Un frère arrive sur l’île sœur

Premiers pas à La Réunion ! Le 16 décembre 2022, PURE Music Festival, le premier festival 100% Mauricien organisé sur l’île sœur, marquera le début de notre relation avec les Réunionnais.

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Bien que proches dans nos traditions, la musique, la gastronomie, la langue et surtout géographiquement, les similitudes sont uniquement esthétiques – « Same, same but different ».

Le fossé est en réalité immense, nous cuisinons créole mais notre carry n’a pas le même goût !

Nos cousins, au sens propre comme au sens figuré, ont compris le sens du vrai métissage. Là où Maurice est un « salad bowl », la Réunion est un « melting pot ».

La vie culturelle est dynamique et la population est heureuse – 85% des Réunionnais selon le sondage SAGIS 2022. La corrélation entre ces deux facteurs semble évidente.

Pourquoi La Réunion ?

Mon coup de cœur ne date pas d’hier : je voyage à la Réunion depuis mes 14 ans. Ma famille y est presque plus nombreuse qu’à Maurice ! Les Locate, Cadjee, Ravate sont des entrepreneurs qui forcent l’admiration et qui m’ont fait découvrir leur île.

L’événementiel y occupe une place de choix et je me suis imprégné de cette culture festive durant mes visites fréquentes. Les nuits sans fin au Titty Twister, les rencontres au Balcon, le Jeudi au Choka, les découvertes au Sakifo – La Réunion possède une identité culturelle qui se renforce au fil des ans.

Les festivals sont nombreux ! Il n’est pas rare d’assister à des événements de grande envergure (plus de dix mille personnes) régulièrement. À titre de comparaison, Maurice n’a réalisé qu’un seul événement de plus de huit mille personnes ces dix dernières années…

De plus, la variété des manifestations permet à chacun de s’y retrouver ; la population locale est naturellement encline à la découverte et à l’ouverture. Cette célébration de la diversité est une condition préalable, une marque de fabrique de leur écosystème.

Il est vrai que nos artistes sont souvent invités à se produire chez nos voisins, beaucoup plus fréquemment que l’inverse.

Par ailleurs, la taille du secteur de la nightlife réunionnaise est substantiellement plus importante que Maurice malgré une population relativement petite de 860,000 habitants et avec cinq fois moins de touristes. De même, il s’agit du premier pays au monde pour la vente d’une grande marque de whisky par habitant.

Enfin le pic d’arrivées récentes de Métropolitains venus s’installer sur l’île à court et moyen terme participe à cette ferveur sans cesse renouvelée.

Maurice-Réunion 

Notre pays possède des atouts complémentaires avec un positionnement premium, notamment en termes d’infrastructures haut de gamme et clientèle de luxe. Nous avons organisé nos festivals dans des lieux tels que l’île des deux Cocos et l’île aux Cerfs qui sont comparables aux plus belles îles des Caraïbes ou d’Asie.

Les vidéos promotionnelles de ces événements nous ont permis de bénéficier d’une image prestigieuse dans d’autres territoires, ce qui prouve que Maurice a le potentiel de devenir une destination d’événements de haute facture !

Depuis quelque temps, la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) encourage la production de festivals par le biais du sponsoring et de la facilitation administrative, ce qui est un bon signal ! Mais cela ne nous permet pas d’atteindre une cible internationale. Contrairement à La Reunion, le marché du tourisme de festival n’existe pas encore.

Pour pouvoir atteindre ce résultat, le budget du festival doit tourner dans une fourchette entre 1 million et 1.5 M d’euros, ce qui n’est pas possible sans subventions. Le budget du Sakifo tourne autour de 2 M d’euros mais attire une clientèle populaire.

L’enjeu est différent pour Maurice qui préférera accueillir la jet-set du monde entier avec un focus sur l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient plutôt que des clients régionaux.

