Tibunal de Moka : La tension monte d’un cran avec Bruneau Laurette dans le box

– Clash Mohamed/Santokhee avec la magistrate Jade Ngan Chai King dans l’obligation de lever la séance

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La séance d’hier après-midi au tribunal de Moka, consacrée à la suite des débats sur la motion de remise en liverté provisoire de Bruneau Laurette a été très animée. Tout d’abord, celui-ci a donné quelques détails sur les dessous de son arrestation par la PHQ Special Striking Team (SST) le vendredi 4 novembre 2022. Puis, est survenu un clash entre Me Shakeel Mohamed et le représentant de la poursuite, Me Roshan Santokhee. Le Leading Counsel n’a pu cacher son irritation face aux objections fomulées par la poursuite lors de l’audition de l’activiste politique. Par ailleurs, l’ex-épouse de Bruneau Laurette, Marie Joëlle Géraldine d’Autriche, a aussi déposé hier pour faire état de la relation entre sa fille de huit ans et l’accusé.

Dans sa déposition, très attendue en Cour, Bruneau Laurette est revenu sur les étapes de son arrestation par la SST ce 4 novembre. Auparavant, la défense avait présenté des photos de la maison de l’accusé à Petit-Verger, Saint-Pierre. « J’habite à l’étage alors que mon garage se trouve au rez-de-chaussée. Mon garage n’est pas fermé et il n’y a aucune porte. C’est là que je garde ma voiture », confirme-t-il. À peine Me Shakeel Mohamed aura posé ses premières questions que Me Roshan Santokhee est intervenu.

Me Mohamed : Bruneau Laurette, racontez-nous certains événements qui ont eu lieu avant votre arrestation du 4 novembre.
Me Santokhee : Je souhaite connaître la pertinence de cette question par rapport à la motion de remise en liberté conditionnelle.
Magistrate (à Me Mohamed) : Vous devez préciser comment la question est liée aux preuves.
S. M. : Ma question vise justement à montrer la nature des preuves contre lui.
R. S : La question ne peut être posée au stade de Bail Hearing.
Le ton monte alors entre les deux avocats, Shakeel Mohamed se plaignant des objections incessantes de son collègue de la poursuite. Il devait ajouter même : « Lorsque je suis venu en cour, un policier m’a insulté. Est-ce comme cela qu’on va procéder ? » La magistrate Jade Ngan Chai King est intervenue pour tenter de calmer les ardeurs. Finalement, elle lèvera la séance et demandera aux avocats de la rejoindre dans son bureau. Sauf que Shakeel Mohamed ne décolère pas et lance à haute voix : « je n’ai jamais vu ça en 30 ans de carrière comme avocat. Enough is enough. » Après une dizaine de minutes, la séance reprendra avec la déposition de Bruneau Laurette et cette fois-ci, la poursuite n’émettra aucune objection aux questions de la défense jusqu’à la fin.
S. M. : La police a trouvé de la drogue dans votre voiture.
Bruneau Laurette : Cette drogue ne m’appartient pas. Deux jours avant mon arrestation, il y avait une photo de moi et ma voiture diffusée sur les réseaux sociaux faisant mention que j’étais supposément un trafiquant de haschich. Il y avait une photo de drogue qui ressemble étrangement à l’item saisi dans ma voiture…
J’avais aussi fait mention dans une vidéo que certains membres de la SST étaient à Chemin-Grenier vers le 19 octobre où était présent un Range Rover noir dont les premiers numéros de la plaque d’immatriculation est 1867. Je l’ai aussi dit dans mon enquête.
Même si Bruneau Laurette ne le cite pas explicitement en cour, le Range Rover en question avec le numéro ressemble étrangement à celui d’un habitant de Rivière-Noire qui est dans l’actualité actuellement.
S. M : Il y a aussi un autre post sur Facebook.
B. L : Le 15 septembre 2022, il y a eu un post sur la page Sun Power montrant une photo avec les noms Armada 666, Darren L’Activiste, Akil Bissessur et moi. Ces trois personnes ont été arrêtées par la police et cette page savait en avance que j’étais le prochain sur la liste.
Puis, Bruneau Laurette est revenu sur son arrestation le 4 novembre.

