TROU AUX BICHES : D’importants dégâts, après les récentes averses, confirment les craintes des habitants

La polémique enfle autour d’un projet d’embellissement d’une partie de la plage de Trou aux Biches (TAB), plus précisément devant l’hôtel Casuarina. Ce projet, à l’initiative de Richard Paulose, promoteur d’origine étrangère, mais qui a récemment obtenu la nationalité mauricienne, impliquant la transformation de cette portion de la plage, avec la plantation de palmiers et cocotiers mais aussi d’imposants rochers sur la plage, suscite la colère des habitants de la région. Et davantage après les dégâts constatés sur le site suivant les pluies torrentielles qui ont arrosé le pays cette semaine.
Le Mouvement de Solidarité de TAB déplore ce « mur indirect » formé par les rochers et les palmistes, qui selon eux, démontre clairement qu’un bout de la plage publique a été offert à un promoteur pour un business privé.  Alertés par les citoyens de TAB, la Beach Authority (BA) a mandé un de ses officiers sur place pour faire un constat de la situation. Lors de cette visite des lieux vendredi après-midi en présence de Jacky Alexandre, vice-président et porte-parole des membres du Mouvement Solidarité de TAB, un officier de la Beach Authority a tenté de minimiser les dégâts soutenant qu’ils ont été causés par la pluie. Mais pour les habitants de la région, il s’agit d’une dégradation de l’environnement causée par des travaux  effectués sans étude préalable et ne tenant pas en ligne de compte l’évolution naturelle des paysages des plages.
Spectacle de désolation
L’écroulement des palmiers et cocotiers et l’érosion évidente de ce morceau de plage, comme en témoigne ces rochers importés hors du site et disséminés à même la plage publique devant l’hôtel Casuarina, après les récentes pluies torrentielles, viennent confirmer  les craintes exprimées il y a quelques semaines par Week-end. Ce projet d’embellissement (?) ou d’aménagement privé de la plage, autorisé par la Beach Authority qui a alloué un permis à Richard Paulose pour développer son business a tourné à la catastrophe. Un constat de visu permet de voir l’ampleur de l’érosion principalement sur cette portion de la plage et les arbres déracinés. Cette plage, très fréquentée par les Mauriciens et les touristes offre depuis quelques jours un spectacle de désolation. Et les conséquences sur l’Environnement sont importantes.
Alors que les habitants de TAB dénoncent l’état des choses et s’inquiètent de la dégradation de l’environnement, la BA justifie le massacre en avançant les dégâts ont été causés par les pluies diluviennes. Mais les Forces Vives de la région n’en démordent pas et blâment eux  les travaux entrepris par le promoteur pour ce projet d’embellissement de la plage publique expliquant que les mêmes pluies diluviennes n’ont pas abîmé les plages avoisinantes de la région. Jacky Alexandre explique que « installer une structure sur  le sable provoque inévitablement une accélération de l’érosion. Les grosses averses durant la semaine écoulée n’ont fait qu’accélérer l’inévitable processus. » Il fait ressortir que « nous avions prévenu cette catastrophe car ces travaux sont inacceptables et très peu professionnels, d’autant que le sable qui a été retourné et déplacé, et des rochers placés au bord de la plage sensés retenir le sable n’ont fait qu’accélérer l’érosion. » Qui plus est, outre les dégâts d’ordre écologique, cette structure, avec les pierres entassées, représente un véritable danger, en l’occurrence pour les enfants qui viennent sur la plage, déplorent les habitants de TAB. « N’importe qui peut glisser et tomber sur ces pierres et atterrir facilement à l’hôpital », s’indignent-ils.