Mettre en place un tel partenariat public-privé est facile; cela dépend uniquement de la vision et de la volonté du Gouvernement. En quelques mois d’organisation, nous pourrions attirer une dizaine de milliers de touristes HWNI sur plusieurs jours de festival et marquer un grand coup de marketing sur les marchés internationaux.

Les étapes pour l’organisation du festival à la Réunion 

L’administratif 

Pour pouvoir opérer à la Réunion, il faut passer par une structure légale : compagnie ou association. Un Mauricien peut être actionnaire unique d’une compagnie mais doit nommer un Président qui détient un titre de séjour européen pour pouvoir ouvrir un compte en banque. Par contre, il est tout à fait possible d’opérer une association en étant étranger sans carte de séjour et de bénéficier de subventions de l’État français ainsi que d’exonérations fiscales, à condition de ne pas se rémunérer personnellement. La marque du festival doit être enregistrée à l’INPI pour la protection de la propriété intellectuelle. Cette procédure m’a pris environ une année.

Le choix du lieu

L’île dispose de lieux agencés et équipés pour recevoir de grands événements. Nous avions le choix entre La Cité des Arts et La Ravine St-Leu et notre choix s’est porté sur ce dernier emplacement. Le document essentiel à produire pour obtenir l’autorisation de la Mairie est le dossier de sécurité. Cette autorisation est ensuite déposée à la gendarmerie pour finaliser la validation du lieu.

Le booking des artistes

Il a fallu trouver une combinaison musicale adaptée au marché local avec une touche d’innovation. C’est ainsi que notre plateau se compose d’artistes majeurs venant d’Afrique du Sud, de France, d’Allemagne ainsi que d’artistes réunionnais. Dans ce cas les relations amicales jouent aussi beaucoup, c’est ainsi que j’ai pu convaincre le Français NTO de venir se produire alors qu’il avait décidé de prendre une pause en fin d’année. C’est également ma première collaboration avec l’une des plus grandes agences au monde – CAA (représentants d’artistes tels que Ariana Grande, Mariah Carey, Lenny Kravitz…) – pour le booking de HOSH.

Les partenaires locaux

L’organisation se faisant à distance, il était crucial de trouver des collaborateurs locaux pour mener à bien le projet. Notre réseau local nous permet de bénéficier du soutien d’organisateurs, d’artistes et de sponsors. Ainsi de grandes enseignes comme Edena, Chatel, Elidif et Wein Location nous accompagnent sur ce projet avec un apport numéraire et produits. D’autres partenaires médias traditionnels comme NRJ ou des canaux plus niches nous permettent de faire passer les informations sur le festival à notre cible. Tout le dispositif de production passe par La Réunion à l’exception de certains postes stratégiques qui sont gérés par Maurice ou Dubaï.

Les difficultés 

Bien entendu, pénétrer un nouveau territoire n’est pas chose aisée. Pour comprendre la psychologie collective de La Réunion, qui est différente de celle de chez nous, il est nécessaire d’analyser les subtilités entre les communautés, les codes et les comportements sociaux. Les « Zarabes », les « Zoreils », les « Kreols » et les « Malbars » ne sont pas les mêmes qu’à Maurice ! Cette compréhension sociologique a été déterminante dans notre façon d’appréhender le marché.

Le résultat

Notre objectif, plutôt ambitieux, est de réunir une jauge entre 2,500 et 3,000 personnes pour notre premier festival. Mais au-delà de l’organisation de l’événement, c’est notre empreinte que l’on veut poser sur l’île intense afin de développer d’autres types d’événements tels que les concerts et les one man show. Ce qui créerait le premier axe événementiel régional Maurice-Réunion.

Le marché réunionnais est en ébullition… Ce n’est pas pour rien que plusieurs grands groupes mauriciens ont déjà posé leurs valises dans les domaines de l’automobile, la grande distribution ou l’hôtellerie.

Un frère arrive sur l’île sœur.

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