démarche réelle derrière cette mesure gouvernementale. Pour se justifier, le gouvernement a expliqué que cette procédure émane d’une recommandation du rapport de la Commission d’enquête sur la drogue par l’ex-juge Paul Lam Shang Leen, et qu’elle a pour but de contrôler le trafic de drogue. Est-ce que cet argument tient vraiment la route ? Mo pa krwar », a soutenu Lyndee Lutchmiah, sous les applaudissements nourris du public.

« Enough is enough ! »
Les dirigeants de l’opposition étaient nombreux à avoir répondu à l’appel du collectif, à l’image d’Arvin Boolell, Stéphanie Anquetil et Eshan Juman (PTr), Nando Bodha et Rama Valayden (Linion Moris), Patrick Belcourt et Anne Robert (EAM), et Bruneau Laurette et Ingrid Charoux (One Moris). Activistes et syndicalistes ont aussi bravé la forte chaleur de la capitale pour marquer leur opposition à cette loi. Narendranath Gopee, Jayen Chellum, Ivor Tan Yan, Ivan Bibi, Jack Bizlall et l’ex-gréviste de la faim Nishal Joyram, pavoisé du drapeau quadricolore, ont entonné en cœur l’hymne national avant le grand départ qui s’est fait autour d’une foule animée d’un grand enthousiasme au point où les convois se retrouveront scindés en trois, voire en quatre parties avant que les choses ne rentrent dans l’ordre à la rue grâce à une meilleure organisation de tout un chacun. Cela a permis de donner un aperçu du nombre de personnes qui se sont déplacées à cet événement, les plus optimistes spéculant sur la présence de plus d’un millier de manifestants.

C’était l’effervescence devant le bâtiment du Prime Minister’s Office (PMO) et à la Place D’Armes, où la foule grossissait à vue d’œil. « Mo ti pe fer mo shopping, me mo pa’nn kapav reziste. Mo ti bizin zwenn ar bann manifestan pou aport zot mo soutien. Il n’est pas question que j’enregistre une nouvelle fois ma carte SIM. Enough is enough ! On n’a plus confiance en ce gouvernement et ses lois liberticides », confie une habitante de La Tour Koenig. L’ambiance était encore plus chaleureuse aux abords du Jardin de la Compagnie, lieu d’arrivée de la manif, où les participants ont donné de la voix et acquiescé de la main aux paroles formulées par Percy Yip Tong : « Cette loi ne nous semble pas logique. Cela fait une quarantaine d’années que l’on lutte contre le trafic de drogue dans le pays. Comment est-ce que seulement en procédant au réenregistrement de plus de deux millions de cartes Sim le problème sera réglé ? »

Motivés par le succès de la marche pacifique, les membres de la plateforme ont appelé les opposants à cette mesure de rester mobilisés en prévision d’autres rassemblements. « D’autres activités suivront, en amont, jusqu’à la date butoir du 30 avril qui a été avancée par le gouvernement, pour procéder au réenregistrement. Nou pa pou kile », a lancé Percy Yip Tong sur le coup de 14h15 au moment où une pluie battante commençait à arroser la capitale, mais le dernier nommé avait déjà rangé son micro.MT interroge…
Dans le cadre de la plainte constitutionnelle logée par l’avocat Rama Valayden et Ivor Tan Yan, membre de Linion Moris, contestant les Information & Communication Technologies (Registration of SIM) Regulations 2023, Mauritius Telecom (MT), par le biais de son avoué, a adressé, le 21 février 2024, une liste de 24 questions aux principaux concernés.
À l’appel de l’affaire devant la Master and Registrar de la Cour suprême, MT a fait parvenir à la cour un document légal de son avoué dans lequel elle demande comment les réglementations « permettront à MT d’accéder à des données confidentielles comme les opérations bancaires sur Internet, le transfert de fonds et les coordonnées bancaires ». Aussi, MT demande comment les nouveaux règlements seront susceptibles de permettre les écoutes téléphoniques, de surveiller des conversations téléphoniques et des courriels des citoyens.
Pour sa part, l’avoué Vassen Atmarow, qui représente Rama Valayden et Ivor Tan Yan, a répondu aux questions de l’Information & Communication Technologies Authority dans cette affaire. L’avoué a répondu que les réponses à un certain nombre de questions sont une question de preuves qui seront soumises devant le tribunal.

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