Rajen Narsinghen : « J’espère que la population va dire à ce gouvernement : Stop !»

Notre invité de ce dimanche est Rajen Narsinghen, Senior Lecturer à l’université de Maurice, ancien diplomate, membre de la Law Reform Commission et ex directeur de la Banque de Maurice, qui nous livre ses impressions sur le discours budgétaire. Il évoque également la situation de « terreur » dans le pays, et les cas de passe-droits. Tout cela sans fards et sans concession.

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L’actualité de fin de semaine oblige, commençons par le budget 2023-24. Comment qualifieriez-vous ce 4e budget de Renganaden Padayachy présenté vendredi ?

Je qualifierai ce budget de budget confettis et budget trompe-l’oeil, qui ne donne pas suffisamment aux pauvres.La population était en attente par rapport à ce budget. Malheureusement, il y a eu des déceptions. La pension de vieillesse n’a été augmentée que de Rs 1 000, l’essence a connu une basse de Rs 5 seulement, les travailleurs s’attendaient à mieux, les jeunes aussi…. Çà et là, le ministre a donné quelques miettes, et j’apprécie les quelques petits efforts faits par rapport à certaines prestations sociales. Cependant, les efforts ne sont pas dans la même ampleur pour pouvoir compenser la perte du pouvoir d’achat des Mauriciens depuis deux trois ans. Ce qui est plus grave par rapport à ce budget, c’est qu’il n’adresse pas les maux de notre société. D’abord, l’inflation ! La dette publique est arrivée à un taux record inacceptable. Rien n’est fait pour empêcher la dépréciation de la roupie mauricienne, et cela va continuer de plus belle avec une inflation qui deviendra galopante et dépassera le seuil de 10%, pouvant atteindre 15-20 %. Les vrais problèmes systémiques de l’économie mauricienne n’ont pas été pris en compte pour les moyen et long termes. Le gouvernement est en train de pratiquer une politique de terre brûlée, avec beaucoup de gaspillages, sans compter la corruption. Ce budget contient beaucoup d’annonces, mais au final, cela demeure des annonces, comme pour le Rivière des Anguilles Dam par exemple, qui a été annoncé dans quatre budgets…

Quel est le vrai but derrière ce budget alors ?

C’est un budget complètement électoraliste. On prépare le terrain, soit il y aura les élections cette année, soit l’année prochaine. Si les élections ne sont pas tenues cette année, le prochain budget sera encore plus électoraliste. Les anciens ministres des Finances manquaient peut-être une petite dimension sociale, humaine. Rama Sithanen par exemple était quelqu’un qui connaissait l’économie du bout de ses doigts. Là, il me semble qu’il y ait des amateurs qui ne connaissent pas les fondamentaux d’une économie, qui ne les maîtrisent pas  … Le gouvernement est en train de faire du money illusion. Il vous donne de l’argent en termes de roupies, mais en termes réels, vous n’avez rien. Et l’année prochaine, la dépréciation s’accentuera et les Mauriciens souffriront davantage en termes de pouvoir d’achat. À moyen terme, dans 5-7 ans, Maurice risque de devenir comme le Sri Lanka ou d’autres pays qui ont eu un collapse total.

Tout de même, toutes les catégories sociales, les pensionnés, les travailleurs… et même les jeunes de 18 ans ont reçu un cadeau financier du gouvernement. Les élections générales sont-elles derrière la porte ?