S. M. : Vous dites que vous étiez à l’étage lorsque la police a débarqué chez vous le 4 novembre.
B. L : Ma voiture était dans le garage alors que je dormais à l’étage. Les policiers sont rentrés et ils m’ont menotté avant de procéder à une perquisition. Mo’nn dir zot ki zot pe fer. J’ai voulu appeler mes avocats, mais ils m’en ont empêché. Zot dir mwa pa pou telefonn avoka nanye la. Ils sont rentrés dans ma chambre pour fouiller. Puis, ils m’ont emmené dans le salon. Alors que j’avais le dos tourné, il y avait deux policiers qui étaient toujours dans la chambre. C’est dans le salon qu’un officier m’a montré un mandat signé par un ASP.
S. M. : Maintenant, racontez-nous cette fouille dans votre voiture.
B. L : Les clés de ma voiture étaient déplacées. Elles se trouvaient près de mon porte-monnaie lorsque je les avais gardées. D’ailleurs, le porte-monnaie a disparu. Et alors que je descendais les escaliers, j’ai aperçu une dizaine de policiers entourant ma voiture. Mo’nn dir zot mo loto ouver.
S. M :Justement, expliquez à la Cour le fonctionnement de votre voiture.
B. L : Il faut des clés pour ouvrir la voiture. Cela ne peut se faire que manuellement car son système électronique ne fonctionne pas.
S. M. : Ils ont alors fouillé votre voiture.
B. L : Oui, ils l’ont fouillée, mais ils n’ont pas trouvé mon passeport et mon permis qui étaient à l’intérieur. C’est moi qui leur ai montré ces documents au lendemain de mon arrestation, de même qu’une enveloppe contenant de l’argent.

Par la suite, la défense s’est attardée sur l’ancienne profession de Bruneau Laurette qui assurait la surveillance des navires (Sea Marshal).

S. M. : La police dit qu’il y a un risque que vous puissiez vous enfuir par voie maritime. Avez-vous de l’expérience de la haute mer ?
B. L : Je ne suis pas un capitaine de navire, ni skipper. D’ailleurs, je n’ai aucune formation ou connaissance en tant que skipper. Je ne sais pas piloter un bateau. Mon ancien travail consistait à assurer la surveillance des navires.
S. M. : Est-ce que vous possédez un bateau ?
B. L : Je ne suis propriétaire d’aucun bateau et je ne connais personne dans mon entourage qui en possède un.

Par la suite, Bruneau Laurette a expliqué qu’il n’utilise plus son téléphone satellite depuis cinq à sept ans lorsqu’il a arrêté de travailler comme Sea Marshal. Par ailleurs, Joëlle d’Autriche, ex-épouse de Bruneau Laurette, a déposé en Cour. Elle a expliqué qu’elle s’est séparée à l’amiable de ce dernier et qu’ils ont un enfant de huit ans ensemble.
« Malgré le fait que nous sommes séparés, Bruneau est proche de sa fille. D’ailleurs, il a choisi de rester à Petit-Verger pour qu’il puisse la rencontrer plus souvent car moi je suis à Saint-Pierre », dira Joëlle d’Autriche, qui ajoute depuis leur séparation, Bruneau Laurette s’acquitte d’un Alimony et paie le cours de musique de la fille, le tout totalisant Rs 6 700 mensuellement. Elle a ajouté que depuis l’arrestation de l’activiste politique le 4 novembre, père et fille ne se sont rencontrés qu’une seule fois. Joëlle d’Autriche a également fait ressortir que son ex-mari n’a jamais failli à ses responsabilités comme père et à ses engagements pris devant la Cour lors de leur séparation.
La déposition de Bruneau Laurette se poursuivra lundi alors que les débats sur sa motion de radiation des charges provisoire ont été fixés au 14 février.

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