PHILIPPE HAO THYN VOON, PRÉSIDENT DU COMITÉ OLYMPIQUE MAURICIEN : « Nous faisons du haut niveau avec les moyens du bord »

Dans un entretien accordé à Week-End en fin de semaine, soit à quelques jours de son départ pour Rio où commencent ce vendredi les Jeux Olympiques, le président du Comité Olympique Mauricien (COM) fait un premier état de la participation mauricienne, forte de 12 athlètes. Si Philippe Hao Thyn Voon fonde beaucoup d’espoir sur la boxe pour une nouvelle médaille olympique pour Maurice, il ne cache pas que nos athlètes manquent de moyens pour réussir au plus haut niveau. « Nous faisons du haut niveau avec les moyens du bord », dit-il sans ménagement.
Philippe Hao Thyn Voon, 12 athlètes mauriciens s’apprêtent à vivre les Jeux Olympiques dans la ville de Rio au Brésil. Comment s’organise ce départ, alors qu’on sait que la majorité d’entre eux sont à l’étranger??
Je pense effectivement que c’est la première fois que, pour une compétition aussi importante, la délégation tout entière n’est pas au départ de Maurice. C’est sans doute une bonne information dans le sens où la majorité de nos athlètes est en préparation à l’étranger et côtoie le haut niveau. Mais cette démarche se révèle aussi très compliquée et coûteuse, car les prix des billets d’avion pour le Brésil n’arrêtent pas de grimper à l’approche des Jeux. Nos athlètes débarqueront à Rio de presque toute part du monde, notamment d’Australie, de France, de Cuba, de Hollande et de Hongrie, entre autres. Je peux vous dire que l’exercice pour les faire arriver à temps à Rio, c’est-à-dire, avant que les Jeux ne commencent le 5 août, n’est pas une simple affaire. Toutefois, je suis rassuré que tout se passe bien pour l’heure et malgré les difficultés l’équipe olympique de Maurice sera au complet pour le grand jour.
Le Comité Olympique Maurice (COM) a envoyé quelques éclaireurs, dont la Chef de Mission Aarti Gulrajani, à Rio depuis la semaine dernière. De quelles informations disposez-vous, alors que les critiques pleuvent sur le Village des Jeux et certaines amitiés, entre autres??
Je ne suis pas étonné de ces critiques. Rio sera ma cinquième participation aux Jeux Olympiques en tant que dirigeant sportif et, laissez-moi vous dire, j’ai été témoin de situations beaucoup plus pires que celle que j’entends sur le Village Olympique de Rio. N’empêche, la Chef de Mission et ceux qui l’accompagnent m’ont expliqué que la situation revient lentement, mais sûrement, sous contrôle?; les responsables du Village ont avancé qu’avant le 5 août, tous les problèmes (ou presque) seront réglés.
Depuis cette médaille de bronze de Bruno Julie aux JO de Beijing, tout laisse à croire que le compteur de Maurice s’est arrêté. Pensez-vous que Rio pourrait aider à le redémarrer??
C’est en effet malheureux de constater que depuis la médaille de bronze de Bruno Julie, ni les boxeurs ni les athlètes des autres disciplines n’ont pu reprendre la flamme à Londres il y a quatre ans. Quoi qu’on en dise, la boxe reste notre meilleure chance de médaille dans ces Jeux. Mais l’élément chance joue beaucoup dans cette discipline lors du tirage au sort.
Pour confirmer mes dires, dans la catégorie de Kennedy St-Pierre on m’a fait comprendre que seulement 19 boxeurs sont engagés alors que dans celle de Mervin Clair ils sont 70 au départ. Tout laisse à croire, dans ces conditions, que Kennedy St-Pierre à des chances de passer en deux à trois jours. Et si ça se déroule bien pour lui, ses chances de médaille sont réelles.
Êtes-vous donc d’avis que les autres disciplines ne feront que de la figuration à ces Jeux??
Loin de moi cette idée et, pour avoir été moi-même athlète, je ne ferais pas parjure aux athlètes. Car je crois que rien que pour avoir été qualifiés à ces Jeux, ils méritent une récompense de l’État et la reconnaissance des Mauriciens. Être qualifié pour les Jeux Olympiques n’est pas une mince affaire. Des filles comme Fabienne St-Louis, Kate Foo Kune ou Christiane Lengtil ne sont pas arrivées au JO parce que leur fédération internationale aime bien Maurice. Elles sont aujourd’hui à Rio parce qu’elles ont transpiré dans des compétitions à travers le monde au prix du sacrifice de leurs parents, alors qu’elles ont également été privées de leur famille pendant de longs mois. C’est aussi le cas pour les athlètes masculins qui ont été souvent en déplacement pour réussir à se classer sur le plan international et gagner leur place à ces Jeux.
Mais il y a une vérité que nos sportifs mauriciens doivent encore affronter : le très haut niveau des autres pays. Il existe des étapes, voire des structures, auxquelles nos athlètes ne sont pas encore en mesure de traverser en raison justement du coût que cela représente. Malgré tous leurs efforts, ils ne bénéficient pas de toutes les structures nécessaires pour du très haut niveau.
De nos jours certains pays comme l’Amérique, l’Australie, l’Angleterre, l’Afrique du Sud, La France, la Russie, et même l’Inde fabriquent des médaillés olympiques dans des centres de haut niveau. Des centres dotés de toute sorte d’équipement de hautes technologies et de spécialistes en tout genre. Face à cela, que voulez-vous que l’on fasse avec notre peu de moyens??

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