MBC : Les dénonciations pleuvent à l’ICAC

Dans une dernière correspondance adressée à la commission, il est question d’un subterfuge frauduleux autour de l’achat des deux cars de reportage

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Les voyages et les séjours à titre gracieux dans les hôtels après des reportages de promotion aussi mis en exergue

Il y a sa face externe, exécrable et qui fait vraiment honte aux Mauriciens, mais il y a peut-être encore bien moins reluisant, son fonctionnement interne marqué par des pratiques qui ne sont pas régulières. Les dénonciations n’ont pas manqué ces derniers temps, la dernière en date, le 18 août, étant une correspondance à l’Independent Commission against Corruption faisant état de subterfuge frauduleux autour de l’achat à Rs 90 millions de deux cars de reportage pour la couverture des Jeux des îles de l’océan Indien de l’année dernière.

Selon cette missive très documentée, cette acquisition aurait permis à un haut gradé d’empocher une coquette somme en faisant croire à la firme italienne ARET, qui était de loin la meilleure offre et qui ne pouvait ne pas obtenir le contrat, qu’elle pourrait le voir filer sous le nez. C’est ainsi qu’on aurait fait comprendre qu’il fallait un « geste » pour pouvoir rafler définitivement le contrat.

La correspondance évoque de manière précise le mouvement d’une somme de Rs 3 millions, de déplacements opportuns et de l’alimentation d’un compte en banque en particulier à l’étranger. Estimant que ce cas ne serait pas le seul , l’auteur demande à l’ICAC d’enquêter sur les biens que la personne visée a acquis au fil des années. Cette investigation dans la source des revenus de l’accusé devrait facilement établir qu’il y a eu des maldonnes à répétition sur un certain nombre d’années, selon le dénonciateur.

Dans une autre lettre adressée à l’ICAC, le 8 juillet dernier, la commission est invitée à enquêter sur une affaire qui tomberait sous le délit de « using office for gratification », une personnalité du service public de l’audiovisuel ayant bénéficié de faveurs, séjour à l’hôtel après un paiement forfaitaire sur ce qui était en fait une campagne de promotion télévisée pour un établissement privé de santé dont les directeurs ont aussi des intérêts dans le secteur touristique.

Ceux qui suivent de près ce dossier font un rapprochement avec une des toutes premières enquêtes de l’ICAC, l’affaire Oozageer Suneechara, un assistant commissaire de police et chef du CCID qui fut condamné en 2002 à trois mois de prison pour avoir séjourné, sans payer, à l’hôtel Oberoi, dont la direction avait invité la police à enquêter sur certains faits irréguliers au sein de l’établissement. L’officier de police avait dû purger sa peine après qu’il a été débouté en appel en 2007.

Autre cas rapporté à l’ICAC le mois dernier, celui d’un reportage complaisant ressemblant à de la publicité gratuite pour une agence de voyages. Peu de temps après, un employé de la MBC de même que des membres de la famille d’un haut gradé auraient bénéficié d’un trip à titre gracieux dans un pays d’Asie.

Les cars dépecés

À la MBC, c’est une succession de belles pagailles, pestent les employés qui en ont vraiment marre. Des techniciens s’étonnent que les cars de reportage soient dépecés et que les lumières et les équipements sonores soient enlevés pour être utilisés pour les sorties du Premier ministre. Les Rs 90 millions des contribuables converties en pièces détachées.

Alors même que le consultant qui avait travaillé sur l’acquisition des cars de reportage avait fortement recommandé que les investissements soient recoupés en les louant pour des services de production ou autres événements à caractère international.

Comme un équipement en cache un autre, les employés se sont aussi demandé où sont passés les drones qui devaient servir de support aux cars pour des reportages et la diffusion d’images en temps réel et qui auraient été certainement utiles pour les prises de vue aériennes du Wakashio. Personne ne sait puisque c’est dans l’hélicoptère de la police que la MBC a été sur le site et, là aussi, pour revenir avec des images de très mauvaise qualité. Pour rester sur le volet Wakashio, il faut aussi savoir qu’il ne s’est pas trouvé beaucoup de volontaires pour aller couvrir le sabordage du bateau, de peur d’être appelés comme témoins dans une éventuelle affaire judiciaire.

Comme c’est la saison des langues qui se délient à la MBC, certains ne prennent plus de gants pour faire remonter à la surface de  drôles de pratiques qui ont cours au sein du service public. Une clique, celle qui « roule » la MBC, est aussi copieusement critiquée pour ses agissements, le dernier en date étant que le technicien qui avait inscrit « BBC removed » dans le livre des annotations des faits a été prié de le remplacer par « problème technique ».

Comme les achats ne connaissent pas la crise à la MBC, Covid-19 pas Covid-19, il est maintenant question de passer en haute définition (HD) en janvier 2021 avec achat d’une quinzaine de nouvelles caméras, d’ordinateurs et de serveurs, alors même que l’on ne sait pas si le parc des téléviseurs des Mauriciens pourraréceptionner ces images. L’ancien président Bhijaye Ramdenee avait repoussé cette idée parce que les décodeurs dont disposent les Mauriciens ne seraient pas compatibles avec le format HD. C’est un peu comme cette lumineuse idée de procéder à des coupes dans les salaires et le transport, mais d’acheter en même temps trois véhicules neufs (voir Week-End du 9 août).

La gestion médiocre de la MBC a d’ailleurs été parfaitement illustrée par cette conduite approximative le jour du débarquement des techniciens français. Pas de traitement d’images qui ont été répercutées telles quelles où l’on peut voir que Pravind Jugnauth est loin de pratiquer la distance sociale qui est recommandée aux Mauriciens. C’est probablement dans le même registre de l’amateurisme qu’il faut placer cette image d’un journaliste de la MBC qui va récupérer son micro alors même que le ministre français des Outremer Sébastien Lecornu s’adressait encore à la presse.

Pour couronner le tout, il y a comme une exaspération jusque dans le cercle très rapproché du Premier ministre avec certains qui disent en avoir marre d’être harcelés pour le « visa » à obtenir avant la diffusion du JT du soir. Des échanges WhatsApp sur l’ordre du jour sont de rigueur avec des changements recommandés qui sont fidèlement exécutés. Bref, une MBC de plus en plus nulle. Gageons que les propagandistes de cette boîte sulfureuse vont démentir ce qui a été évoqué ici. Nous les attendons de pied ferme !

 

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