ART CONTEMPORAIN: Les villes oniriques de Klibansky pour la première fois hors d’Europe

La galerie 3A de la Mivoie à Rivière-Noire commence l’année 2012 en mettant l’accent sur le plus jeune des artistes internationaux qu’elle représente. Huit oeuvres et trois études de Joseph Klibansky y sont en effet exposées jusqu’au 31 janvier, une première hors d’Europe. Cet artiste très en vogue, qui a fait la dernière pochette du DJ Arnim van Buuren, a fait tous ses solos en Europe jusqu’ici. Le galeriste Christian Mermoud le représente en exclusivité pour l’océan Indien. Aussi a-t-il voulu faire connaître les nouvelles pièces qu’il vient de recevoir.
Le galeriste Christian Mermoud exposait en permanence deux ou trois pièces de Joseph Klibansky depuis l’ouverture de sa galerie il y a plus d’un an. Représentant exclusivement cet artiste dans l’océan Indien, il lui a commandé cinq nouvelles pièces, livrées en décembre en vue de ce solo, qui sont exposées aux côtés de trois autres originaux ainsi que d’une série d’études. Né en 1984 en Afrique-du-Sud, Joseph Klibansky a installé son studio à Naarbel, près d’Amsterdam, d’où il crée ses images oniriques qui se vendent à travers le monde avec un succès étonnant pour un si jeune artiste. Aussi ce solo est-il le premier qu’il ait jamais réalisé hors d’Europe…
Si la photographie est son médium de départ, Joseph Klibansky la transcende en faisant fusionner une multitude d’éléments dans une même image, qu’il va ensuite rehausser à la peinture. La touche finale consiste en une couche de résine à base de crystal liquide, qui donne une rendu particulièrement « glossy », accentue les contrastes et crée une profondeur proche de la troisième dimension. Cette peinture photographique apporte un cachet particulier à ses oeuvre, et le regard qu’il porte sur l’architecture, la ville et les humains qui l’animent, est une marque de fabrique.
Pourtant fixes, ces images expriment un sentiment de vitesse presque étourdissant, l’idée du changement perpétuel et rapide des sociétés modernes, en intégrant une multitude d’éléments en mouvements. Même ses images apparemment les moins complexes – comme Escape from Paris – présentent ces particularités avec une grande expressivité. L’Arc de Triomphe du Champ de Mars prend vie ici, semblant se gonfler d’oxygène, tandis qu’une nuée de motards, tous identiques, semblent prendre la fuite. Le ciel indique le vent des départs vertigineux et l’on entend presque le vrombissement des moteurs. Contrairement à la plupart de ses travaux généralement multicolores, l’oeuvre est ici monochrome.
Dynamique du futur
Joseph Klibansky part toujours de l’architecture et de la ville pour créer ses images. Ses cités oniriques sont denses, mouvementées et multitemporelles. Elles fusionnent le passé et le futur, éléments statiques et éléments mobiles, pour composer un ensemble où des espaces séparés dans la vraie vie, se rejoignent exceptionnellement. La luminosité et les couleurs acidulées de ses compositions créent une douce frénésie, où les grandes réalisations architecturales du monde entier se côtoient (comme dans Asia Delight).
Ses choix prennent une tournure surréaliste comme lorsqu’il transforme les rues d’une cité moderne en fleuve sillonné par des pirogues thaïlandaises (New fusion). Les arbres prennent racine dans les immeubles, des fougères prolifèrent aux fenêtres, des papillons géants volettent dans l’atmosphère, tandis que les nénuphars s’épanouissent à fleur de bitume (Overgrown). Aussi notre homme s’amuse-t-il a mêler les références les plus éloignées, avec par exemple Spacious City, où des astronautes traversent la rue comme n’importe quel passant, en étant soumis à la pesanteur pour notre plus grand plaisir.
Chacune de ces compositions fusionne de 300 à 600 images, ajustées les unes aux autres par couches successives afin de créer ce monde empreint d’une dynamique hypnotique, inspirée par la vie moderne et les technologies digitales. L’artiste travaille chaque oeuvre jusqu’à ce qu’elle corresponde à l’image qu’il a en tête, ce qui peut prendre de 100 à 150 heures de travail. Après avoir flatté le regard, ces images généreuses et positives apportent, malgré leur densité, une bouffée d’air frais apte à nous réconcilier avec notre avenir.

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