Pour Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en Environnement et Océanographe « les dégâts causés sur la plage ne sont non pas seulement le résultat du problème climatique mais aussi d’un problème d’entretien des infrastructures, en l’occurrence les obstacles à l’écoulement des eaux comme  les drains bouchées en raison de la négligence des autorités à maintenir les infrastructures en état ou des installations nouvelles pas aux normes. » Il fait ressortir que « construire près d’un de plan d’eau ou des cours d’eau implique la prise en considération des paramètres hydrologiques, sans quoi il peut y avoir d’importantes conséquences. » Si la montée du cru de l’eau est un phénomène naturel et chronique, bloquer les cours d’eau avec des structures ne peut qu’avoir l’effet inverse, dit-il. De tels projets près des zones d’eau comportent des risques, car en entassant des pierres pour empêcher l’érosion, cela peut au contraire accentuer les risques d’érosion lorsque l’eau reprend sa place, explique Vassen Kauppaymuthoo.
Si un projet d’embellissement reste louable pour la beauté d’une plage, reste que, à titre privé, démontre une certaine prise de contrôle sur une portion de la plage publique. Ce qui est contraire aux lois. « En principe, lorsqu’on parle de projet d’embellissement, cela implique qu’un hôtel veut s’accaparer d’un morceau de la plage. C’est donc une façon de privatiser une partie de la plage. Il faut par conséquent s’assurer qu’il n’y ait pas de restriction et que l’accès au public demeure », estime Vassen Kauppaymuthoo.
Pas sur la plage publique
Pour les habitants de la région, qui assurent ne pas être opposés à ce que Richard Paulose dispose d’un business, il est inacceptable que ce dernier s’installe sur la plage publique de manière à ce que son commerce devienne un espace privé. « Que se passerait-il si chacun d’entre nous avons un projet d’embellissement et que la Beach Authority nous donne un permis. La plage serait envahie, comme c’est le cas avec les transats », disent-ils. Alors même que l’espace dévoué au public se rétrécit chaque jour. Et d’émettre des doutes quant au permis qui a été accordée à Richard Paulose pour son business. Selon la Beach Authority, Richard Paulose dispose d’une Trader’s licence et d’une Hawker’s Licence pour la vente de sorbet, de glace et de boissons non alcoolisées, ainsi que d’une permis d’embellissement. Toutefois, ses deux premières licences ne lui donnent cependant pas le droit de construire sur la plage publique. Ces permis exigent  qu’un Hawker travaille à partir d’une structure mobile et non fixe. Or, paradoxalement, outre les cocotiers et palmiers et autres rochers installés contre tout bon sens, il est évident qu’avec le raccordement de la CWA et du CEB, comme nous le faisions ressortir dans une précédente édition, que ce commerce n’a rien de fixe. D’où la colère des habitants de la région qui déplorent la privatisation de la plage. Ces derniers désapprouvent par ailleurs le comportement des conseillers du village, qui se sont dissociés de l’affaire car selon eux la plage ne se trouverait pas dans Trou aux Biches. Selon les habitants de TAB, les palmiers plantés autour du site où devrait se trouver le commerce de Richard Paulose agit comme un « mur indirect », divisant ainsi la plage, et créant un espace semi-privé sur une plage publique.
À travers une lettre adressée à la BA, les Forces Vives de TAB ont défini des axes prioritaires pour la réhabilitation de la plage et la doter de facilités infrastructurelles adéquates telles des bancs et des toilettes publiques, cela tout en préservant son cachet naturel et exotique. Ils réclament également que le mur qui se trouve à l’entrée de la plage soit enlevé pour estomper cet aspect privé. La «site visit» de vendredi dernier a été l’occasion pour l’agent de la BA de les informer des propositions qui ont été approuvées par les autorités. Toutefois, ils n’ont eu aucune nouvelle concernant leur demande de révocation de permis de Richard Paulose. Ces citoyens espèrent obtenir des éclaircissements à ce sujet d’ici peu. Autrement, ils comptent prendre des mesures fermes. « Nous allons attendre la décision des autorités avant aller de l’avant. Ce projet, tel quel, avec un bout de plage offert à un promoteur est inacceptable. S’il le faut nous manifesterons », annonce Jacky Alexandre.

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