(Zone rouge) Le vécu au quotidien – Highlands : entre angoisse et espoir sous le signe de l’entraide

Depuis une semaine maintenant, les habitants de Highlands sont partagés entre l’angoisse et l’espoir. Certains se sont calfeutrés, tandis que d’autres s’organisent pour venir en aide à ceux qui en ont besoin. Tous se tiennent au courant de l’évolution de la situation, des nouvelles de ceux qui sont en quarantaine et des résultats de leurs derniers tests PCR.
Une atmosphère oppressante continue de planer sur Highlands une semaine après la détection de 22 cas de Covid-19. Les habitants concernés ont été transférés dans les centres de traitement alors que leur entourage et ceux qui ont été en contact avec eux placés en quarantaine. Une situation sans précédent qui a ébranlé toute l’aggomération. « De la fenêtre de ma chambre, qui se trouve à l’étage, j’ai vu des ambulances venir les chercher. J’ai même levé la main pour leur dire au revoir », témoigne une habitante de la localité, la voix tremblante et le regard lointain, levant lentement la main pour joindre le geste à la parole. « Ce sont nos voisins… » laisse-t-elle.

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« On ne dort plus. On attend ! », soutient une jeune femme, dont le frère est en quarantaine. Des maisons entières ont été vidées. « Nou santi enn vid. Tris, tris », souligne une vieille dame, âgée de 82 ans et qui vit seule. Certains sont soucieux avec le début du Ramadan. « Comment vont-ils faire en centre de quarantaine ? » À cela, des dispositions ont été prises pour que les personnes qui s’y trouvent puissent faire le « sehri » et l’« iftar » à l’heure.

D’autres sont frustrés, voire très en colère, face à cette situation. « Nous ne pouvons pas travailler. Nous ne sommes pas salariés et cela devient de plus en plus difficile », témoigne un autre habitant, qui est dans la construction. Pour leur part, les élus de la région tentent de faire de leur mieux pour faciliter la vie des habitants. « Nous savons que la situation est difficile, surtout avec le Ramadan qui commence. Avec le député Bablee, nous allons voir comment, dans la mesure du possible, aider les habitants concernant l’achat de vivres ou autres nécessités », souligne le conseiller municipal Roshan Runglall, qui se trouve également en quarantaine. Son frère a été testé positif.

Entre-temps, depuis le début du décret de la zone rouge, la solidarité s’organise dans la région. Aujourd’hui encore, elle se poursuit. Ziad Chetty, de la plateforme militante, indique que cela se fait à différents niveaux. « Il y a les nécessiteux, il y a ceux qui ont les moyens, mais qui ne peuvent pas sortir, et enfin ceux qui ont les moyens et qui n’ont pas eu l’occasion de faire des provisions avant. » Ainsi, le groupe fait la liaison entre les donateurs et les sociétés qui s’organisent à l’intérieur pour la distribution, suivant des appels et des renseignements glanés par ceux qui habitent le coin.

« Nous sommes en contact avec pas mal de personnes, qui nous renseignent sur ces cas », dit notre interlocuteur. Et de poursuivre : « Les bénéficiaires ou ceux qui demandent de l’aide pour leurs achats peuvent venir récupérer leurs colis au check-point à l’heure convenue le jour de leur sortie. » Dans des cas d’urgence, il note que le soutien de la police est de mise. « Par exemple, au début, nous avons sollicité l’aide de la police pour une distribution de denrées de base et de petits biscuits. Une manière d’apporter un soutien à la fois émotionnel et matériel à certains. »

Commerces

Malgré sa taille, aucun supermarché n’existe à Highlands. Les plus proches sont à Phoenix, plus précisément à Valentina et à Camp-Fouquereaux. Avec cette nouvelle situation qui a surgi, les habitants, du moins ceux qui n’ont pas de provisions, ont été obligés de modifier leurs habitudes en allant frapper aux portes des petites boutiques du coin. Sauf qu’elles n’ont pas toutes ouvert leurs portes en ces temps difficiles, par mesure de précaution.
« Elles peuvent venir prendre livraison du pain le matin auprès du point de contrôle de Phoenix (sous l’autopont de l’autoroute, à proximité du collège Alemiah, Ndlr) pour les revendre », fait ressortir Roshan Runglall au Mauricien. Selon Ziad Chetty, un constat sur le terrain démontre que, dans la mesure où certaines boutiques ont accepté d’ouvrir leurs portes, les heures d’ouverture ne coïncident pas toujours avec la sortie des habitants, qui se retrouvent devant une porte fermée. Soulignant que certaines personnes se plaignent d’un manque de produits dans les boutiques, il note que les boutiquiers peuvent appeler les livreurs et s’arranger pour s’approvisionner en fonction des demandes.

À ce jour, le village est barricadé. Chaque route principale menant au village compte un point de contrôle dans les deux sens, alors que les petites rues latérales, dont certaines mènent discrètement, parfois en passant par des sentiers, anciennement connus comme des « sime kann », hors du village, sont également barrées. Ces endroits font l’objet d’un contrôle régulier de la police.

Ziad Chetty encourage les habitants à être patients jusqu’à la fin de cette quatorzaine. Le conseiller Runglall, quant à lui, de même que certains habitants souhaitent qu’un nouvel exercice de test PCR de masse soient organisés pour s’assurer d’une meilleure situation sanitaire dans le village avant sa réouverture. Les habitants, quant à eux, souhaitent sortir au plus vite de cette situation. L’organisation d’une campagne de vaccination dans la localité, dès que possible, est également réclamée. Par ailleurs, le public est invité à appeler le 8924 en cas de symptômes de la maladie.

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