Je n’ai pas cette boule de cristal pour pouvoir annoncer les élections. Le gouvernement est en train d’envoyer des signaux différents. Il y a une possibilité que le Parlement soit dissout après les débats sur le budget pour éviter l’issue de ce procès opposant Pravind Jugnauth à Suren Dayal devant le Privy Council le 10 juillet. Mais il y a aussi la possibilité que le gouvernement prend le risque d’attendre le verdict. En tant que juriste responsable, je dirai moi que c’est du 50-50. Rien n’est jamais gagné d’avance. Pour les deux parties. Il se peut que le PM aime les risques et arrivera ce qui arrivera. S’il perd devant le Privy Council, à la limite il pourrait y avoir des élections partielles. Ou alors il va dissoudre le Parlement à ce moment-là…

Le leader de l’opposition, Xavier Duval, parle lui d’un « War Chest pour les élections ». Paul Bérenger, lui, affirme que le gouvernement en a sous la main et a gardé des munitions pour le dernier budget, et Navin Ramgoolam affirme pour sa part que le ministre des Finances a pris deux bœufs pour donner un œuf à la population. Qui est le plus proche de la vérité de ce budget ?

Les trois sont complémentaires. C’est vrai que d’une certaine façon, c’est l’avant-dernier budget, et donc Renganaden Padayachy a sans doute gardé des munitions dans la manche. Par exemple la pension de vieillesse à Rs 13 500 ou plus à la veille des élections l’année prochaine. Ramgoolam a raison de dire que le gouvernement reprend ailleurs notre argent pour nous le redonner, et même donner plus qu’il faut, alors que c’est un argent complètement dévalué. C’est cela que j’appelle la money illusion : on a beaucoup d’argent dans la poche, mais quand on va au supermarché, on n’a rien dans le caddie ! Malheureusement, une certaine partie de la population peut être abrutie et illusionnée par cette magie du gouvernement…

Il y a tout de même de bonnes mesures : baisse de l’essence, un salaire minimum, majoration des revenus de Rs 1 000 à Rs 2 000 ? La majoration de la pension de vieillesse et d’autres prestations sociales, et même Rs 20 000 aux jeunes de 18 ans… C’est le Père Noël en juin ?

C’est tout à fait ça. Et ce sera sans doute encore plus l’année prochaine s’il n’y a pas d’élections cette année. Et cela sera au détriment des mesures correctives systémiques. C’est là tout le drame. Le gouvernement est en train de jouer à pile ou face. Il se dit : “Je dépense. Si je perds les élections, c’est le gouvernement qui vient qui prendra le poêlon chaud. Si je gagne, on continue sur notre lancée avec les mêmes politiques de ces 9-10 dernières années”.

Pensez-vous que ce budget va quelque part requinquer le gouvernement, qui est tout de même plutôt impopulaire ces jours-ci ?

Pendant 2-3 semaines, certains vont se taper l’estomac pour dire voilà on a donné ceci, on a fait cela. Vous imaginez, un ministre des Finances annoncer Rs 20 000 across the board pour un jeune qui atteint ses 18 ans. Pourquoi ? Y a-t-il un plan ? Il aurait fallu un ciblage plutôt, et penser aux jeunes qui n’ont pas réussi leur SC ou qui doivent aller faire un métier et leur offrir un support plus conséquent. Les jeunes qui auront Rs 20 000, ils vont le gaspiller en deux temps deux mouvements. Tout est fait dans un but électoraliste, ce n’est pas sérieux. Ce one-off bribe est honteux. Le gouvernement aurait dû prendre un budget pour cibler les vrais jeunes vulnérables et leur faire de sortir de l’abîme, mais il a préféré des mesures électoralistes et futiles.

Ce budget est-il de nature à faire oublier les scandales et le renvoi des élections municipales ?

Le renvoi des élections municipales est complètement inacceptable. Probablement, il y avait un bon prétexte avec le Covid. Cependant, il y a bien eu les élections dans les villages et à Rodrigues. L’argument est aussi que dans le passé, il y a aussi eu des renvois. Or, un mal fait dans le passé ne peut pas justifier un mal fait aujourd’hui. Maintenant on souhaite venir avec une réforme des administrations régionales ? On va donc prendre deux ans pour une réforme ? Si les gens sont sérieux, en deux mois, avec de bons professionnels — et je suis volontaire — pour écouter toutes les parties, trouver un juste milieux, on peut prendre une vraie décision, voire s’il faut amender la loi et faire une réforme.

