Raffinerie de Pétrole – Kolektif Ekolozik Albion : « le but inavoué du gouvernement est géopolitique »

« Avec le projet de “petroleum hub” à Albion et Pointe-aux-Sables, le but inavoué du gouvernement mauricien est géopolitique. Le gouvernement vise à attirer un minimum de 10% des 35 000 gros navires passant au large de Maurice sur la route menant de l’Afrique du Sud », a déclaré Jean-José Bax, président du Kolektif Ekolozik Albion lors d’une conférence de presse.

- Publicité -

« Le projet de “petroleum hub” est financé par le gouvernement indien. Tout porte à croire que le gouvernement mauricien ira de l’avant avec, malgré les risques énormes que cela comporte », a soutenu Jean-José Bax du Kolektif Ekolozik Albion (KEA). Le KEA prévoit de mener une campagne de sensibilisation pour alerter la population sur les dangers de ce projet. « Si le ministre Gungah a dit qu’il n’avait pas le choix, nous aussi nous n’avons pas le choix. Nous allons mobiliser la population mauricienne. Le gouvernement nous mène en bateau », a ajouté Yvor Tan Yan, membre du KEA.

Selon Yvor Tan Yan, le KEA est en présence du plan d’aménagement du “petroleum hub” qui a été soumis fin juin 2018 par le gouvernement au conseil de district concerné pour avis et qui fait mention de « deux jetées de stockage de pétrole et de gaz naturel et d’une centrale électrique. De plus, un accord entre le gouvernement mauricien et Indian Oil aurait été déjà signé en 2016 pour la construction d’une raffinerie à terre pour produire du kérosène, du diesel, de l’essence, entre autres. Le délai pour analyser et contester une demande de permis EIA (Evaluation de l’impact environnemental ) qui était de 30 jours et qui est passé à 21 jours est à présent de 7 jours seulement. » 

Selon les membres de ce collectif, ce projet mènerait vers une catastrophe dont notre pays ne pourrait se relever. « Les risques sont si grands et nos moyens si limités. Comment pourrions-nous éviter une catastrophe que les pays comme la France, la Chine, la Grèce, entre autres, n’ont pu éviter ? se demande-t-il.

Jean-José Bax est d’avis que les conséquences d’un tel projet seraient catastrophiques non seulement pour la région ouest mais pour toute l’île Maurice et l’île de la Réunion. Il a parlé du risque d’effondrement des silos de pétrole, le sol de nature caverneuse qui ne pourrait pas supporter le poids des milliers de tonnes de pétrole et d’autres machines lourdes. Il est d’avis qu’il se pourrait qu’il y ait des accidents maritimes, à cause de l’erreur humaine, des défaillances techniques, sur le site même où serait construit le “petroleum hub”, considéré comme dangereux avec un accroissement de trafic maritime.

Il a aussi mis en garde contre d’importantes fuites non détectables qui pourraient avoir lieu lors des opérations de transbordement ou d’une rupture d’un pipeline sous-marin causée par des intempéries, des actes de vandalisme ou par accident. « Les conséquences directes d’une marée noire n’est pas à écarter », craint-il autant que les conséquences indirectes telles que la destruction de l’écosystème marin.

Selon les animateurs du KEA, ce projet met à risque un des plus importants piliers de notre économie, le secteur touristique qui contribue à lui seul à 27% de notre PIB et qui emploie de manière directe et indirecte 131 000 personnes. « La plateforme pétrolière n’est pas viable car à notre connaissance, le gouvernement mauricien n’a aucun argument valable à offrir afin de persuader les compagnies de navigation à venir s’approvisionner à Maurice plutôt qu’a Cape Town ou à Singapour. »

Jean-José Bax qui s’était rendu au CID (Port-Louis Sud) la semaine dernière après avoir appris que la police avait ouvert une enquête pour connaître qui sont ceux qui avaient placardé des banderoles dans la région d’Albion et Pointe-aux-Sables, a jugé « déplorable » l’attitude des enquêteurs à son égard. « Un interrogatoire qui a duré plus de quatre heures. Ils m’ont emmené ensuite chez moi pour une perquisition. Et dire que j’ai fait mon devoir en tant que citoyen pour prendre position contre un projet qui, j’en suis certain, fera beaucoup de tort à notre pays. »

Ivor Tan Yan, le porte-parole du KEA, a lui aussi dénoncé le gouvernement qui se sert de la police secrète et la répression pour une simple affaire de banderoles et traquer les personnes qui s’organisent pour une cause valable. « Kuma dir nou dans ene lot lepok. » Il a annoncé une action pacifique très prochainement. « Nou pas pou continuer reste trankil face a ban prozet destructeur. » 

Des habitants de Morcellement Kensington, Pointe-aux-Sables : « Les travaux avancent de manière spectaculaire »

Les habitants de  Pointe-aux-Sables, notamment de Morcellement Kensington, sont témoins chaque jour des travaux d’épierrage qui sont en cours dans cette région. Yvan qui habite ce morcellement depuis plus de cinq ans a rencontré deux cadres qui étaient sur place il y a deux semaines. « Lorsque je les ai approchés pour en savoir davantage, l’un d’eux m’a confié qu’il y aurait un très gros projet dans cette partie de l’île et qu’il ne pourrait m’en dire davantage. Après une petite enquête, j’ai appris que des planteurs qui cultivaient de légumes pendant de longues années devaient quitter cet endroit de manière définitive et qu’ils n’auront plus le droit d’y retourner. J’ai tout de suite compris que ce site accueillera prochainement une raffinerie pétrolière et qu’il y aurait une zone de stockage dans le cadre du projet “petroleum hub” comme le souhaite le gouvernement.

« Li dommaz ki pan fine ena auken consultation avec ban habitants ki fine faire beacoup sacrifice pou gagne ene ti coin pou zot et ki lotoriyé pe in impoz ene prozet ki pou mo sir pou fair ban habitant sa morcellemet ditort ».

Jeanine, mère de trois enfants, une fille de cinq ans, un garçon de trois ans un bébé de deux mois, habite à quelques mètres d’Yvan. Elle est très inquiète pour la santé de ses enfants. « Ban travo fine commencé depi lontan ici. Ena ban gros trou ki pe fouille partout. La poussière fin deza commence envahir nu lakaz. Imazine ene coup ki pou arivé kan platform petrol pe coumans construire. » 

Tout comme Yvan, elle est d’avis que les autorités auraient dû établir une ligne de communication avec les habitants de cette région « pour ki nou pas reste dans le flou total ». Elle s’est dit prête à accorder tout son soutien aux ONGs qui mènent combat contre ce projet. « Nou pou done coup de main », promet-elle.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -