Ligue des nations : France-Belgique, la mauvaise histoire d’une amitié gâchée

Depuis la demi-finale du Mondial-2018 de football, une rivalité parfois « toxique » s’est nouée entre Français et Belges par le truchement des réseaux sociaux, un « running gag de bas niveau » qui relègue au second plan une amitié historique entre groupe de supporters.

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France-Belgique, classique du football européen, a longtemps pris des airs de fête des voisins. Mais avant les retrouvailles, jeudi en demi-finale de la Ligue des nations (20h45), l’atmosphère reste alourdie par un après-Coupe du monde teinté de sarcasme et de rancoeur.

Déçus d’être bloqués aux portes de la finale, par des Bleus « pas meilleurs » que la Belgique et regroupés « à 40 mètres de leur but », dixit le gardien Thibaut Courtois, les Diables rouges ont été dépeints en mauvais perdants ayant le « seum » (la rage), sur la toile française.

La rivalité a toujours été « saine et sportive » sur le terrain, mais il y a à l’extérieur « des excès des deux côtés, car on est dans les interprétations de propos à chaud (…) qui ont pris certainement trop d’importance », a résumé lundi le sélectionneur Didier Deschamps.

– « Toxique, invivable et stupide » –

Des deux côtés de la frontière, certains médias ont soufflé sur les braises, sans toujours mesurer l’hostilité que cela pourrait déclencher.

« Il y a toujours eu une petite animosité, mais plutôt taquine historiquement », affirme Swann Borsellino, journaliste à So Foot et à la RTBF. Mais « depuis 2018, cela m’agace vraiment car c’est devenu toxique, invivable et stupide », dit-il, effaré devant les proportions prises par cet antagonisme.

En Russie, les Belges avaient « l’une des meilleures équipes de leur histoire, ils avaient une croyance énorme en leurs chances », poursuit-il. L’opportunité de gagner un Mondial se présente rarement chez eux, « beaucoup de gens qui se moquent des Belges ne comprennent pas cette situation ».

« La Belgique a une super génération et pouvait espérer ce moment de joie ultime qu’on a eu, je me doute que c’était douloureux et que ça puisse encore l’être pour eux », prolonge Fabien Bonnel, un des animateurs du groupe de supporters Les Irrésistibles Français (IF).

« Se moquer 5 minutes ça va, en rajouter depuis trois ans c’est inutile », dit-il à propos de ce « running-gag de bas niveau » qui prolifère sur internet. A la place des Belges, « tu me sors ça tous les matins, à mettre du +seum+ à toutes les sauces, à un moment je vais t’en vouloir et ne pas forcément être gentil ».

– Barbecue et partie de foot –

Lui préfère retenir la complicité nouée avec ses homologues belges autour d’une barbecue en 2013, d’une partie de foot en 2018 en Russie ou encore dans les tribunes du Stade de France, avec des supporters venus « avec leurs maillots belges » pour assister à un match des Bleus.

« Nous les +IF+, on a une amitié avec les ultras belges », poursuit Kin-Wai Yuen, un membre actif, prenant en exemple la bâche installée l’été dernier durant Suisse-France en hommage à Erik Reynaerts, figure des tribunes décédée à l’Euro-2016. « C’est une amitié avec ces supporters belges, ça ne représente pas le grand public, les réseaux sociaux, les +haters+. »

Du côté des Irrésistibles Français, on espère que les tensions perceptibles en ligne et dans certaines manifestations de rue ne trouveront pas un prolongement aux abords du Juventus Stadium, jeudi.

« C’est la première fois qu’on repart en déplacement à l’étranger dans une configuration autre que celle connue à l’Euro, ce serait dommage que la fête soit gâchée », lance Fabian Tosolini, autre supporter tricolore habitué à suivre les Bleus partout. « OK, il y aura la rivalité sportive, en tribune on essaiera de faire plus de bruit que les Belges, mais c’est notre rôle et c’est pas un sujet, ils feront la même chose que nous ».

Swann Borsellino paierait cher pour retrouver le souvenir des France-Belgique d’avant-2018. « Je rêverais qu’il n’y ait que la rivalité sportive, entre un N.1 mondial (au classement Fifa, NDLR) et un champion du monde. Elle est superbe, cette rivalité-là, c’est celle-là qui compte », dit le journaliste qui vit entre Paris et Bruxelles.

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