BRÛLÉ AU 3E DEGRÉ : Je suis un miraculé, a déclaré Clency Bibi

En ce début d’année, le Central Electricity Board (CEB) a été condamné pour grave négligence ayant causé de sévères brûlures. Les faits, eux, remontent à septembre 2008, lors de l’explosion d’une machine à la station de Fort George. Clency Bibi avait alors été brûlé au 3e degré et souffre toujours de graves séquelles. Ce jugement, Clency Bibi l’accueille favorablement : « Cet accident m’a changé car physiquement et moralement, j’ai eu de graves séquelles. »
Le 29 septembre 2008, Clency Bibi, alors chef de quart côté technique au CEB, est informé d’un problème avec un des générateurs, de la fumée sortant du Turbo Compound System. Avec deux collègues, il s’en va inspecter le générateur lorsque l’explosion a lieu. Projeté à terre, le corps en feu, il a le visage brûlé. Il parvient quand même à appeler à l’aide. « J’avais alors 50 ans et j’ai vu ma vie s’écrouler. On m’a emmené à l’hôpital Jeetoo et, par la suite, j’ai subi de nombreuses opérations à La Réunion. Aujourd’hui encore, je dois subir plusieurs greffes du visage. Mes paupières ne se ferment plus et j’ai une surdité prononcée. Le CEB a voulu faire porter le chapeau à mes deux collègues et moi. De nous trois, j’ai été le plus atteint. Cette décision de la justice est un soulagement. »
Mais Clency Bibi n’est pas homme à se laisser abattre. « À un certain moment, j’ai ressenti une certaine frustration et même de la colère. C’est bien que le gouvernement ait poursuivi le CEB pour négligence. La compagnie n’avait pas suivi les procédures de sécurité. » Obligé de porter des appareils auditifs du fait de sa surdité prononcée, il doit aussi porter des vêtements compressifs et un masque pour se protéger le visage en raison de sa peau brûlée. « Je souffre encore et j’ai d’autres traitements sur une période de dix ans. J’espère recevoir une bonne compensation pour pouvoir me soigner. »
Il ne souhaite toutefois pas se morfondre sur le passé. « Je ne serai plus cet homme avec cette joie de vivre, qui conduisait ses enfants à l’école, qui faisait du sport et du jardinage. Mon fils, Fabien, qui faisait des études en France, a dû rentrer à Maurice à cause de ma maladie. Il a heureusement pu décrocher une bourse pour être ingénieur. Ma fille Anaëlle, elle, fait un Master en biogénétique à Lyon, et Emma, ma petite dernière, est en 3e année de Licence de psychologie. J’ai eu cette chance de voir la réussite de mes enfants. Le soutien de ma femme et de ma famille m’a aidé à surmonter mon handicap. »
Notre interlocuteur attribue à sa foi en Dieu l’acceptation de sa souffrance. « Je suis un miraculé. Échapper à une septicémie et encore espérer un jour retrouver l’ouïe reste ma force. » Il accorde une grande importance à « l’honneur sauvé » dans le cadre de ce jugement. « Mettre en cause mes compétences professionnelles de technicien était un rude coup porté. Mais la vérité a triomphé et le magistrat a bien statué que c’est le board du CEB qui n’avait pas mis en branle l’Automatic Tripping Device qui aurait pu refroidir la machine et éviter ainsi l’explosion. »
La plus grande souffrance de Clency Bibi est de ne plus pouvoir rire, danser, faire du jardinage ou encore aller à la plage. « Je souhaite simplement recevoir la compensation qui m’est due par le CEB pour pouvoir poursuivre mon traitement et survivre. » Malgré son handicap, l’homme a repris du travail au CEB, où il s’occupe désormais des commandes. « Après quatre ans au chômage, j’ai repris le goût de vivre… »

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