Que vous inspirent les arrestations bruyantes et arbitraires d’opposants au régime, suspectés de délits majeurs, alors que les proches du pouvoir sur qui pèsent de graves soupçons bénéficient eux d’une indulgence choquante de la police et, en particulier, la SST ?

Je ne suis pas là pour défendre qui que ce soit. Mais nous avons été témoins de nombreuses aberrations. Que ce soit dans le cas de Bruneau Laurette par exemple ou Akil Bissessur. Prenons le cas de Sherry Singh. Il y a des accusations. C’est peut-être vrai, c’est peut-être faux. Mais si c’est vrai, pourquoi l’a-t-on toléré de 2014 à 2021 ? Si c’est vrai, cela veut dire qu’il y a une complicité de Lakwiznn avec Sherry Singh. Qui de la cuisine a toléré ? Je ne sais pas ! Si le PM se dit  choqué par la demeure de Sherry Singh, cela veut dire qu’il était au courant de comment c’est. La population n’est toutefois pas dupe. C’est parce que Sherry Singh a viré contre le gouvernement qu’il a été arrêté et sa femme également. On verra bien ce qu’il en est des dessous de cette affaire, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a une politique revancharde du haut du pouvoir.

Laissez-moi faire la comparaison avec un autre blue-eyed boy actuel. Cette personne est nommée sur plusieurs boards. Cette personne est aidée par la MIC, qui lui a octroyé plus de Rs 300-400M pour la concrétisation de ses projets dans le domaine médical et touristique. Vous savez à qui je fais référence ! Je fais une blague : si on dit que la maison de Sherry Singh est silverplated, la maison de l’autre est goldplated. Cela peut arriver qu’il y ait dissonance entre ce blue-eyed boy et Lakwizinn un jour, et c’est à ce moment-là que le PM va se réveiller et venir dire qu’il y a de l’or dans la maison de cette personne ! On connaît bien le modus operandi de ce gouvernement. Ils ont arrêté Ramgoolam et aussi arrêté Anil Bachoo de façon arbitraire, et ont essayé de coincer tous les opposants politiques. C’est un peu dans l’ADN de certaines personnes. Souvenez-vous à l’époque qui a arrêté et a mis sir Gaëtan Duval en prison, ils ont mis Ramgoolam en prison. Ils ont essayé de mettre plusieurs autres opposants en prison. Ils essayent de brimer d’autres personnes comme Rama Valayden, Akil Bissessur, aujourd’hui c’est Sherry Singh… Personne n’est à l’abri. Il y a un climat de terreur qui a été mis en place. Il y a des gens qui sont révoltés, mais ils préfèrent se taire par crainte d’être arrêtés, bousculés.

Surtout qu’on a affaire à une Special Striking Team…

C’est dramatique comment on a créé une unité de police qui prend les ordres qui sortent d’en haut pour arrêter les adversaires politiques. C’est pire qu’en Afrique. C’est pourquoi les gens ont peur, car cette affaire de planting est choquante. Certes, il y a un gros problème de drogue dans le pays. Mais aujourd’hui, les vidéos qui circulent montrent que tout ce qu’on voit n’est peut-être pas la situation réelle. Ce qui est grave, c’est qu’avec ces méthodes, aujourd’hui, même les gros trafiquants profitent de cette défense pour dire qu’il y a du planting chez eux.

l Il y a aussi cette indulgence face à certains…

Je ne vais pas blâmer toute la police, car à l’intérieur, il y a des gens qualifiés. Malheureusement, il y a aussi un pourrissement de certaines unités de la police qui sont à la solde de ce gouvernement et qui ont toujours écouté les ordres qui viennent d’en haut. Il y a deux en haut : un privé, Lakwizinn, et un officiel. Et les deux parfois donnent des ordres pour arrêter, pour brimer les adversaires. Il y a eu huit morts d’homme, ce que j’appelle des extrajudicial killings, et dans lesquelles, pour la première fois, il semble que des gens au sein du gouvernement sont directement ou implicitement ou indirectement impliqués, je ne sais pas comment. Mais les enquêtes viendront le prouver. Et tous ces huit cas, d’une façon ou d’une autre, sont reliés avec le procurement pendant le Covid. D’ailleurs, l’ICAC a reçu une claque quant à l’affaire Molnupiravir. Il y a aussi le cas Franklin, le cas EcoDeer Park. Mais là encore, je suis sûr que rien ne sera fait. Certaines personnes disent d’ailleurs que Franklin c’est du cinéma… Tout est fait pour la façade par l’ICAC.

