Seewoosing Dayal, plus connu comme Ashish, habitant Quatre-Bornes et chauffeur de taxi marron de son état, fait face à un procès devant les Assises pour trafic de drogue. Une accusation formelle de trafic d’héroïne a été retenue contre lui et trois autres personnes, en l’occurrence le policier Edgar Henri Joly, Louis Wenstley Jasmin et Mohammad Jamil Motaleb. L’affaire est entendue par le juge Iqbal Maghooa. Kamlesh Radha, qui a été condamné à 18 ans de prison pour avoir financé l’importation de drogue, a été appelé en tant que témoin dans cette affaire. Si Ashish Dayal nie lui toute implication dans cette affaire et maintient que son ami ne dit pas la vérité, en Cour Kamlesh Radha a déclaré que c’est bel et bien l’accusé qui l’a introduit dans ce cercle pour être bailleur de fonds.
Dans 19 dépositions consignées entre le 28 janvier 2017 et le 14 mai 2019, Ashish Dayal évoque sa relation avec le bailleur de fonds Kamlesh Radha et le transfert d’argent vers l’Ouganda effectué dans le cadre de ce trafic de drogue. Il nie cependant toute implication dans quelconque trafic et maintient que Kamlesh Radha a menti. « Zame mo finn fer sa bann zafer-la ! », déclare-t-il.
En Cour, hier, Kamlesh Radha a raconté comment il avait fait la connaissance d’Ashish Dayal et du constable Arvind Hurrechurn dans le sillage de cette affaire. Il a indiqué avoir rencontré Ashish Dayal en février 2016, ajoutant que tous deux s’étaient immédiatement liés d’amitié. Ils se rencontraient d’ailleurs souvent, soit au domicile de ce dernier, soit chez lui. « Nou ti pe partaz nou bann sekre e Ashish ti rakont mwa tou lor so lavi, swa bann larout biznes ladrog », dit-il.
Kamlesh Radha a fait la connaissance d’Ashish Dayal au début 2016, car il habitait Solférino, Vacoas, soit près du domicile de sa grand-mère. Il avait pour habitude de téléphoner à l’accusé « presque tous les jours », et qu’il allait lui rendre visite à son domicile, à Solférino, « deux à trois fois par mois ».
Aux questions de l’avocat de la poursuite, Me Jean Michel Ahsen, le témoin devait confirmer qu’il se servait d’un seul téléphone, de marque Samsung, et qu’il avait enregistré le numéro d’Ashish Dayal comme « A6 » dans sa liste de contacts. Et d’ajouter que l’autre carte Sim récupérée par la police sur ce même téléphone lui avait été offerte par Ashish Dayal. Il devait aussi dire avoir un autre téléphone, cette fois de marque Nokia, et dont se servait aussi Ashish Dayal. Il est revenu sur le fait qu’il faisait partie d’un réseau de drogue, maintenant avoir été introduit dans ce cercle par Ashish Dayal pour en être le bailleur de fonds.
Ail et gingembre
Le témoin a confirmé en Cour que Ashish Dayal l’avait présenté à un certain constable Khodadin, qui avait remis à l’accusé un formulaire portant le sceau de la police afin de déclarer une carte Sim perdue. « Mwa, zame mo finn fer kit depozision pou Sim card perdi, me ek sa formuler-la ti kapav deklar Sim Card perdi. Lapolis-la ti donn form-la Ashish », révèle-t-il.
Confronté aux déclarations de Kamlesh Radha, selon lesquelles il était en contact avec un Ougandais se faisant appeler James pour une transaction de drogue, Ashish Dayal a nié les faits. Il a toutefois concédé s’être rendu avec Kamlesh Radha et un des accusés impliqués dans ce procès, à savoir Jamil Motaleb, dans une succursale de la Western Union afin d’effectuer un transfert d’argent vers l’Ouganda. C’était en 2016. Ashish Dayal a expliqué que ce transfert d’argent avait été effectué pour les besoins d’importation d’ail et de gingembre.
La police avait aussi interpellé Ashish Dayal le 4 janvier 2017 avec Rs 28 175, comme suspectée provenir du trafic de drogue, en sus d’une autre somme de Rs 134 000. L’accusé avait cependant démenti que l’argent retrouvé provenait de ce genre d’activités illicites. De même, il avait nié connaître le défunt constable Arvind Hurreechurn.
Ashish Dayal est poursuivi devant les Assises pour avoir, entre juillet et octobre 2016, organisé l’importation d’environ deux kilos d’héroïne à Maurice. La drogue, d’une valeur marchande de Rs 35 millions, avait été retrouvée sur le constable Arvind Hurreechurn à sa descente d’avion, en provenance de Madagascar.
Plus tard, le constable avait été retrouvé mort dans sa cellule, au centre de détention de Moka, où il s’était pendu en utilisant le robinet d’un lavabo. DE manière inexplicable.
Le policier Joly est accusé d’avoir aidé Ashish Dayal dans l’importation de cette drogue. Quant à Louis Wenstley Jasmin, dit Coco, il lui est reproché d’avoir aidé feu Arvind Hurreechurn dans l’importation de ces deux kilos d’héroïne.
Enfin, le quatrième accusé, Mohammad Jamil Motaled, aurait agi de concert avec Ashish Dayal et Kamlesh Radha pour organiser l’importation de drogue en transférant des fonds en Ouganda.