Relations industrielles – Conditions de travail : La FTU dénonce des abus « tolérés » dans le secteur privé

La Fédération des Travailleurs Unis (FTU) interpelle les autorités au sujet de la situation prévalant au sein du secteur privé. Atma Shanto affirme qu’il existe une dégradation de la qualité de l’emploi et un abus de l’utilisation des caméras de surveillance. Il déplore également que des patrons refusent de négocier sur les salaires, justifiant le fait qu’il y a eu une compensation salariale et que le salaire minimum a été revu à la hausse.

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Atma Shanto précise qu’en plusieurs occasions, des plaintes ont été logées au ministère du Travail, ainsi qu’à la police, mais il n’y a eu aucune suite. « Aujourd’hui, il y a un gros problème au niveau de l’Enforcement au ministère du Travail. Il y a des lois pour protéger les travailleurs, mais celles-ci ne sont pas appliquées lorsque des abus sont rapportés », dit-il.

Pour le porte-parole de la FTU, les autorités ont démissionné devant leurs responsabilités, notamment au ministère du Travail. « J’ai tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises. C’est très rare qu’un cas soit transféré à la Cour industrielle. Là encore, cela dure trois à cinq ans», s’insurge-t-il. Il ajoute que les fermetures et les licenciements se poursuivent dans le pays.

Atma Shanto critique également des employeurs qui, d’après lui, disposent des droits des travailleurs comme bon leur semble. « Il y a un hôtel, en l’occurrence le Club Med, qui a choisi de fermer l’établissement pendant le mois de juin en raison de Low Occupancy et pour rénovation. Les employés recevront leurs salaires habituels, mais, en revanche, leurs Annual Leaves seront déduits. Or, les Annual Leaves appartiennent aux travailleurs. Ce sont eux qui doivent décider quand ils veulent en profiter et non pas l’employeur», dit-il.

Atma Shanto dénonce la démarche du gouvernement d’apporter des changements aux lois du travail par le truchement du Finance Bill. « Il y a eu des changements sur les Annual Leaves, justement, qui seront maintenant accumulés, comme c’est le cas pour les Sick Leaves, sans qu’il n’y ait eu de débats à ce sujet. On a profité du Finance Bill pour faire voter ces amendements en catimini. De même pour les conditions concernant le service dans les hôtels pendant les cyclones», fait-il comprendre.

Atma Shanto s’élève également contre la situation à Newrest Mauritius. Pour lui, des détecteurs de métaux sont utilisés sur les employés par le service de sécurité. Ce qui pourrait être potentiellement dangereux pour les femmes enceintes. « Dans cette même entreprise, le personnel doit déposer les téléphones portables à la sécurité avant de prendre le travail », avance-t-il. Récemment, ajoute le syndicaliste, il y a eu une personne dont le père était décédé ; ses proches ont essayé de la contacter pendant toute la journée pour la prévenir, sans succès. « Ce n’est qu’après le travail qu’elle a appris le décès de son père », ajoute Atma Shanto.

Par ailleurs, le syndicaliste dénonce avec force l’utilisation abusive de caméras de surveillance dans les entreprises. Il estime que le ministère de la Technologie doit élaborer un cadre à cet effet. « À ce jour, il n’y a pas de Guidelines et les patrons placent les caméras là où ils veulent. Avec la technologie, ils peuvent même surveiller les employés à partir de leurs téléphones portables quand ils sont chez eux. C’est inacceptable. C’est également dommage que le Data Protection Office ne réagisse pas à ce sujet », trouve-t-il.

Dernière tendance en date : le refus de certains patrons de s’engager dans des négociations pour les révisions salariales. « Ils avancent que le salaire minimum a déjà augmenté et qu’il y a eu aussi la compensation salariale. Or, ces deux éléments n’ont rien à avoir avec les révisions de salaire comprises dans le Collective Bargaining.» Il invite le ministère du Travail à réagir.

Atma Shanto déplore également le fait que la législation concernant la compensation salariale 2024 a été publiée avec du retard. « Ce qui fait que certains employés n’ont pas reçu de compensation en janvier. Le Premier ministre doit sanctionner son ministre du Travail pour cela », préconise-t-il.

La FTU dénonce aussi des employeurs qui demandent à leur personnel de travailler davantage, parce que le salaire minimum a été revu à la hausse. Il regrette que pour certains, les travailleurs ne soient devenus qu’un simple « outil de production ».

 

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