INTERVIEW: Jean-Michel Pitot, « Ouverture d’un hôtel quatre étoiles de 215 chambres en octobre 2013 »

Jean-Michel Pitot, CEO du groupe Attitude, qui fête ses quatre ans cette année, annonce l’ouverture d’un nouvel établissement hôtelier nécessitant des investissements de Rs 1,4 milliard. Le groupe hôtelier compte déjà neuf établissements hôteliers de trois et quatre étoiles. « Avec un parc hôtelier de neuf hôtels en cinq ans l’année prochaine, nous allons nous positionner comme un acteur majeur du tourisme mauricien avec 857 chambres. Nous allons également consolider et stabiliser le groupe qui a effectué des investissements massifs durant les cinq dernières années, malgré un climat devenu très difficile et compétitif », explique Jean-Michel Pitot dans un entretien accordé au Mauricien.
Quelle est la spécificité du groupe Attitude ? Comment se démarque-t-il des autres groupes hôteliers mauriciens ?
Nous nous différencions par notre positionnement de spécialiste dans l’hôtellerie trois et quatre étoiles et ceci restera notre activité principale. Avec Attitude, nous avons également vu l’opportunité de lancer une nouvelle aventure que nous avons voulue différente… Nous avons choisi d’offrir à nos clients une expérience mauricienne unique. Tous les clients découvrent au sein de nos hôtels de style contemporain, le charme authentique mauricien.
Le groupe est construit autour de trois piliers : ses clients, ses Family Members (membres de l’équipe), son pays. Attitude est une promesse portée par ses Family Members qui, à travers leur accueil, leur sourire et leur savoir-faire, mettent tout en oeuvre pour faire du séjour de nos clients une inoubliable rencontre avec la véritable Île Maurice. Notre objectif est atteint quand les clients rentrent dans leurs pays avec un souvenir mauricien bien réel.
Quels sont les développements futurs pour le groupe ?
En octobre 2013, un hôtel quatre étoiles de 215 chambres, dont l’investissement s’élève à Rs 1,4 milliard, ouvrira ses portes à Calodyne et viendra agrandir le parc hôtelier du groupe Attitude. Avec les promoteurs de ce projet, la famille de feu Jean Marc Harel, le groupe Attitude a travaillé sur un concept novateur pour cet hôtel de la dernière génération des quatre étoiles à l’Île Maurice. Le chantier avance bien, les échéances seront respectées et l’ouverture est prévue pour octobre 2013.
Avec un parc hôtelier de neuf hôtels en cinq ans l’année prochaine, nous allons nous positionner comme un acteur majeur du tourisme mauricien avec 857 chambres. Nous allons également consolider et stabiliser le groupe qui a effectué des investissements massifs durant les cinq dernières années, malgré un climat devenu très difficile et compétitif.
Notre prochaine surprise aura lieu le 26 octobre prochain où nous dévoilerons le concept et la marque du projet Créolia.
La plupart des groupes hôteliers connaissent des difficultés et sont dans une perspective de réductions des coûts. Attitude continue à investir, à s’agrandir, à se développer…. On dirait que la crise de vous touche pas, quel est votre secret ?
La crise économique touche incontestablement le secteur touristique, et le groupe Attitude n’y échappe pas. Mais nous avons des investisseurs qui font confiance à nos capacités de gestion, de ventes et d’optimisation des coûts. Notre positionnement dans le trois et quatre étoiles nous permet également d’offrir un service de grande qualité, sans avoir à respecter des normes coûteuses imposées aux cinq étoiles. Nous avons établi des relations solides avec nos partenaires tour opérateurs qui croient en nos trois piliers. Pour arriver à satisfaire nos clients, nos partenaires et nos investisseurs, nous n’avons pas peur de nous remettre en question tous les jours.
Vous vous positionnez dans un marché hôtelier trois et quatre étoiles pour la destination mauricienne… Est-ce que cela découle de votre expérience personnelle ?
