GM Business – Consultations pré-budgétaires – Les syndicats : l’arme fiscale en avant

Pendant environ deux heures hier, les représentants des fédérations syndicales, qui ont été reçus par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, dans le cadre des consultations pré-budgétaires, ont misé sur un élan de solidarité pour faire face aux répercussions de la Covid-19. Aux dires des syndicalistes, le Grand Argentier s’est montré à l’écoute de leurs propositions. Il devait toutefois laisser planer un doute sur la présentation du Budget Speech lors de la séance de l’Assemblée nationale du 4 juin devant démarrer à 17h.

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Les échanges, animés principalement par les dirigeants d’une dizaine de fédérations syndicales en présence également du ministre du Travail, Soodesh Callichurn, se sont déroulés dans une ambiance bon enfant. Ce rendez-vous budgétaire a été marqué par l’absence des dirigeants de la General Workers Federation (GWF) et de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), en guise de protestations contre l’adoption de la COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Act. Le président de l’All Employees Confederation (AEC), Rashid Imrith, s’est appesanti sur la nécessité d’une exemption fiscale pour des salariés avec des revenus de Rs 30 000 par mois. Il prône également un barème gradué pour d’autres catégories de contribuables, soit de 5% à 20% pour les salaires entre Rs 30 000 et Rs 200 000. Par contre, ceux touchant plus de Rs 200 000 devraient être assujettis à une taxe directe de 30% au lieu de 15% comme actuellement.

Rashid Imrith a réclamé l’introduction d’une Universal Minimum Grant, qui consiste à accorder un salaire minimum et une exemption du paiement des factures d’électricité, d’eau et d’Internet. Cette Universal Minimum Grant est destinée à ceux qui perdront leur emploi avec les séquelles de la Covid-19.

Le président de l’AEC a aussi fait un plaidoyer en faveur de Rodrigues. Il a laissé entendre que le budget, voté à l’Assemblée régionale de Rodrigues, a été préparé avant la période de confinement. « Il n’y a pas a priori un secteur privé à Rodrigues. C’est le ARR qui fait le travail du secteur privé dans l’île. Nous demandons ainsi au gouvernement d’augmenter le budget de l’ARR, car il faut prendre en considération les facilités accordées au secteur privé à Maurice », a-t-il dit.

Au chapitre du prochain rapport du Pay Research Bureau (PRB), Rashid Imrith a concédé que la pandémie de Covid-19 et le lockdown « sont venus chambouler le calendrier de travail ». Il préconise une nouvelle Grading Structure pour les nouveaux postes et un nouvel exercice de planification des ressources humaines. « Le PRB doit être un outil pour se servir de la Covid-19 comme une opportunité », ajoute-t-il. Et de mettre en exergue que les self-employed doivent se faire enregistrer auprès de la Mauritius Revenue Authority et s’acquitter des contributions du National Pensions Fund (NPF) « pour qu’ils soient mieux armés contre les inattendus ».

Pour sa part, Reaz Chuttoo, de la CTSP, demande au gouvernement d’interdire cette année toute déclaration et tout paiement de dividendes de la part du secteur privé. Il souhaite également que l’âge de la retraite soit ramené à 60 ans.

Les autres propositions formulées par la CTSP sont comme suit : un visa sanitaire obligatoire pour les touristes ; une taxe sur la fortune ; un barème d’Income Tax dans la fourchette de 17,5% à 22 % sur les revenus mensuels entre Rs 100 000 et Rs 200 000 ; une réduction de la vignette pour véhicules utilitaires de Rs 16 000 à Rs 6 000 pour petits entrepreneurs et l’amélioration des conditions de travail des migrants.

Abordant le Stimulus Package avec la pandémie du coronavirus, Reaz Chuttoo prévoit que l’État doit l’accorder sous la forme d’Equity ou un pourcentage d’action revenant au gouvernement. Il a aussi souligné qu’il y a actuellement « un abus » sur le changement des conditions de travail dans des entreprises.

Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, a, lui, souligné que le ministre des Finances n’a pas donné d’indication quant à la teneur du prochain budget. « Il ne faut pas se servir du prochain budget pour appauvrir la population qui a assez souffert à cause de la Covid-19 », dit-il.

Face au risque croissant du taux de chômage, Haniff Peerun est d’avis que le gouvernement doit prendre entre 15% et 20% des terres des sucreries pour permettre aux chômeurs de se lancer dans la culture vivrière et l’élevage. Il demande aussi au gouvernement d’entreprendre une étude sur les entreprises se disant être dans le rouge avant de leur accorder le soutien financier découlant du Stimulus Package.

Par ailleurs, le représentant du MLC s’élève contre le faible taux d’intérêt à l’épargne, soit de 0,75%. « Il faut à tout prix protéger les petits épargnants. Ki sannla pou al gard so kas dan labank ? Mo trouv sa pa normal ki ti dimounn pey 15% tax e gro palto pey parey », avance-t-il, en réclamant « un budget humaniste ».

De son côté, le président de la Confederation of Free Trade Unions, Radhakrishna Sadien, en appelle au gouvernement pour qu’il institue un système de contrôle des prix sur les produits de première nécessité. Atma Shanto, président du Trade Union Consultative Congress, abondant dans le même sens, réclame une compensation salariale intérimaire pour faire face à la hausse de l’inflation. « Le ministre des Finances doit faire un choix, soit continuer à écouter les employeurs, qui crient comme d’habitude au loup, soit écouter la voix des travailleurs qui l’a mené au pouvoir aujourd’hui », dit-il.

Clency Bibi, président de la GWF, a fait part de « sa désapprobation sur la déréglementation des lois du travail et l’espace démocratique des Mauriciens ». Il a déclaré que « la fédération n’a pu organiser une manifestation en raison du couvre-feu sanitaire ». Et d’ajouter : « Nous n’avons d’autre moyen pour exprimer notre insatisfaction à part le boycott de cette réunion. Nous ne voyons pas comment le prochain budget va venir calmer la colère des travailleurs. »

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