KINOUÉTÉ — LUTTE CONTRE LE SIDA: Lancement de “Zetwal Marie Claire”

14 minutes et 50 secondes. Pour raconter comment Marie Claire (nom fictif), une enfant née avec le sida, aurait pu mourir… si ce n’était l’amour d’une mère et de proches qui ont su l’aimer. L’histoire, elle, est véridique. L’initiative revient à l’association Kinouété, une ONG oeuvrant auprès des détenus et ex-détenus. Le résultat est un film produit par TrèsPIED Production, Zetwal Marie Claire, dont la morale est « l’amour pli for ki sida ».
Marie Claire, telle qu’Odile Chevreau et l’équipe de TrèsPIED Production l’ont baptisée, est née en 1996. Cette enfant, le travailleur social Siegfried Samuel, et d’autres collègues, l’ont rencontrée par le biais de leurs actions sur le terrain.
Marie Claire est née d’une mère séropositive et elle a également hérité du virus. Mais cela, elle ne l’a appris qu’à six ans. Entretemps, Marie Claire était un bébé délaissé par une mère trop malade pour s’occuper d’elle. Par un heureux concours de circonstances, une autre mère de famille, Mila, habitant en face, la prend un jour en charge. Peu après, la mère biologique de Marie Claire lui demande de recueillir son bébé… Après réflexion avec son mari, Mila et les siens adoptent l’enfant de huit mois.
Qui grandit comme un enfant normal, sauf qu’elle est souvent malade. Quand elle a six ans et qu’elle tombe encore malade, un médecin lui fait une prise de sang. C’est alors qu’il est établi que l’enfant est porteur du virus VIH. Mila et les siens n’ont pas fait de différence, en termes de rejet de Marie Claire. Au contraire, ils ont été encore plus aux petits soins avec la benjamine de leur famille recomposée.
Cependant, quand elle a grandi et qu’elle est devenue une adolescente, Mila a tenu à expliquer à Marie Claire sa condition de santé… La jeune fille, qui continue sa scolarité au collège et participe aux activités sportives et autres au même titre que ses camarades de classe, a appris à connaître sa maladie, prendre soin d’elle, se protéger quand elle se blesse et protéger ceux autour d’elle.
Mais une chose la taraude : « Mo pa per viris la. Mo per dimounn aret kontan mwa… » Ainsi se résument l’angoisse et la condition dans laquelle vit non seulement Marie Claire mais tous les Mauriciens porteurs du virus.
L’objectif de Kinouété en présentant ce film est « d’attirer l’attention de tous les Mauriciens sur le fait que toutes ces personnes porteuses du virus vivent dans une très grande souffrance ». « Le regard, la discrimination, la stigmatisation les ont fait se cloîtrer dans leur silence », affirme Siegfried Samuel. « À Maurice aujourd’hui, fait ressortir Den Ramsamy, également animateur de Kinouété, nous ne sommes que trois à avoir parlé publiquement de notre séropositivité. Et des milliers d’autres préfèrent rester anonymes. Pourquoi ? Parce que les jugements des autres sont trop durs. »
Kinouété souhaite faire de Zetwal Marie Claire un outil de prévention, de sensibilisation qui sera présenté aussi souvent que possible afin d’aider à changer les mentalités. Une demande en ce sens a été faite pour que le film de TrèsPIED Production soit présenté à la MBC.
Pour raconter l’histoire de Marie Claire, TrèsPIED Production a fait appel à des acteurs amateurs, ceci afin de respecter la confidentialité de la véritable enfant et de ses proches.
Lors de la présentation de Zetwal Marie Claire au Hennessy Park Hotel d’Ébène, jeudi dernier, les principaux représentants des ONG et des instances publiques concernées dans la lutte contre le sida étaient présents. Tous ont signifié leur engagement à présenter le film lors de leurs sessions de prévention et de sensibilisation.
Par ailleurs, Kinouété lance un appel à d’éventuels bailleurs de fonds pour un coup de pouce financier afin de pouvoir réaliser la reproduction et la distribution massive de Zetwal Marie Claire. L’objectif finale de Kinouété étant que « dans chaque foyer mauricien, il y ait un DVD du film que l’on aura vu et qui aura déclenché la réflexion sur le sujet. »
Dans les prochains jours, Zetwal Marie Claire sera projeté dans différentes régions de l’île. Le dimanche 20, dans le cadre de la commémoration nationale du AIDS Candlelight Memorial, le film sera présenté en début de soirée.

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