ASSEMBLÉE NATIONALE – MARDI PROCHAIN – Motion de blâme : une vingtaine d’orateurs encore sur la liste

  • Avec un nouvel ESE de Rs 1,4 million pour le ministre des Services financiers en 2018/19, la possibilité d’un No-Question Time Agenda pas à écarter

À ce stade, tout semble indiquer qu’une troisième séance marathon nocturne de l’Assemblée nationale est en vue pour mardi prochain. Le décompte des parlementaires devant encore intervenir lors des débats sur la motion de blâme du leader de l’opposition, Arvin Boolell, à l’encontre du Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, indique que la liste comporte encore une vingtaine d’orateurs. À cela, il faut ajouter les interventions à venir en vue de conclure les débats sur le Finance (Miscellaneous Provisions) Bill, présenté par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy.
Toutefois, la séance de mardi prochain pourrait se révéler être un No-Question Time Agenda, soit sans la tranche réservée aux interpellations parlementaires sans la Private Notice Question du leader de l’opposition. En effet, le Leader of the House, Pravind Jugnauth, pourrait choisir l’option d’inclure l’étape du Committee of Supply d’un Estimate of Supplementary Expenditure de Rs 1 435 000 pour le compte du ministère des Services financiers et de la Bonne gouvernance en 2018/19, alors que l’Assemblée nationale vient d’être saisie d’un budget supplémentaire pour ce même exercice financier.
Si le conseil des ministres de demain décide d’en finir avec l’adoption de ce budget additionnel, qui ne devrait techniquement pas prendre plus de cinq minutes, il ne faudrait pas s’attendre à assister au Question Time, les parlementaires entamant l’ultime étape de l’adoption du Finance (Miscellaneous Provisions) Bill avant l’ajournement pour le dîner mardi prochain.

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Puis, comme cela a été le cas lors des deux précédentes séances, place sera alors faite aux interventions sur la motion contre le Speaker pour la “Night Sitting”. Néanmoins, la question qui reste posée est de savoir s’il faudra une quatrième séance pour clore ces débats. D’aucuns affirment que Lakwizinn du Prime Minister’s Office n’entrevoit nullement un scénario politique avec Pravind Jugnauth intervenant dans ces débats, prenant la forme de règlements de compte politiques entre le gouvernement et l’opposition, avec des dérapages mettant à risques l’unité nationale à une heure où l’île Maurice est en plein sommeil, soit vers les 3h du matin. Affaire à suivre…


Kenny Dhunnoo : « Le Speaker
poussé à les sanctionner »

Le Deputy Whip de la majorité Kenny Dhunnoo est d’avis que certains parlementaires de l’opposition poussent le Speaker Sooroojdev Phokeer à les sanctionner en lui tenant tête lors de certaines décisions. Selon lui, aucun membre du Parlement ne doit pas dévier des principes établis au sein de l’hémicycle. « Les débats doivent se tenir dans le respect de l’autre, chacun ayant le droit de faire part de ses points de vue. Les parlementaires doivent être des exemples », a-t-il laissé entendre.

Le député MSM du No 17 (Curepipe/Midlands) dit avoir honte en écoutant certains membres de l’opposition. Il trouve inacceptable que les députés du PTR, du MMM et du PMSD restent assis alors que le Speaker fait son entrée au sein de l’hémicycle.  Pour lui, il s’agit d’un manque de respect total. « Semaine après semaine on assiste à une certaine indiscipline de la part des élus de l’opposition et comment ils provoquent le désordre durant les travaux parlementaires. Nous avons tous assisté à l’épisode des pancartes brandies », a ajouté Kenny Dhunnoo. Il a soutenu que selon ses calculs, l’opposition parlementaire a été rappelée à l’ordre par le Speaker plus d’une soixantaine de fois depuis le début de ce mandat.


Ismaël Rawoo : « S’abstenir
d’utiliser un langage abusif »

Selon le Parliamentary Private Secretary (PPS) Ismaël Rawoo, il n’y a aucune logique à ce que le Speaker Sooroojdev Phokeer quitte son siège. Il a affirmé que c’est une chance que les Mauriciens vivent dans un pays démocratique et qu’en tant que députés élus et éduqués, il faut être un exemple pour la population. « Il nous faut abstenir d’utiliser un langage abusif, des mots non parlementaires et, surtout, nous devons montrer du respect à la présidence. »

Et de trouver honteux que des membres de l’opposition tentent de jeter de la boue sur le président de l’Assemblée nationale ainsi que sur d’autres éléments du gouvernement. « À cause d’une indiscipline constante et des actions de manière irrespectueuse, le décorum parlementaire est ébranlé. Cela empêche que les discours et autres questions importantes soient traités durant les travaux parlementaires », a affirmé le PPS Rawoo.  Et d’avancer que les Walk-Outs sont devenus une tradition parlementaire pour l’opposition.

« C’est devenu une tradition pour eux de se retirer. Ils ont oublié qu’ils ont été choisis par leur électorat pour être leur voix au Parlement. Sortir peut être le choix le plus facile pour eux car ils ne respectent pas leur propre électorat qui a voté pour qu’ils travaillent pour eux. Au lieu de cela, ils préfèrent rentrer tôt à la maison », a déclaré l’élu du No 13. Et d’ajouter que les députés de l’opposition doivent savoir comment se comporter au sein de l’hémicycle.


Salim Abbas Mamode : « Notre
système parlementaire menacé »

Le député du PMSD, Salim Abbas Mamode est d’avis que « notre système parlementaire est menacé ». Selon lui, la population dans son ensemble est en train de remettre en question l’essence de la démocratie après les diverses séances du parlement. « Nous sommes regardés en direct, à la télévision et sur les réseaux sociaux. Je ne pense pas que ce soit mon rôle ou celui d’aucun membre de l’Assemblée nationale de prendre la parole pour rappeler au Président son rôle. Mais nous sommes obligés de le faire, car nos droits, en tant que membres élus à juste titre, sont bafoués encore et encore. Bien sûr, il y a eu, il y a et il y aura des différences d’opinions, d’approches et de croyances. C’est l’esprit même d’être dans une démocratie; les idées doivent être confrontées, remises en question et révisées au profit de nos citoyens », a-t-il avancé. Salim Abbas Mamode a aussi laissé entendre qu’il est important que les membres de l’opposition puissent faire confiance au Speaker. Mais, selon lui, il est malheureux de constater que Sooroojdev Phokeer se comporte comme le Speaker du gouvernement à maintes reprises.


Deepak Balgobin : « Un effort
concerté de chacun nécessaire »

Le ministre de la Technologie informatique Deepak Balgobin a avancé lors de son intervention très mouvementée et ayant provoqué des altercations au sein de l’hémicycle qu’il faut faire comprendre aux députés de l’opposition qu’un effort concerté est nécessaire de la part de chacun pour qu’un parlement fonctionne comme il se doit.
« Malheureusement, à chaque séance, les députés de l’opposition ne collaborent pas au maintien de l’ordre à la Chambre. En fait, ils sont tellement irrespectueux envers la présidence que cela est devenu une pratique courante de la part des députés de l’opposition », a affirmé le ministre. « Lorsque vous ne suivez pas les règles, vous blâmez le président? Quand on vous dit de ne pas utiliser de mots non parlementaires, vous blâmez le président? Lorsque vous vous conduisez mal au Parlement, vous blâmez le président? C’est comme « le monde à l’envers », a-t-il estimé. Selon lui, les députés de l’opposition savent très bien qu’une telle motion contre le Speaker « repose sur des châteaux de sable ».

Deepak Balgobin a laissé entendre que l’opposition parlementaire utilise ces débats « pour faire de la propagande et de la démagogie ». Le ministre est revenu sur des épisodes d’expulsion des membres de l’opposition depuis le début de ce mandat et ce, pour justifier les décisions du Speaker.


Dorine Chukowry : « The right man at the right place »

Pour la PPS Dorine Chukowry, le Speaker Sooroojdev Phokeer « is the right man at the right place ». Elle estime que le Speaker « ne fait qu’appliquer les règles parlementaires » et que « c’est la conduite des membres de l’opposition qui laisse à désirer ». À l’instar de plusieurs autres parlementaires, elle dit « s’étonner » que les membres de l’opposition aient choisi de ne pas se lever à l’entrée et la sortie du Speaker du Parlement. Elle rappelle que les parlementaires « représentent avant tout la population », que « l’on fait de la politique pour le meilleur et pour le pire » et que « chacun à l’occasion d’exprimer ses opinions, et cela selon les règles du fair-play, sans tomber dans la vulgarité ».


Nans Prakash Ramchurrun : « Double standard »

Le PPS Nan Prakash Ramchurrun a pour sa part accusé le leader de l’opposition d’avoir un « double standard ». Pour lui, les partis de l’opposition « ont un agenda politique, parce qu’ils n’acceptent pas la débâcle qu’ils ont connue » lors des dernières élections générales. Le député a dit « bien mesurer la gravité » de la présentation d’une motion de blâme contre le Speaker, qui préside aux travaux du parlement, « considéré comme le temple de la démocratie ». Il considère que le Speaker « n’est pas là uniquement pour arbitrer les débats, car il est aussi le gardien de la démocratie ». Il a par ailleurs critiqué le MMM, « qui a toujours considéré le Speaker comme un ennemi, sauf Dev Ramnah ». Concernant le PTr, il accuse ce parti de « vouloir copier le MMM ». Selon lui, la motion de blâme « aurait dû être dirigée contre l’opposition, la pire qu’est connu le pays ».


Gilbert Bablee : « La démocratie se porte bien »

Pour le PPS Gilbert Bablee, ce n’est pas la première fois qu’une motion de blâme est présentée contre un Speaker depuis 1963. Il a cité entre autres celles présentées par Jules Koenig contre sir Harilall Vaghjee, en 1963, contre Alan Ganoo par Gaëtan Duval en 1982, contre Ajay Daby par Cassam Uteem en 1985, contre Ajay Daby à nouveau, mais par sir Anerood Jugnauth en 1990, et contre Iswardev Seeraram par Navin Ramgoolam en 1995. La dernière en date a été présentée par Shakeel Mohamed en 2017 contre Maya Hanoomanjee. « Tout cela démontre que la démocratie se porte vraiment bien et que l’opposition n’est pas muselée », dit-il.

