AGALEGA — Laval Soopramanien : « Kontra lakaz avan poz premie pier lapis laterisaz »

  • Un Agalega Welfare Fund Board parmi les autres revendications votées lors d’un rassemblement

Si les Agaléens présents dimanche au rassemblement organisé par l’association Les Amis d’Agalega ont beaucoup insisté sur le besoin d’informations et de communication « au plus vite » concernant la construction de la piste d’atterrissage et d’une nouvelle jetée dans l’archipel, ce n’est pas leur seule revendication faite au gouvernement. Ils ont ainsi demandé que toutes les familles de l’archipel obtiennent le contrat de propriété de leurs maisonnettes respectives avant la pose de la première pierre des travaux de construction, confiés à la multinationale Afcons Infrastructure Ltd.

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Malgré les grosses averses accompagnées d’orages ayant gravement affecté la région de Port-Louis dimanche, une cinquantaine de personnes, dont bon nombre d’Agaléens, ont participé à la réunion prévue au centre des Amis d’Agalega, à Roche-Bois. Laval Soopramanien, président de cette association, a ainsi clairement fait comprendre que les habitants de l’archipel aussi bien que les Agaléens résidant à Maurice ne sont nullement contre le développement de l’archipel, « comme le feraient croire certaines personnes » au gouvernement. Toutefois, a-t-il souligné, les Agaléens, mais aussi « bon nombre de citoyens » de la République de Maurice, déplorent le manque d’informations sur le projet d’une piste d’atterrissage et d’une jetée, ainsi que les autres projets de construction envisagés par le gouvernement.

« Ce refus des autorités de communiquer les informations que les Mauriciens demandent depuis plus d’un an, a ajouté Laval Soopramanien, contraste avec la manière de faire d’autres investisseurs locaux et étrangers qui avaient des projets de développement similaires pour l’archipel mais lesquels ont été rejetés par les gouvernants d’alors. » Il a cité à titre d’exemple un projet présenté par le groupe IBL durant la période du gouvernement MSM-MMM (2000-2005) et celui d’un consortium sud-africain en partenariat avec des Mauriciens un peu plus tard. « Sa bann promoter-la ti ena renion ek nou sak semen pou diskit lor tou bann laspe zot proze e nou ti o kouran ki zot ti pe anvi fer dan zil.

Me pou sa proze ki Afcon pe fer azordi nou pena oken detay », a expliqué Laval Soopramanien. À plusieurs reprises, ce dernier a insisté sur « une participation des Agaléens » à tout projet de développement concernant l’archipel. « Developman bizin fer ek nou, me pa san nou ! » a scandé plus d’une fois dimanche le président des Amis d’Agalega, propos qui sont d’ailleurs devenus le slogan de cette association depuis le début de cette année dans le contexte des travaux ayant commencé dans l’archipel. « Letat bizin donn tou bann Agaleen zot sans partisip direkteman ou indirekteman dan developman ki zot pe anvi fer », ont insisté les dirigeants de cette association.

Outre cette quête d’informations, les organisateurs de la réunion sont revenus dimanche à la charge sur plusieurs doléances des Agaléens transmises à plusieurs reprises aux politiciens et aux autorités. Ils ont demandé à l’assistance de voter à main levée pour des résolutions sur ces questions. C’est ainsi que les habitants de l’archipel réclament leur contrat de propriété des maisons dans lesquelles ils habitent depuis plusieurs années. « Nou diman gouvernman donn bann abitan Agalega zot kontra lakaz avan ki fer poz premie pier pis laterisaz ek zete » a lancé Laval Soopramanien.

Une autre demande qui a été soutenue par l’assistance concerna la création d’un Agalega Welfare Fund Board de la même manière qu’il existe un Ilois Trust Fund pour la communauté des Chagossiens à Maurice. L’assistance a aussi applaudi la requête faite aux principaux partis politiques pour que Agalega soit représentée sur la liste des candidats aux prochaines élections.

Par ailleurs, quatre autres intervenants (Meyline Poulay, Jimmy Harmon, Alain Langlois et Jills Johnson), proches collaborateurs des Amis d’Agalega, ont abordé pour leur part d’autres problèmes auxquels sont confrontés les habitants dans l’archipel au quotidien. Ils ont ainsi évoqué la dégradation de l’environnement depuis quelques années et les craintes de conséquences de gros travaux de constructions sur l’écosystème en raison de l’absence d’un permis EIA. Mais aussi le système de santé, qui est « inadéquat », disent-ils, et l’obligation pour les femmes enceintes de venir à Maurice dès le troisième mois de grossesse pour suivre leur traitement, et ce jusqu’à l’accouchement. Ils ont enfin élaboré sur le système éducatif, qu’ils jugent « inapproprié » au contexte de l’archipel, la « lenteur du ministère » à apporter des changements réclamés ainsi que « le manque d’intérêt des politiciens de tout bord » pour Agalega, « malgré leurs nombreuses promesses pour améliorer le sort de la population » dans l’archipel.

Des Agaléens : « Surpris et déçus des propos du PM! »

Les Agaléens ne cachent pas leur étonnement devant les derniers commentaires officiels par rapport à leurs revendications légitimes. La déclaration du Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors sa visite à Rodrigues samedi dernier, selon laquelle il y aurait « une campagne de démagogie » dans les commentaires au sujet de la construction d’une piste d’atterrissage et d’une nouvelle jetée à Agalega, et ce parce que l’Inde est concernée par la réalisation de ces projets, a laissé un arrière- goût amer pour les habitants dans l’archipel.
« Nou bien desi par seki Premie minis finn al dir dan Rodrig. Nou ti pe atan ki li ti pou dir ki gouvernman pou ouver sa dialog sosial ek sa kominikasion ki nou pe rode-la, me li finn koz demagozi », réagissent des habitants. Et de demander « pourquoi le Premier ministre a attendu sa visite à Rodrigues pour faire une telle déclaration ? ». Les résidents dans l’archipel prennent Pravind Jugnauth au mot lorsque ce dernier a ajouté qu’il est « malheureux » que certaines personnes ne soient pas au courant du développement que le gouvernement veut apporter dans l’archipel, et qu’il a attribué cela « peut-être à un manque d’information ».

« Se zisteman bann linformasion ki nou pe demande. Me kot nou pou gagyn bann bon linformasion si bann otorite pa kominik ek nou direkteman ? » répliquent avec agacement des habitants. Ces derniers jugent aussi « déplorable et attristant » les propos du Premier ministre selon lesquels les questions perdurent parce que c’est l’Inde qui réalise ces projets d’infrastructures. « Se bann alegasion ki Premie minis pe fer. Nou pena nanryen kont Lind. Nou pe denons selman mank linformasion. Nou ti pou azir parey si enn lot pei ti pe fer sa proze-la e ki li pa donn linformasion popilasion Agalega », lancent nos interlocuteurs.
Par ailleurs, le MV Trochetia, affrété par Afcons Infrastructure pour le transport d’un groupe de travailleurs indiens à Agalega, est de retour à Maurice depuis hier après-midi.

Soulignons que 14 Agaléens qui souhaitaient faire un déplacement à Maurice pour un “check-up” médical à la demande du médecin de service dans l’archipel étaient parmi les passagers. Ces derniers ont finalement voyagé gratuitement aux frais d’Afcons alors que l’OIDC les avait informés qu’ils devraient débourser une somme de Rs 10 000, le bateau ayant été réservé par la firme indienne.

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