Yogida Sawmynaden s’est tout de même rendu aux Casernes la semaine dernière…

Qu’est-ce que le DPP a dit ? Là encore, c’est un tug of war entre la police qui est malsaine. La section 72 de la Constitution donne cette prérogative seulement au DPP pour mettre des charges contre des personnes. Les autres affaires relèvent de la police. Dans ce cas, le DPP dit ce qu’il faut faire — pas un provisionnal, mais directement — un charge sur un ministre. Or, qu’est-ce qu’on voit ? La police est en train de tergiverser pour le summon. La police est en train de bafouer la section 72 de la Constitution. Et il y a des gens qui trouvent cela normal. Que ce soit la presse ou l’opposition, personne n’a évoqué cette entorse constitutionnelle où la police ne respecte pas un ordre du DPP. Certaines personnes qui ont un locus standi auraient dû aller à la Cour suprême pour demander un writ pour obliger la police d’obéir à l’ordre du DPP.

Quelle est votre vision de la situation politique à Maurice ? Ni le gouvernement ni l’opposition officielle ne semblent donner de l’espoir aux insatisfaits du régime…

L’opposition officielle fait son travail. Il y a des questions intelligentes posées par Xavier Duval, qui fait très bien son travail de leader de l’opposition. Mais avec le Speaker actuel, le Parlement est devenu une farce. Je n’ai jamais vu un Speaker, dans d’autres pays, aussi féroce, beaucoup plus comme un bouncer, avec une hargne et qui prend des décisions à tort et à travers, avec dans 99% des cas l’expulsion des membres de l’opposition et une seule fois du gouvernement. L’opposition fait son travail, mais est coincée. Quant aux actions de rue, la population est effrayée de descendre par crainte de représailles, même si parfois les petits partis, des individus, des syndicalistes… essayent des actions symboliques. C’est très bien. Dans les année 1970, il y avait un lumpenprolétariat, les gens n’avaient pas peur. Mais aujourd’hui, tout le monde craint. On vit dans un état de frayeur, de peur de planting

Venons-en au terrain de Réduit que le ministère du Logement a repris à certaines associations culturelles en leur proposant un swapping à La Vigie, puis à Hermitage, Côte D’Or. On vous a vu bien présent sur le terrain…

Cette affaire m’interpelle beaucoup plus comme un juriste des droits humains, car le droit de la propriété est sacré à Maurice. Il faut savoir que ce terrain a été donné à l’époque à plusieurs organisations — le MTCCT, l’IMCA, la Hindu Speaking Union et l’Urdu Speaking Union par d’abord Paul Bérenger. Il avait donné 75 perches de terrain au MTCCT. En 2005, avec le changement de gouvernement, il y a eu un flottement au niveau de l’existence de ces associations socioculturelles. Mais après un an, en 2007, Ramgoolam leur a donné 1 arpent 41 perches. Avec les réserves de la rivière, ça fait au total deux arpents de prime land qui vaut Rs 100M. Le contrat arrive à échéance en 2030. En novembre 2010, Navin Ramgoolam a procédé à la pose de la première pierre. Quand on pose la première pierre, ça veut dire que la construction a déjà démarré. En 2014, la personne à la tête du trust a obtenu le BLUP (Building ans Land Use Permit) du District Council. Tout a ainsi été fait, et le MTCCT et son équipe avaient accumulé Rs 3M. Cependant, le ministre Teeluck, du moins ses officiers, sont venus dire que les autorités n’allaient pas procéder au décaissement pour le recurrent expenditure, parce que le trust disposait de Rs 3M. Rs 3M qui étaient destinées à démarrer la première phase de la construction. Donc, ce même gouvernement, ce même ministère a empêché de façon implicite de commencer la construction.

