(Re)Découvrir Maurice : La face positive de Roche-Bois

Roche-Bois n’est pas que drogue, alcoolisme, la précarité, et autres fléaux sociaux. C’est aussi une région où il fait bon vivre et où des jeunes ont grandi avec des valeurs sûres pour grandir et s’en sortir. Le soutien mutuel permet aussi aux uns et aux autres d’avancer.

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Clara Seesaft et Edwidge Sivance, de l’Ecole des Valeurs qui a récemment fusionné avec l’ONG Future Hope.

À la mi-journée, l’ambiance est bon enfant dans certaines rues de Roche Bois, alors que d’autres sont beaucoup plus animées avec le va-et-vient des véhicules et des regroupements. Edwidge Sivance observe cette réalités depuis des années. Acteur social dans son quartier depuis environ 35 ans, elle a fait partie de plusieurs militant. Ancienne directrice du Mouvement pour le Progrès de Roche-Bois (MPRB), elle est aujourd’hui responsable de l’École des Valeurs. Une plateforme fondée en 2016 dédiée à l’accompagnement sociale et scolaire. Et ce, tout en étant un lieu de rencontre pour les jeunes vivant avec les maux qui minent la région. Pour elle “Roche-Bois est un endroit où il fait bon vivre et où l’on se sent en sécurité. ” Le centre social étant fermé, les classes de l’École des Valeurs se tiennent temporairement dans son garage. Sa maison, située dans une rue relativement paisible, fait face à une ancienne usine d’allumettes qui a fermé ses portes dans les années 70 et reconvertie depuis en store.

Ros bwa ena talan

Dans l’arrière-cour du Social Welfare Centre, qui abrite aussi un cabinet dentaire et un community Health centre, Jean Claude Kelly explique que : “Roche-Bois est une région qui a beaucoup évolué ces dernières années. Nous avons des atouts qui méritent d’être valorisés”. Non loin du poste de police, Aurélie Dookhee, conseillère municipale est d’avis que : “Roche-bois a toujours eu ce problème d’étiquette. On nous désigne comme une quartier chaud. Je ne vois pas les choses ainsi et je ne me suis jamais sentie menacée ici.” Elle n’habite pas l’endroit mais a appris à le connaître.

“Ros Bwa ena lanbisyon e talan, pa zis ladrog.” Nombre d’artistes de la région ont marqué l’histoire musicale du pays. Entre autres, Kaya, Berger Agathe, Tian Corentin, Gérard Bacorilall, Sylvio Lynx, Tonton Empeigne, Mario Ramsamy, Babalé. C’est sans oublier la nouvelle génération avec de grosses pointures comme Bigg Frankii ou encore Sky To Be. Aujourd’hui, l’atelier Mo’zar, fondé par feu José Thérèse prolonge cet héritage artistique en formant des jeunes du quartier.

Edwidge Dookhee, Project coordinator au sein du MPRB

“Il ne faut pas avoir honte de vivre à Roche-Bois”

Patrick Wong, musicien au sein du Wi Revival Band.

Le Wi Revival Band est une formation musicale populaire dans la partie de Cité Roche-Bois connue comme « la ligne G ».

Patrick Wong raconte que naguère il n’y avait pas autant de loisirs, d’où la création de cette formation musicale familiale qui existe depuis une dizaine d’années. “Nous avons aussi du talent. Le plus important, c’est surtout d’inculquer les bonnes valeurs à ces enfants pour qu’ils fassent les bons choix”, avance cet ancien policier à la retraite. Son épouse, Sylvie, précise : “Il ne faut pas avoir honte de vivre à Roche-Bois.” Le couple Wong a deux fils dont ils sont très fiers, le premier est expert comptable et le second, Roman, est Cabin crew.

Ce dernier fait ressortir : “Roche-Bois a beaucoup de potentiels. Vous pouvez retrouver des personnes qui occupent des postes importants, des directeurs de compagnies, avocats, policiers, médecins, lauréats…” Edwidge Dookhee, Project coordinator au sein du MPRB précise : “Roche-Bois est une région très positive. Beaucoup de jeunes ont émergé hors de cette précarité, ont un travail, sont reconnus et engagés. Mais de l’autre côté, il y a aussi la misère.”

Edwidge Soupraya, une des doyennes de Roche-Bois.

Une région en plein développement

Parallèlement, la toxicomanie et la précarité y sont toujours présentes. À certains coins de rue, le trafic de drogue se fait au clair. Si la région bénéficie de plusieurs facilités sportives et sociales comme le terrain de foot ou encore les gradins du terrain de foot synthétique du jardin Sir Gaëtan Duval, ils sont malheureusement devenus des repères pour des toxicomanes. Des amas d’ordures sont également visibles sur certains sites. “Or, ce n’est pas uniquement à Roche Bois que nous retrouvons ces scènes”, fait ressortir Patrick Wong. Il est d’avis que “ce changement que nous voulons voir dépend aujourd’hui de cette nouvelle génération.” Nous allons à la rencontre d’Edwidge Soupraya, 81 ans, présidente de la Senior Citizen Association. En sus d’offrir des cours de danse rétro aux jeunes, la doyenne s’y connaît aussi en savoir-faire ancestral et “frot vant, tir freser, mark dart.” Elle nous raconte comment au cours des années “tant de jeunes se sont démarqués pour devenir des modèles pour les autres”. Le gendre d’Edwidge Sivance, Didier Moutou, est recteur au collège Bhujoarry. Ce fils de Roche-Bois est un exemple pour tout le quartier. “Ce qui est sûr, c’est que l’éducation, la culture et le sport sont importants pour tirer Roche-Bois vers le haut”, souligne Edwidge Soupraya.

Roman Wong, jeune habitant de Roche-Bois.

Patrick Wong est d’avis que la région s’est beaucoup développée au cours des années. Citant la station d’essence Shell, il précise “qu’elle a aidé à rehausser l’image de Roche-Bois”. D’ailleurs, Camp Zoulou, ou est né le roi du reggae, est désormais aussi connu comme quartier Shell. Toutefois, le musicien se désole que l’estuaire de Terre Rouge “qui fait partie intégrante de Roche-Bois ne soit pas reconnu en tant que tel. Nous sommes principalement associés  à des choses négatives, alors que nous sommes beaucoup plus que cela.”

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