RÉFORME ÉLECTORALE: Bérenger prévoit que Ramgoolam va finalement se dérober

Paul Bérenger, leader de l’Opposition et du MMM a estimé, hier, « après mûre réflexion », que le Premier ministre et leader du PTr, Navin Ramgoolam va, « malheureusement », se dérober sur la question de la réforme électorale et ne viendra pas finalement de l’avant avec la présentation du projet de loi y relatif à l’Assemblée nationale. « Navin Ramgoolam n’est pas sérieux. Li pa mean business », devait déclarer, à cet effet, Paul Bérenger. Il se dit, néanmoins, toujours prêt à rencontrer, en sa capacité de leader de l’Opposition, le chef du gouvernement en vue d’un ultime « fine tuning » du seul « vrai problème » qui demeure sur la question: celui du Best Loser System. La réforme électorale sera parallèlement au menu de la nouvelle rencontre du Remake de 2000 prévue pour mercredi prochain, maintenant que, déclare M. Bérenger, les choses ont effectivement « cool down » entre le MMM et le MSM. Autre sujet à l’agenda de cette prochaine rencontre du Remake: les municipales.
Par rapport au dossier de la réforme électorale, le leader du MMM explique que si tous les autres grains de sable ont été écartés lors des discussions entre son parti et le PTr, il ne restait, en fait, qu’à régler le seul « vrai problème » du Best Loser System. Il rappelle, sous ce rapport, qu’à l’origine, en 1966, le Commissaire Banwell qui avait recommandé son introduction avait suggéré que, plutôt que de demander aux candidats aux législatives de déclarer leur communauté  d’appartenance respective, c’est la Commission électorale qui devait se charger, après les élections, de l’établir en fonction du mode de vie (way of life) des candidats.
Il poursuit en expliquant qu’après le grand tollé soulevé par la publication du rapport Banwell, Londres devait dépécher sur place le Commissaire Stonehouse. Ainsi, indique-t-il, le 4 juillet 1966, les parlementaires finirent par adopter le système de Best Loser en application jusqu’aujourd’hui. Lequel système prévoit un délai de sept jours pour la contestation, en Cour suprême, des Best Losers nommés. Le juge, indique-t-il, prend, alors, sa décision toujours sur la même base  du « way of life » du candidat.
Paul Bérenger rappelle, ensuite, le jugement rendu le 8 septembre 2000 par le juge Dhiraj Seetulsingh dans le cas de l’électeur qui avait contesté le choix d’appartenance communautaire fait par tirage au sort de certains candidats de Lalit, entre autres. Il souligne que le juge avait alors observé que la déclaration  d’appartenance selon le « way of life » était trop vague et que, dans la mesure où les défendeurs ne voulaient répondre à des questions relatives à la communauté sous le nom de laquelle ils s’étaient déclarée, il lui était impossible de prendre une décision.
Le leader de l’Opposition déclare qu’aujourd’hui, le MMM, le PTr et d’autres personnes estiment qu’il n’est pas opportun de déclarer sa communauté au moment de se porter candidat. Toutefois, explique-t-il, sur la base du jugement Seetulsingh, la Commission électorale se refuse de jouer le rôle suggéré par le Commissaire Banwell. « Il y a bien eu l’idée suggérant que cette déclaration communautaire pour les besoins du Best Loser System soit optionnelle mais, après réflexion, nous avons estimé qu’il serait injuste et l’avons laissé tomber », indique M. Bérenger.
Best Loser: nouvelle proposition
Le leader du MMM fait, alternativement, une nouvelle proposition suggérant que, tout en n’ayant pas à déclarer leur communauté respective, les candidats soient appelés à donner d’autres détails qu’il n’a pas tenu à préciser, à ce stade, et allant dans le sens d’un remplacement du critère de « way of life » par trois éléments précis. Paul Bérenger qui reconnaît, néanmoins, que là encore, ce qu’il suggère « n’est pas parfait », indique que la première réaction du PM et leader du PTr à cette nouvelle proposition aura été « positive ».
Le leader de l’Opposition, qui dit souhaiter que, dans l’idéal, l’on arrive à un large consensus sur cette question de la réforme électorale, laisse entendre qu’il discutera de sa nouvelle proposition par rapport au Best Loser System avec les dirigeants du MSM lors d’une prochaine rencontre prévue pour mercredi prochain.
Paul Bérenger déclare, malgré tout, être arrivé à la conclusion qu’en dépit de la déclaration du Dr Navin Ramgoolam à l’Assemblée nationale, vendredi 27 juillet dernier, laissant entendre que le projet de loi relatif à la réforme électorale sera présenté le plus tôt possible et qu’à cette fin, une séance d’urgence du Parlement pourrait même être convoquée durant les vacances parlementaires, si nécessaire, le PM et leader du PTr se dérobera et ne viendra, finalement, pas de l’avant avec la présentation du projet de loi à l’Assemblée nationale.
« Après avoir bien réfléchi, j’estime que, malheureusement, il n’est pas sérieux sur cette question de réforme électorale. Li pa mean business », juge le leader de l’Opposition. Interrogé, il concède qu’il doit bien, « sûrement », y avoir aussi de la pression de la part des milieux les plus conservateurs sur le chef du gouvernement par rapport à cette question de réforme de notre mode de scrutin. « Mais il y a aussi, selon le leader de l’Opposition, son manque de volonté politique et son incapacité à prendre des décisions. »
« Pas d’alliance avec le PTr »
En dépit de son « grand scepticime », Paul Bérenger laisse entendre qu’il est toujours prêt, en sa capacité de leader de l’Opposition, de rencontrer, si nécessaire, le PM en vue d’un ultime « fine tuning » par rapport au « seul vrai problème » du Best Loser System qui reste à être résolu pour faire aboutir concrètement le projet de réforme électorale. Il explique que son parti est contre le principe d’une abolition brutale du Best Loser System en soulignant que dans le cadre d’une bonne réforme électorale, le Best Loser System « mourra, progressivement, d’une mort naturelle. »
Revenant, par ailleurs, à la prochaine rencontre de mercredi entre son parti et le MSM, le leader du MMMM confirme que le Remake de 2000 est « toujours on ». Outre la réforme électorale, les discussions entre les deux camps, dit-il, reprendront sur les municipales. « Ce qui, dit-il, laisse comprendre qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura pas d’alliance PTr/MMM ». Et de préciser encore que toute alliance que fera son parti en vue de gouverner devra nécessairement se faire sur la base des 5 points-clés du programme du MMM, « à commencer par notre engagement à nettoyer le pays de la corruption là où elle s’est infiltrée depuis 2005. »
Précisant l’état des relations au sein du Remake de 2000 après le « cooling-off period », Paul Bérenger est d’avis que, désormais, les choses ont effectivement « cool down ». Il laisse entendre que depuis sa dernière rencontre avec sir Anerood Jugnauth, ils ont, ces derniers temps, communiqué « par personne interposée. » « Je lui est transmis, explique-t-il, mes suggestions sur la réforme électorale. »
Appelé à dire s’il n’a pas le sentiment d’être mené en bateau par le Dr Navin Ramgoolam sur le dossier de la réforme électorale, Paul Bérenger trouve que, sur cette question, c’est plutôt le pays que Navin Ramgoolam tend à mener en bateau. Il poursuit que si le MMM avait pour seul objectif de se retrouver, à n’importe quel prix, au gouvernement, son parti se serait depuis longtemps associé au PTr. « Ramgoolam sait très bien que le Remake de 2000 est un winner électoral », assure-t-il.    

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