Je n’aime pas trop ce genre de projecteur sur moi ! Les hôtels trois et quatre étoiles sont des produits en lesquels nous croyons et qui offrent les plus grandes perspectives de développement. Je ne suis pas seul dans cette aventure, je suis entouré d’une équipe dynamique et performante et je fais confiance au savoir-faire mauricien. Tout cela donne des résultats extrêmement positifs. Je prends plaisir à créer et les trois dernières années m’ont permis de créer ce groupe avec des concepts innovants en symbiose avec l’équipe marketing et toutes les équipes.
Combien de personnes sont-elles employées chez Attitude ? Il n’y a plus cet engouement pour une carrière dans l’hôtellerie, les horaires sont difficiles, comment motivez-vous vos troupes ?
Attitude compte à ce jour environ 700 Family Members. Comme je l’annonçais quatre ans plus tôt, lors de la soirée de lancement d’Attitude, ma profonde conviction est que l’entreprise est le produit de ce que font les hommes et les femmes qui y travaillent. La première richesse du groupe ce sont nos employés et c’est dessus que nous construisons notre succès afin que chacun puisse s’épanouir et exprimer ses talents. Nous devons continuellement cultiver nos valeurs fondamentales, le respect et l’humilité, afin que nos équipes considèrent Attitude comme une entreprise où il fait bon travailler et pour laquelle elles ont vraiment envie de se dépasser… En retour, Attitude est à l’écoute de chacun de ses employés.
Peut-on évaluer la contribution de groupe Attitude dans la société mauricienne ?
Attitude contribue à ce jour à plus ou moins Rs 70 millions en taxes diverses, notamment dans son programme de responsabilité sociale. Nous sommes fiers d’apporter notre contribution au développement intégré de la région à travers notre programme Green Attitude et les nombreuses actions en faveur de l’environnement marin concentrées dans la région nord de l’île.
Par ailleurs, comme déjà mentionné, nous employons directement 700 personnes.
Quels sont les principaux marchés avec lesquels travaille le groupe Attitude ?
J’ai une excellente équipe commerciale, dynamique et motivée, sous la responsabilité de Vincent Desvaux de Marigny, Sales & Marketing Director. Vincent est établi à Paris et donc très proche de nos principaux partenaires européens. Il a consolidé des relations privilégiées avec les principaux tours opérateurs européens.
Nous avons un business model à Maurice dans l’hôtellerie qui fonctionne depuis de nombreuses années. Quelque 80 % de nos revenus se font à travers les tour opérateurs et nous n’avons aucune prétention de changer un business model qui fonctionne. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, les tours opérateurs se sont réinventés et se sont adaptés aux nouveaux modes d’achat.
Chez Attitude, nous investissons modérément dans les direct sales avec pour objectif d’être présents sur ce canal de distribution tout en étant prudents de ne pas contrarier nos partenaires historiques qui nous ont supportés durant les dernières 20 années et sur qui nous pouvons compter.
À l’ère de l’Internet, nous devons inévitablement être présents sur le web, les réseaux sociaux etc. pour mieux se positionner sur les sites de recommandations.
Les opérateurs disent tous que les marchés primaires sont saturés et qu’il faut se tourner vers de nouveaux marchés. Quels sont pour vous les marchés dans lesquels le secteur devrait investir ? Quelles sont les actions concrètes qu’il faudrait mettre en place ?
En effet, il faut investir sur les marchés émergents. Nous y sommes lorsqu’il s’agit de l’Europe de l’Est mais pas encore sur les marchés tels que la Chine, l’Inde etc.
Une action commune est en train de se mettre en place entre les hôteliers, l’AHRIM, la MTPA. Je suis confiant que des synergies se mettront en place pour investir ensemble et imposer notre présence sur les nouvelles destinations. C’est fondamentalement ce qu’il manque parmi les acteurs jusqu’à présent…
Concernant l’accès aérien, pensez-vous qu’Air Mauritius joue pleinement son rôle ?
Air Mauritius reste un acteur incontournable du succès de la destination Maurice globalement. On ne pourra pas s’en sortir en “bypassant” Air Mauritius. La ligne aérienne nationale a pleinement joué son rôle dès les années 1980 avec les deux plus grands groupes hôteliers de l’époque, sans oublier la MTPA… Tous les autres et les nouveaux acteurs ont surfé sur cette vague en y amenant leur contribution au fur et à mesure. C’est certain qu’Air Mauritius subit les effets de la crise comme la plupart des compagnies aériennes au monde. Ce qu’il est important de retenir, c’est qu’il faut rester “focus”. Nous devons pouvoir discuter tous ensemble pour pouvoir créer des synergies communes à notre industrie afin de faire face aux défis qui nous attendent. Les hôtels ont eu à revoir leur modèle… Air Mauritius doit faire la même chose et s’adapter aux nouveaux impératifs du marché.
Certains disent que nous devrions accueillir plus de charters, qu’en pensez-vous ?
Il est clair que là où Air Mauritius ne peut être présent, il serait judicieux de prévoir plus de vols directs provenant de destinations qui n’ont pas le direct… L’Allemagne, la Scandinavie, la Chine etc.
Vous avez dans votre parc un Hotel Club… Pouvez-vous nous en parler ?
Un marché est géré par l’offre et la demande. Le marché demande, l’offre suit. Depuis quelques années, le marché européen demande du All inclusive, donc soit la destination Maurice s’adapte et propose du All inclusive, soit les touristes choisissent une autre destination qui offre cette formule. C’est aussi simple que cela. Le All inclusive ne peut pas être responsable de tous les maux !
Le self-catering représente 40 % des arrivées touristiques, les formules en demi-pension représentent encore la grande majorité des packages. De plus, la perception que le touriste reste dans son hôtel pendant tout son séjour est erronée car ce dernier passe généralement 6/7 nuits et sort un minimum de 2/3 fois en excursion, sans compter qu’il va faire son shopping régulièrement. Pensez-vous sincèrement qu’un touriste voyage 10 000 km pour s’enfermer dans un hôtel pendant tout son séjour ? Tout le monde souffre en ce moment des effets de la crise financière, et pour y faire face, il faut avoir la capacité de se dynamiser et se réinventer afin de s’adapter aux nouvelles conditions du marché.
La croissance a été dure à faire ces dernières années, et si croissance il y a eu, c’est probablement grâce au All inclusive qui était un nouveau segment de marché et qui permettait à la destination Maurice d’élargir son territoire. La critique est facile… Certains hôtels ont choisi ce positionnement comme le Club Med qui en a fait sa spécialité et cette marque est aujourd’hui un acteur hôtelier international de référence.
En toute honnêteté, si nous pouvions améliorer notre croissance touristique sans passer par le All inclusive, nous serions les hôteliers les plus heureux car nous avons plus à gagner avec des formules en BB ou en HB et les clients ont beaucoup plus à gagner à découvrir le pays et ses habitants… C’était cela la formule gagnante des années 1980. Mais le marché dicte sa loi, que faire ? Aller à l’encontre de la demande ?
Pensez-vous que les événements type Carnaval et Mauritius Shopping Fiesta organisés par la MTPA profitent à la destination mauricienne ?
Nous avons besoin d’événements pour faire parler de notre pays. Je trouve que c’est une bonne initiative de la MTPA. La renommée de ce genre d’événement se construit dans le temps et il ne faut pas se décourager. Je suis pour garder la formule, l’améliorer et faisons de cet événement un rendez-vous annuel. Je suis confiant que nos efforts vont payer en année 2 et 3 et au-delà… Il faut arrêter toutes ces critiques creuses à l’égard des organisateurs et au contraire se serrer les coudes derrière cet événement et se donner les moyens pour améliorer la deuxième fiesta en 2013 !
La roupie forte constitue-t-elle un problème pour vous ?
Malheureusement, nous n’avons pas de formule magique pour faire face à ce problème. Nous devons l’accepter comme tous les acteurs de l’industrie touristique et de l’industrie mauricienne en général…
Et comment se porte le “bottom line” du groupe hôtelier en matière budgétaire ?
Nous avons été profitables sur notre précédent exercice financier se terminant au 30 juin 2012 et selon le budget, nous allons également être profitables sur celui en cours.

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