Le 14 avril, le gouvernement, à travers le Premier ministre, vient dire, sans consultation avec les trustees, qu’il va prendre ce terrain. La raison invoquée est un projet d’intérêt national. Sans doute, de bonne foi, des gens bien pensants sur le trust, qui sont toutefois des nominés politiques, ont dû se dire que si c’est pour un projet d’intérêt national, nous allons accepter. Or, quand la question a été posée par le député Deven Nagalingum au Parlement, le ministre Obeegadoo a parlé d’un Medical Hub. C’est alors que la communauté a compris que ce projet n’est pas un projet gouvernemental, mais qu’encore une fois, c’est des blue-eyed boys qui allaient s’accaparer les terres de l’État à leurs dépens. Le gouvernement veut prendre un terrain de Rs 100M pour donner un terrain de Rs 10M peut-être à La Vigie.

Le gouvernement ne pensait pas que d’autres organisations ou la société civile allaient faire un soulèvement. Acculé, il a changé son fusil d’épaule, et indiqué que si ces associations ne souhaitent pas être délocalisées à La Vigie, de prendre le terrain à Hermitage. Là aussi il joue sur les mots et parle de Côte d’Or. Le problème à Hermitage, c’est qu’il n’y a pas de transport et de facilités. Ce sont souvent les gens de la classe moyenne, mi-moyenne et les pauvres qui se rendent dans ces centres pour apprendre le barat natyam, la danse, classique, le vocal ou le théâtre… Alors comment y auront-ils avoir accès? S’il y a un spectacle, comment s’y rendre? Une décision a été prise et il y a un regroupement des associations tamouls et l’IMCA qui protestent. On doit remercier Xavier Duval pour sa PNQ, car grâce à cela, on a su la vérité que ce terrain sera donné au privé. Voilà comment des blue-eyed boys ont mis leur grappin sur des terrains qui valent de l’or. Les dispositions de la Constitution sont bafouées allègrement. Heureusement qu’il y a eu ce soulèvement, et on espère qu’il y aura un compromis. On espère que le gouvernement reviendra à la raison pour laisser ces terrains à ces associations.

Si c’était vraiment un projet d’intérêt national, peut-être que ces gens auraient cédé. Mais comme il s’agit d’un projet privé et les blue-eyed boys favorisés, c’est tout à fait légitime que ces gens ne cèdent pas. C’est un terrain précieux. Mais le travail sale a déjà commencé. Il y a un pont qui a été fait de Tribeca pour venir sur ce terrain. Pour dire que le gouvernement avait déjà son dessein quand l’ordre d’éviction est sorti.

l Une Notice dans la presse en début de semaine annonce qu’une certaine Mrs Kiran Gopee a fait une application pour un Residential Care Home au Triangle de Réduit. Steeve Obegadoo s’était montré évaif  en ce sens au parlement. Qu’avez-vous à dire ?

Obeegadoo est en train de noyer le poisson. Il a dit que l’EDB va décider à qui on va allouer ce terrain. Mais l’EDB, c’est le gouvernement. Pourquoi le ministre se cache-t-il derrière cet organisme ? À qui il va donner le terrain ? Les Gopee ou d’autres blue-eyed boys ? Quoi qu’il en soit, c’est un blue-eyed boy qui devrait l’avoir si l’on s’en tient aux agissements de ce gouvernement. Ce qui est sûr, c’est que les associations n’ont pas l’intention de partir. J’ai entendu que le PM a dit — je cite ceci avec précaution, car cela m’a été rapporté — que probablement il n’aura pas besoin de ce terrain. Du moins celui du MTCCT. Peut-être que tout rentrera dans l’ordre. Nous sommes dans l’expectative et attendons un retour du PM.

