Une “affaire” d’état ?

Les centaines de milliers de Mauriciens qui ne peuvent se passer des bulletins d’informations diffusés chaque heure sur les ondes de nos radios, mais surtout le journal télévisé de notre station nationale, se réjouissent, peut-être, que notre Supremo national n’occupe plus la première place de la scène médiatique depuis quelques jours, ou est-ce quelques semaines déjà ? Mille fois merci, serait-on tenté de dire, à la dame en rouge qui ne cesse d’occuper la une des médias depuis ce fameux incident, un certain 10 décembre de l’année dernière dans un centre de dépouillement des bulletins de vote à l’issue des élections municipales tenues la veille. Incident qui continue à défrayer la chronique déclenchant plusieurs sous-thèmes de l’histoire, comme les télé-séries bollywoodiennes dont les Mauriciens sont des mordus !
L’on a eu droit à l’épisode de la saisie des téléphones cellulaires de l’autre acteur de l’incident, suivi d’une descente des lieux chez lui et de son inculpation provisoire. Il y a eu le transfert précipité des agents de la force policière, pour « n’avoir pas suivi les procédures ». C’est ce qu’a répondu à l’Assemblée nationale, le Premier ministre à une PNQ du Leader de l’opposition, pas sans avoir perdu de sa superbe, ramenant le débat à un niveau on ne peut plus bas. Puis, les longues heures d’interrogatoire du leader du MSM, les 26 décembre et 3 janvier pour finalement se voir dire qu’aucune charge n’est retenue contre lui. Ensuite, la claque magistrale infligée par la décision du Directeur des poursuites publiques, lors de la parution de Monsieur Sawminaden en cour qu’aucune charge n’était, non plus, retenue contre lui. Claque que les caciques du Ptr, ont convenablement choisi de passer sous silence, devenant plutôt les porte-voix du juge en chambre suivant le « gagging order » et le « ruling » de ce dernier restreignant la marge de manoeuvre deux groupes de presse de parler de la principale protagoniste de tout cet imbroglio. Et voilà que le bruit des bottes s’est fait entendre de nouveau dans les bureaux de la direction du Week-End, pour avoir rapporté les propos, (dénoncés comme étant faux dans une déposition faite à la police par SAJ), tenus lors d’une conférence de presse par nulle autre que la directrice de communication du même Ptr. Au moment de la rédaction de ces lignes, la police n’avait pas encore interrogé celle concernée par la diffusion de ces “fausses” nouvelles, malgré le fait qu’une déposition contre elle avait été faite depuis plusieurs semaines. Allez comprendre !
Tout ceci, mis à part l’intérêt public suscité de par son côté fortement politique, a ramené le débat sur ce qui sépare la vie privée de la vie publique. Il n’y a pas de doute que dans le cas qui nous concerne, le fait même de la démarche publique de la dame en rouge ce fameux 10 décembre a fait qu’elle s’est propulsée au devant de la scène médiatique. Les membres de la presse écrite et parlée qui y étaient pour couvrir l’événement électoral ont très vite fait de l’incident la une des nouvelles. On pourrait s’aventurer à dire que l’affaire a même dépassé le cadre public. Un incident de ce genre impliquant des caractères lambda n’aurait eu aucun droit de cité, sinon peut-être sous la rubrique faits divers !
Et voilà que, de par l’implication de nos institutions républicaines dans cet incident, à commencer par la police, la presse en passant par l’Assemblée nationale et le judiciaire, c’est devenu une “affaire” d’état ! Sans jeu de mots !      

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