The passing of a titan

Le départ cette semaine du PDG du groupe Le Mauricien Ltd, Jacques Rivet, ramène, entre autres, à une brutale réalité nationale. Nos générations actuelles et futures sont-elles adéquatement armées, humainement et académiquement, pour nous mener à bon port ? Vu le niveau ces temps-ci des débats et des attaques (le terme mesquineries ne serait-il pas plus approprié ?), surtout sur la place politique, nous sommes en droit de nous poser beaucoup de questions.

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Jacques Rivet est sans conteste l’un des derniers géants de sa génération. Aux côtés de ceux et celles qui ont pris naissance dans les années 1940/50/60, et qui, pour beaucoup, ont sinon contribué à l’émergence, soit fait partie des bassins politiques des grands partis – dont le MMM et le PTr –, et d’autres encore qui auront marqué l’histoire de notre pays, soit par le biais de leur plume, de leurs créations artistiques, ou de leur passage à des postes clés, tant à l’éducation et à l’économie qu’aux finances du pays. Des Mauriciens, pour la majorité d’entre eux, au caractère bien trempé, aux convictions solides, dotés d’une culture aussi plurielle que dense, et pour qui valeurs et principes n’étaient pas que des mots creux ou vains. Des êtres qui ont marqué de leur empreinte indélébile leur passage et qui lèguent un héritage fort et immuable sur lequel bâtir un avenir stable. Mais est-ce que ceux qui nous dirigent maintenant et ceux qui aspirent à décider de notre avenir ont l’étoffe pour assimiler cet héritage et le transmettre aux enfants de demain ?

Plusieurs de ceux appartenant à ces générations qui ont vu émerger la fine fleur de l’intelligentsia mauricienne nous quittent, les uns après les autres. Laissant, et c’est ce qui nous inquiète sérieusement d’ailleurs, un immense… néant ! Un vide qu’essaient de combler des pantins et des leaders de pacotille. Des représentants du peuple qui citent des popstars en plein hémicycle, durant les travaux parlementaires, des élus qui dégainent des formules en un éclair pour débiter, en somme, des litanies insipides. D’autres encore qui aspirent à faire de nos villes des New York ou des Manhattan ! Kot pe ale ?

Mais, plus grave encore, ce sont ces hommes et femmes qui sont au pouvoir et qui font interpeller, arrêter et placer en détention ceux qui osent se mettre au travers de leur chemin ! Simplement parce qu’ils ont eu l’audace d’exprimer franchement leur mécontentement. Que ce soit de vive voix ou via les réseaux sociaux. Les incidents à Plaine-Magnien et à Vacoas, tout comme à Bambous-Virieux, fin 2021, où il y a eu des interpellations et des arrestations, en témoignent. Sommes-nous toujours dans une démocratie ou dans une république bananière ?

Certes, ce qui pousse ceux qui sont au pouvoir d’agir de la sorte, c’est la conviction qu’ils y resteront, justement, au pouvoir. Le citoyen lambda peut s’irriter autant qu’il lui plaît devant les passe-droits des uns et des autres proches des dirigeants du jour, exploser de colère quand ces élus, ministres, PPS et maires se comportent comme s’ils n’avaient de compte à rendre à personne, et surtout pas au peuple ! Le problème, c’est que si aux prochaines élections générales, ces citoyens préfèrent ravaler leur salive et voter à nouveau pour les mêmes qu’ils critiquent aujourd’hui, on sera très mal barrés !

Des étincelles sont enregistrées déjà, çà et là, avec ces quelques Mauriciens qui en ont ras le bol et qui vont jusqu’à l’exprimer haut et fort, au risque de se faire cueillir par les policiers et de passer un sale quart d’heure en détention. C’est un début. Une entame qui prouve que « enough is enough ». Que le vase est plein à ras bord et que ceux qui détiennent les leviers des commandes doivent commencer à… « pran kont » !

Aucun développement sain et durable ne peut se faire sans stabilité. Cela, tous les politiques le savent. Mais avoir l’étoffe de mettre en place des projets qui vont de pair avec l’épanouissement humain, de surcroît quand nous sommes en pleine crise sociale et économique, cela revient aux leaders nés, pétris et mûris par les souffrances et les épreuves. Ceux qui nous gouvernent peuvent-ils revendiquer appartenir à cette catégorie ?

 

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