Vous êtes chargé de cours à l’université, vous êtes présent sur de nombreux débats dans les médias, on vous a vu, il y a quelques semaines, à Souillac, supportant les familles des dyalisées, puis soutenant les associations culturelles tamoules dans leur combat pour garder leur terrain à Réduit. Vous avez intégré l’exécutif du Parti travailliste récemment. Serez-vous candidat aux prochaines élections ?

Je ne fais pas de la politique active. Mon vrai combat est bien au-dessus de la politique partisane. J’évite d’ailleurs de prendre la parole dans les réunions. Mais c’est vrai que je donne le soutien à l’opposition, et je donne un coup de main au niveau du PTr. Mais je suis beaucoup plus un dormant member. Je suis plus un social activist. Aussi, en tant qu’academic lawyer, c’est mon devoir d’être interpellé quand il y a des cas de corruption, de malversation, de mauvaise gouvernance, de breach of democracy, de droits humains, quand les gens sont arrêtés à tort ou à travers… Que ce soit Valayden, Laurette ou autre. Il y a des passe-droits, des gens nommés à tort et à travers, nos institutions sont noyautées, il y a des cas de drug planting… Plusieurs organismes évoquent aujourd’hui Maurice comme une dictature. On occupait la première place en Afrique, maintenant on a régressé, et d’autres pays nous dépassent sur les droits humains et la démocratie. Je ne peux pas rester insensible. Je veux bien avoir ma vie de famille, me reposer, mais quand je vois ce qui se passe dans mon pays, je ne peux rester les bras croisés. J’essaye d’aider autant que possible, peu importent les gens, leur couleur politique, leur affinité culturelle. J’ai peur pour mon pays. Et je ne suis pas le seul.

Pour ce qui est d’être candidat, when we come to the bridge, we’ll cross it. Je n’ai jamais été demandeur de ticket, mais si je suis sollicité, je ne dirai pas non. Je pense que je peux servir le pays de différentes façons. Je fais mon travail à l’université et je suis très satisfait. Sur le plan de la démocratie, je fais ce que je peux. Je pense que moi, et d’autres gens sérieux et aussi les petits partis, nous pouvons aider à sauver la démocratie. Mais la plus grande responsabilité incombe aux partis et aux parlementaires. Ramgoolam, Bérenger et Duval ont une énorme responsabilité pour sauver la démocratie. Ils ont certes leurs défauts. Ce ne sont pas des saints. Mais ils sont plus ou moins amis de la démocratie et des droits humains. Il faut qu’ils oublient leur ego et rangent leurs petites différences et se focalisent sur les vrais défis. Car de 2014 à 2019, on vu un gouvernment capture. Aujourd’hui, nous assistons à un State capture. Les adversaires sont envoyés en prison. Les vrais fraudeurs, les corrompus et trafiquants rient sous cap et jubilent.

Le mot de la fin ?

J’espère que la population mauricienne, malgré la peur, va se ressaisir et va dire à ce gouvernement : Stop ! Stop sur tous ces scandales, il faut corriger tout cela, ou sinon sanctionner.  il faut une supervision internationale des élections. En 2019, j’ai donné des cours à des gens de la SADC et de l’Union africaine. Trois quarts de ces gens viennent des ONG qui n’ont pas d’expérience dans les élections. Ils viennent là plus pour faire du tourisme. La vraie supervision devra venir de l’Union européenne. Je fais un appel pressent : pour qu’on puisse croire dans des élections free and fair, il faut une supervision internationale, il faut éliminer la computer room, vérifier si ce sont des genuine ballot papers qui sont manipulés… Il y a aussi la suppression des votes à laquelle il faut veiller. Si on ne prend pas les précautions et qu’on ne demande pas la supervision des pays de l’UE, est-ce qu’on va avoir des free and fair elections ? Je suis sceptique.

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