Réfutant les remarques à l’effet que le Speaker « hurle au lieu de parler », il estime que « cela représente une provocation et une insulte vis-à-vis d’un humain sous le couvert de l’immunité parlementaire ». Et de se demander si l’opposition souhaitait avoir un Speaker « Gungah ». Gilbert Bablee a comparé le Speaker à un arbitre, estimant que ce dernier agit « sur la base de règles bien définies » et qu’il est « de son devoir de produire un carton rouge lorsque les parlementaires agissent de manière vulgaire, outrancière et irrespectueuse ».


Mahend Gungapersad déplore « le recours à la carte communale »

Le député du PTr Mahend Gungapersad a soutenu que la présentation d’une motion de blâme contre le Speaker « n’est pas, comme on veut le faire croire, une perte de temps pour le Parlement ». Pour lui, la présentation de motion de blâme est prévue dans les “standing orders”. Il a par ailleurs critiqué les députés de la majorité, « qui essaient de jouer la carte du communalisme » et qui, « eux-mêmes, font régulièrement des remarques désagréables au Parlement ». Il a repris les arguments à l’effet que le Speaker « n’est pas impartial dans sa façon de présider » le Parlement. « S’il avait agi de manière indépendante, il n’y aurait pas eu de motion de blâme », a-t-il observé. Et de reprendre les différentes occasions durant lesquelles le Speaker aurait agi « de manière discriminatoire à l’encontre des membres de l’opposition ».


Arianne Navarre-Marie (MMM) :
« Un parti pris flagrant ! »

Arianne Navarre-Marie est d’avis que le Speaker de l’Assemblée nationale « a failli à sa tâche » en raison d’un « parti pris flagrant » dans sa manière de gérer la situation au sein de l’hémicycle. Elle devait notamment rappeler l’altercation entre le Whip de l’opposition, Shakeel Mohamed, et le ministre Bobby Hurreeram. Elle a ainsi condamné les propos « condamnables », car « sexistes », de Bobby Hurreeram, et l’inaction du Speaker, rappelant qu’en plus de cela, « c’est lui qui préside le “Parliamentary Gender Caucus” ». Elle a soutenu que dans sa carrière de parlementaire, elle a vu défiler des Speakers, « tous avec des valeurs particulières », et « qui ne se sont jamais départis de leur rôle de modérateur ».

Arianne Navarre-Marie devait de plus déplorer la « partialité » du Speaker « qui n’entend jamais les remarques des membres du gouvernement, alors que les membres de l’opposition sont expulsés à la pelle ». Arianne Navarre-Marie a aussi souligné que « le Speaker semble avoir un problème à l’oreille gauche et à l’œil droit », rappelant notamment le cas où il ne lui avait pas accordé de questions supplémentaires lors des débats sur les droits des femmes. « Nos droits à poser des questions ont été confisqués », devait-elle déclarer, s’interrogeant sur le respect de la démocratie parlementaire.
Arianne Navarre-Marie a aussi critiqué « le ton et la tonalité du Speaker, qui hurle et se montre incapable de se maîtriser », se demandant si cette façon de faire « serait une manière de camoufler sa non-maîtrise des Standing Orders ». Elle a aussi soutenu que « son comportement agressif démontre qu’il n’est pas un “role model” pour les jeunes parlementaires et ceux qui l’écoutent », lui demandant de se ressaisir « pour la bonne marche de la démocratie parlementaire ».


Subhasnee Luchmun Roy :
« A mockery of parliamentary traditions »

La députée du No 4 Subashnee Luchmun Roy devait qualifier la motion de blâme de « futile et injustifiée », soutenant que cette motion « n’aurait pas dû être la préoccupation d’un parlementaire » car, dit-il, « le plus important est de débattre de problèmes d’intérêt national ». Elle a de plus soutenu que l’opposition « se sert de cette motion de blâme pour détourner l’attention du public des bonnes décisions prises par le gouvernement en ces temps de crise sanitaire ».

La députée a par ailleurs aussi critiqué les interventions « inappropriées » des membres de l’opposition au sein de l’hémicycle « en contestant constamment les “rulings” du Speaker de l’Assemblée nationale » et en « mettant en scène des “walk-outs”, qui les éloignent de leurs responsabilités de parlementaires de servir les intérêts du peuple ». Selon elle, « l’opposition n’a pas digéré la raclée reçue en novembre dernier », ajoutant que l’opposition « ne mérite pas la confiance de ses mandants de par leurs comportements irresponsables ». Elle a ainsi comparé leurs agissements à une « cheap telenovela ». Et la députée de soutenir enfin que la motion de blâme « is a mockery of parliamentary traditions ».

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